L’avantage d’être seul à gérer un groupe, c’est que l’on peut pleinement laisser libre cours à son imagination.
L’inconvénient, c’est qu’on doit également être capable de prendre du recul, et faire preuve d’humilité pour ne pas s’aveugler.
Quentin Stainer a déjà prouvé ses aptitudes instrumentales. Son nouvel album, le troisième, nous prouve aujourd’hui sa capacité à se remettre en cause et à progresser. Qualité subtile, mais indispensable, lorsque l’on est le seul maître à bord.
Et c’est ce qui permet à DERELICT EARTH de franchir un nouveau palier avec "Below the Empty Skies".
Maturité, équilibre, professionnalisme : de la pochette et l’environnement graphique, jusqu’à la production et les arrangements, tout reflète la progression artistique.
D’un metal progressif légèrement balbutiant, DERELICT EARTH est passé à un Metal plus ouvert musicalement, aéré et éclectique. Toujours à connotation progressive, bien que cet attribut reflète ici avant tout les multiples variations structurelles et stylistiques.
La base musicale est sensiblement la même que sur "And so fell the Last Leave", à savoir un Death metal relativement aventureux, piochant dans quelques influences Black, et bâti surtout autour d’une imbrication de passages violents et d’apaisements acoustiques. L’apport des chefs-d’œuvre d’OPETH est incontestable, et l’influence saute parfois aux oreilles. Mais DERELICT EARTH a érigé sa propre personnalité, et égaye son Death Metal progressif de multiples influences, lui permettant d’éviter toute ressemblance hasardeuse.
Non exempt d’hésitations ou de quelques longueurs, "Below the Empty Skies" illustre avant tout une musicalité intéressante et attractive. Les 8 morceaux qui constituent "Below the Empty Skies" sont relativement homogènes, et représentatifs de l’univers du groupe. Portés avant tout par la musicalité recherchée et assumée. Le Metal y est avant tout mélodieux, grâce aux riffs électriques et acoustiques, plus ou moins mémorables mais tous accrocheurs. A l’instar de certains cadors, quelques riffs restent vraiment bien en tête, et participent à rendre l’album facilement assimilable.
Ce qui néanmoins ne rend pas "Below the Empty Skies" ‘easy-listening’ pour autant, loin de là ; à raison d’une moyenne de 7 minutes par morceau, DERELICT EARTH ne cède pas à la facilité, et poursuit son cheminement musical avec réussite, diversifiant les agencements et les variations. Outre les alternances de passages acoustiques et électriques, Quentin n’oublie pas sa facette extrême, symbolisée avant tout par des blast-beats et des explosions rythmiques typiquement Death Metal. DERELICT EARTH frôle même parfois les ténèbres du Black Metal, sans franchir réellement la frontière.
Cela m’amène d’ailleurs à évoquer une impression étrange, ressentie durant ces instants de furie : j’ai régulièrement l’impression que Quentin se retient dans l’expression de cette violence musicale, comme s’il n’osait pas aller trop loin dans l’extrémisme musical. Il en résulte une impression atypique, laissant à penser que DERELICT EARTH se force presque à caser quelques blats-beats. Perception subtile, car paradoxalement la plupart de ces explosions sont bien amenées et plutôt bien foutues.
Même si "Below the Empty Skies"’ n’en souffre pas, je trouve que Quentin ne devrait pas hésiter à aller plus loin dans sa démarche musicale, et s’affranchir totalement des influences ou habitudes musicales. Facile à dire, j’en suis bien conscient. Mais puisque DERELICT EARTH est Quentin, autant en profiter pour laisser libre cours à ses envies. Si la facette extrême n’est pas une profonde volonté de son géniteur – et indépendamment du fait que je trouve cet extrémisme vraiment agréable – Quentin a, à mon avis, tout à gagner à personnaliser au maximum sa musique. Qu’importe si cela se traduit par une baisse de l’extrémisme…
"Below the Empty Skies" est mélodique et violent, calme et explosif, et surtout très varié. Pas tant dans le style musical que dans les morceaux en eux-mêmes. Obéissant à quelques préceptes de bases, restitués avec rigueur (accélérations, apaisements, rythmiques accrocheuses), DERELICT EARTH s’amuse donc à alterner différentes phases musicales, reflétant les textes de son géniteur. Outre l’aspect mélodieux évoqué plus haut, d’autres arpèges, plus épiques ou typiquement Death, viennent diversifier les titres.
Une forme de mélancolie pointe parfois son nez, pondérée par des changements d’atmosphères, entre colère et espoir.
