Je découvre avec son premier opus ce groupe du Midi Pyrénées. Formé en 2003, le combo a apparemment débuté dans un style proche de la scène scandinave (c'est marqué dans la bio). Le guitariste/chanteur Profane se retrouvant seul aux commandes, il s'est adjoint les services du multi-instrumentiste Tuomas Ausson (batterie, guitare) et de Stefhan (basse). Le trio forme donc le Depressive Winter 2006 qui a enregistré l'été dernier ce premier album autoproduit au nom étrange.

La musique de Depressive Winter est également étrange. Non dépressive comme le sous-entendrait le pseudonyme, mais plutôt un black ambiant se permettant des moments d'accélération. Les morceaux sont principalement des pièces lourdes, sur lesquelles glissent les mélodies et thèmes. Par moments, les titres me rappellent Ancient Rites ("Llac Edicius"), voire même Ancient tout court ("Voices of Reason" dans sa première partie, "SMDDFB"). Et puis un solo débarque et renvoie à un groupe thrash/speed des années 80 (ils ont craqué sur le final de "SMDDFB" et l'intro de "Slaughter in the Name of God"). Troublant ce mélange. Par contre, il devient difficile de poser une quelconque ambiance dans ces conditions et l'auditeur ne peut que subir. Nous ne sommes pas du tout dans la repompe trop habituelle des grosses locomotives du black. Depressive Winter cherche vraiment à se forger une identité et c'est très appréciable. Néanmoins, la personnalité du groupe n'est pas tout à fait perceptible dans des titres qui manquent parfois d'homogénéité entre eux. On ne sait parfois pas ce que le groupe cherche à exprimer et quel est son objectif avec cet album.

Au niveau de l'exécution, la mise en place est nickel. La production-maison est vraiment bonne. Il reste un son de batterie un peu trop synthétique pour le style, surtout au niveau des cymbales. Lors des breaks ou intro, Tuomas en met d'ailleurs beaucoup et ça donne un effet "vache courant dans les prés" qui n'est pas très agréable dans les moments d'accalmie. Pour ma part, le gros défaut du groupe est clairement la voix. Ce chant à la Gloomy Grim m'insupporte pas mal et me donne du mal à rentrer dans un album déjà pas simple. De plus, l'accent franglais est très fort et casse vraiment l'élan. Non, cette voix ne me plaît pas du tout. C'est rare que je bloque sur la voix dans un groupe de black, mais cet élément central me rend l'écoute pénible.

Est-ce pour ça que je trouve Depressive Winter peu excitant au final? "Llac Edicius" est pas mal fait, mais je trouve qu'il ne décolle jamais. Comme si le groupe avait de bons riffs de lancement qui ne se trouvaient pas suivi d'effets. Les thèmes accrocheurs et les riffs assassins manquent singulièrement à l'appel, au milieu des passages anachroniques et des riffs de transition. Et sur les 53 minutes d'album, est comptée l'horrible outro de mauvais goût: vingt longues minutes de bruitage qui font office de remplissage inutile pour terminer l'album comme une lente agonie. Il ne reste que cinq vrais titres, d'une durée de cinq à huit minutes environ, ce qui est maigre pour un "full length". Non, je ne suis pas convaincu plus que ça, sans être catégorique. Les idées présentées sont bonnes par moments mais mériteraient d'être mieux exploitées dans un style qui reste encore à définir.


Rédigé par : Prince de Lu | 05,5/10 | Nb de lectures : 12458