Ce brave groupe suédois revient nous servir un nouveau recueil de contes sanguinolents. Deux années après la parution du pâlichon "Obscenities In B-Flat", on les aurait aisément jetés au dépotoir des groupes se contentant de s'autoplagier jusqu'à l'écoeurement mais DERANGED a repris du poil de la bête et ce nouvel opus montre un groupe en pleine convalescence depuis son exsanguination.

Ce qui est rassurant avec des groupes tels que DERANGED, c'est que l'on n'est jamais berné sur le contenu, avant même de poser une oreille innocente sur leurs albums, on sait de quoi il s'agira : du gros Death Metal bas du front qui narre sans relâche de sempiternelles histoires de meurtres bizarroïdes... DERANGED, ce sont un peu les Pierre Bellemare du Metal. C'est plaisant... à condition de savoir garder la flamme des débuts. Or, il faut bien reconnaître que DERANGED s'est, au fil du temps, décoloré. Les taches rouge sang de leurs anciens forfaits prenaient une désagréable teinte rosâtre, et l'ennui gagnait du terrain. En explorant "The Redlight Murder Case", on est ravi de retrouver un DERANGED (presque) revigoré. Renouant avec la touche de folie furieuse qui habitait les premières réalisations, les neuf titres offrent une séance de Brutal Death sans fanfreluche ni verbiage snobinard. Ca pète de partout, c'est carré et massif. Point.

La formule remarche, on se laisse facilement séduire par cette débauche de brutalité primitive grâce à l'ajout de quelques pincées de nouveautés, ou plutôt non... DERANGED effectue un retour aux sources et a retrouvé ses ingrédients magiques qui commençaient à faire cruellement défaut. Des breaks monolithiques flirtant avec des passages mosh où la lourdeur domine tout. Ces nappes mid-tempo que ne renieraient pas ROTTREVORE ou JUNGLE ROT sont contrebalancées par de nombreux éclairs Grindy. Ce sont justement ces plans Grind qui redonnent vie à DERANGED, la folie est de retour!
L'alliance entre passages mous et lacérations en surblasts est plus que flatteuse et on adhère très vite aux compos de cet album direct et bien efficace. Comme dans tous bon nanard de série Z, on ne sait jamais à quel moment on va tomber sur un gros-vilain-pas-beau hirsute brandissant sa tronçonneuse... Cool!

Malgré une puissance indéniable, je ne dirai pas que "The Redlight Murder Case" est un album fondamental. Certes, il est admirablement exécuté et la rage d'antan est revenue, mais bon... Une fois l'enthousiasme dissipé, on constate que DERANGED reste encore clopin-clopant... La recette fonctionne très bien mais DERANGED fait du DERANGED. On est enchanté de voir qu'ils ne repompent pas "Obscenities In B-Flat", mais on reste un peu déçu car ce nouvel opus et une redite de "Deranged", "Rated X" ou "Plainfield Cemetery"...

Leur dévotion totale au Brutal Death à la CANNIBAL CORPSE/VOMITORY est peut-être respectable mais elle est un peu "facile"... Rien de neuf, zéro prise de risque... Mini synthèse de la carrière de DERANGED:
On avait une bonne recette, on l'a un peu modifiée, ça n'a pas marché, on revient à l'ancienne...
Mouais... pourquoi pas.

Sans être dupe de cette stagnation, on prendra quand même du plaisir à s'enfiler ce "The Redlight Murder Case" qui n'en demeure pas moins un très bon album. Sobre, bourru, excellemment produit et entraînant. A vrai dire, DERANGED ne révolutionne rien, et je ne pense pas que le but du groupe soit d'être les Albert Einstein du Death... Quitte à trouver un parallèle bidon, on peut dire que les albums de DERANGED sont un peu comme les films de Louis de Funès: c'est toujours la même chose mais on se bidonne toujours autant... surtout si les rouages sont de temps à autres dépoussiérés, comme c'est le cas ici.

Débranchez-vous la cervelle, mettez le volume à fond et vous prendrez un panard total avec cette aimable galette! Rien de neuf, juste un nouvel et très bon album.


Rédigé par : Cobra Commander | 15/20 | Nb de lectures : 11610