Ces changements d’humeurs, évoqués par les variations musicales, sont également retranscrits au travers du chant de Quentin. Tout à tour hurlé, growlé et chanté, le chant est dans la lignée du style pratiqué, variant au gré des explosions et des apaisements, avec une certaine réussite.
En revanche, le chant clair, pourtant juste, me rebute. Je trouve en fait, simplement, qu’il ne colle pas avec le style musical développé par Quentin. Rien à dire sur les hurlements. Qu’ils soient plutôt growlés (style Arkefeldt sur les premiers albums d'Opeth) ou hurlés, les cris de Quentin sont convaincants, et s’accolent bien avec le style.
Mais les passages en chant clair me semblent superflus, ils contrastent trop avec le reste. Un peu comme un montage Photoshop dont on verrait trop les raccords entre la photo d’origine et l’ajout. Je trouve son timbre de voix un peu hésitant, et trop ‘décalé’ pour coller à un album de Metal.
Le résultat n’en demeure pas moins convaincant, pour qui adhérera au chant de Quentin. Et participe à mettre en place cette ambiance bipolaire, entre optimiste et pessimisme, aux accents d’espoir et de désespoir.
Le dessein de DERELICT EARTH est avant tout passionné, et vous trouverez donc "Below the Empty Skies" en écoute intégrale sur bandcamp, et en téléchargement gratuit sur Jamendo.
Une façon supplémentaire pour Quentin de propager son travail d’orfèvre, une occasion supplémentaire pour les amateurs de Death Progressif de découvrir ce très bon album qu'est "Below the Empty Skies".
Merci pour ta chronique Ju ! Le chant clair n'a pas l'air de faire l'unanimité en effet d'une chronique à l'autre c'est tour à tour le point fort et le point faible... Mais il y a du progrès à faire je le reconnais tout à fait. Pour ce qui est de l'extrémisme musical tu as également raison je pense m'être inconsciemment bridé pour conserver un style mélodique et aérien mais les compositions que j'ai commencés à réaliser pour le prochain album devraient verser plus largement dans le violent, notamment en raison de mon état d'esprit actuel. Je vais essayer de ne m'imposer aucune limite ce coup ci.
En tout cas merci du temps que tu as accordé à ma musique, je prend note de tes remarques ça me permettra d'augmenter encore un peu la note la prochaine fois ! ;)
forlorn Membre enregistré
Posté le: 25/04/2013 à 18h14 - (107138)
Correction du lien vers le site officiel.
J'en profite pour rappeler que les 3 albums sont archivés dans le Blog du Free DL.
Sinon le visuel de ce 3ème opus est vraiment magnifique. Les progrès de Quentin Stainer en matière de composition, d'arrangements et de production sont notables. Un soin tout particulier a été apporté aux parties de basse qui apportent un relief appréciable.
Par contre je suis convaincu que Quentin gagnerait à s'entourer de quelques guests, notamment pour le chant clair. A voir pour le prochain opus peut-être.
Youpimatin Membre enregistré
Posté le: 29/04/2013 à 20h49 - (107186)
Tout pareil que les camarades du dessus, seul le chant clair pose problème car pas juste.
Sinon, le reste est excellent. Compositions à tiroirs mais qui restent intéressantes de par le voyage musical offert. Gros travail sur les arrangements des différentes parties de guitare.
Et cette basse fretless, c'est juste la cerise sur le gateau...
Et le mix gagnerait à être un brin plus clair vu toutes les subtilités du disque.
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Quentin Stainer a déjà prouvé ses aptitudes instrumentales. Son nouvel album, le troisième, nous prouve aujourd’hui sa capacité à se remettre en cause et à progresser. Qualité subtile, mais indispensable, lorsque l’on est le seul maître à bord.
Et c’est ce qui permet à DERELICT EARTH de franchir un nouveau palier avec "Below the Empty Skies".
Maturité, équilibre, professionnalisme : de la pochette et l’environnement graphique, jusqu’à la production et les arrangements, tout reflète la progression artistique.
D’un metal progressif légèrement balbutiant, DERELICT EARTH est passé à un Metal plus ouvert musicalement, aéré et éclectique. Toujours à connotation progressive, bien que cet attribut reflète ici avant tout les multiples variations structurelles et stylistiques.
La base musicale est sensiblement la même que sur "And so fell the Last Leave", à savoir un Death metal relativement aventureux, piochant dans quelques influences Black, et bâti surtout autour d’une imbrication de passages violents et d’apaisements acoustiques. L’apport des chefs-d’œuvre d’OPETH est incontestable, et l’influence saute parfois aux oreilles. Mais DERELICT EARTH a érigé sa propre personnalité, et égaye son Death Metal progressif de multiples influences, lui permettant d’éviter toute ressemblance hasardeuse.
