Je désire (calembour) pousser un coup de gueule contre les labels parce que Desire est un groupe qui a fait ses preuves par le passé et qui se retrouve aujourd’hui sans label justement. Ce groupe portugais existe depuis un paquet d’années et a plusieurs albums sous le coude. Je sais bien que le doom n’a jamais été très porteur commercialement parlant mais ce n’est pas une raison pour que le groupe soit obligé de s’autoproduire alors que le marché est sursaturé d’ignominies en tout genre (le tout est quand même masterisé au studio Finnvox s’il vous plaît et jouit d’une excellente production).
Dans tous les cas, d’ignominie il n’en est pas question une seule seconde sur cet album, Desire maîtrise parfaitement l’art du doom et des ambiances austères. Les trois notes de synthés que l’on entend sur l’intro suffisent à elles seules à donner le ton général de l’album qui n’est pas des plus guilleret, loin s’en faut. S’il subsistait malgré tout le moindre doute dans votre esprit, ce dernier est balayé de la plus belle des façons qui soit par le premier véritable morceau : « Frozen heart...lonely soul... », manifeste de beauté dépressive s’étalant sur plusieurs minutes. Les vocaux principaux sont tout ce qu’il y a de plus dark, mélange de grognements gutturaux et de passages aux intonations plus aiguës. La présence de chant clair masculin ou féminin se fait également remarquer sur quelques phrasés mais cela est plus de l’ordre des murmures ou des chœurs succincts; l’écoute d’une pièce de choix comme « The wheep of the mournful dusk » culminant à plus de treize minutes permet de mesurer l’étendue du travail sur les différents types de chant. Concernant les autres musiciens qui donnent vie à cette symphonie mortuaire (contradictoire non?) que dire si ce n’est que ces derniers ne sont pas des plus pressés. Les guitaristes, à l’image de leur confrère batteur qui laisse s’écouler plusieurs secondes entre chaque coup de caisse claire, ne sont pas avides de notes : pas de descente de manche stérile, pas de soli à rallonge (il y en a quand même un beau sur le huitième titre). Chaque note à la lourde tache de transmettre à l’auditeur toute la douleur et la misère que les compositeurs semblent devoir porter sur leurs épaules. La musique est loin d’être surchargée, le groupe prend son temps pour développer des ambiances et instaurer l’atmosphère intime et sombre qu’un bon groupe de dark doom est sensé apporter. A ce titre, l’utilisation des synthés se fait de façon très sobre, bien que l’instrument soit très présent dans les compos, celles ci ne sont jamais noyées dans des nappes vulgaires comme ce peut être parfois le cas chez certains groupes. Desire propose sur l’album de courts morceaux d’environ une minute intercalés entre de longs morceaux s’étirant chacun sur une bonne dizaine de minutes, comme si la souffrance ne devait jamais s’arrêter. Parce que de souffrance, il en est question à chaque minute, l’album étant un concept tragique et romantique; il suffit de voir les titres des compositions : « Frozen heart...lonely soul... », « Cries of despair », « Dark angel bird » et mon préféré : « (Love is) suicide » ; bref du bonheur à l’état pur pendant presque 70 minutes parfaitement mises en musique.
Donc oui c’est triste, sombre et tout ce qui va avec mais c’est beau, très beau même. Le genre d’album que les maniaco-dépressifs pourront écouter en boucle cet hiver. A la vue du travail accompli, de la qualité professionnelle en tous points (prod, livret) je ne peux considérer ceci comme une simple démo, je le note donc comme n’importe quel autre album, il en vaut la peine.



Rédigé par : dark tranquilou | 16/20 | Nb de lectures : 8976