Non exempt d’hésitations ou de quelques longueurs, "Below the Empty Skies" illustre avant tout une musicalité intéressante et attractive. Les 8 morceaux qui constituent "Below the Empty Skies" sont relativement homogènes, et représentatifs de l’univers du groupe. Portés avant tout par la musicalité recherchée et assumée. Le Metal y est avant tout mélodieux, grâce aux riffs électriques et acoustiques, plus ou moins mémorables mais tous accrocheurs. A l’instar de certains cadors, quelques riffs restent vraiment bien en tête, et participent à rendre l’album facilement assimilable.
Ce qui néanmoins ne rend pas "Below the Empty Skies" ‘easy-listening’ pour autant, loin de là ; à raison d’une moyenne de 7 minutes par morceau, DERELICT EARTH ne cède pas à la facilité, et poursuit son cheminement musical avec réussite, diversifiant les agencements et les variations. Outre les alternances de passages acoustiques et électriques, Quentin n’oublie pas sa facette extrême, symbolisée avant tout par des blast-beats et des explosions rythmiques typiquement Death Metal. DERELICT EARTH frôle même parfois les ténèbres du Black Metal, sans franchir réellement la frontière.
Cela m’amène d’ailleurs à évoquer une impression étrange, ressentie durant ces instants de furie : j’ai régulièrement l’impression que Quentin se retient dans l’expression de cette violence musicale, comme s’il n’osait pas aller trop loin dans l’extrémisme musical. Il en résulte une impression atypique, laissant à penser que DERELICT EARTH se force presque à caser quelques blats-beats. Perception subtile, car paradoxalement la plupart de ces explosions sont bien amenées et plutôt bien foutues.
Même si "Below the Empty Skies"’ n’en souffre pas, je trouve que Quentin ne devrait pas hésiter à aller plus loin dans sa démarche musicale, et s’affranchir totalement des influences ou habitudes musicales. Facile à dire, j’en suis bien conscient. Mais puisque DERELICT EARTH est Quentin, autant en profiter pour laisser libre cours à ses envies. Si la facette extrême n’est pas une profonde volonté de son géniteur – et indépendamment du fait que je trouve cet extrémisme vraiment agréable – Quentin a, à mon avis, tout à gagner à personnaliser au maximum sa musique. Qu’importe si cela se traduit par une baisse de l’extrémisme…
"Below the Empty Skies" est mélodique et violent, calme et explosif, et surtout très varié. Pas tant dans le style musical que dans les morceaux en eux-mêmes. Obéissant à quelques préceptes de bases, restitués avec rigueur (accélérations, apaisements, rythmiques accrocheuses), DERELICT EARTH s’amuse donc à alterner différentes phases musicales, reflétant les textes de son géniteur. Outre l’aspect mélodieux évoqué plus haut, d’autres arpèges, plus épiques ou typiquement Death, viennent diversifier les titres.
Une forme de mélancolie pointe parfois son nez, pondérée par des changements d’atmosphères, entre colère et espoir.
Ces changements d’humeurs, évoqués par les variations musicales, sont également retranscrits au travers du chant de Quentin. Tout à tour hurlé, growlé et chanté, le chant est dans la lignée du style pratiqué, variant au gré des explosions et des apaisements, avec une certaine réussite.
En revanche, le chant clair, pourtant juste, me rebute. Je trouve en fait, simplement, qu’il ne colle pas avec le style musical développé par Quentin. Rien à dire sur les hurlements. Qu’ils soient plutôt growlés (style Arkefeldt sur les premiers albums d'Opeth) ou hurlés, les cris de Quentin sont convaincants, et s’accolent bien avec le style.
Mais les passages en chant clair me semblent superflus, ils contrastent trop avec le reste. Un peu comme un montage Photoshop dont on verrait trop les raccords entre la photo d’origine et l’ajout. Je trouve son timbre de voix un peu hésitant, et trop ‘décalé’ pour coller à un album de Metal.
Le résultat n’en demeure pas moins convaincant, pour qui adhérera au chant de Quentin. Et participe à mettre en place cette ambiance bipolaire, entre optimiste et pessimisme, aux accents d’espoir et de désespoir.
Le dessein de DERELICT EARTH est avant tout passionné, et vous trouverez donc "Below the Empty Skies" en écoute intégrale sur bandcamp, et en téléchargement gratuit sur Jamendo.
Une façon supplémentaire pour Quentin de propager son travail d’orfèvre, une occasion supplémentaire pour les amateurs de Death Progressif de découvrir ce très bon album qu'est "Below the Empty Skies".
Rédigé par : ..::Ju::.. | 14,75/20 | Nb de lectures : 12763