Lâchement, je vais profiter du communiqué officiel du label pour vous appâter. Vous excuserez nos amis italiens d'Avantgarde pour le non-emploi des caractères scandinaves. Voilà donc le chapitre:
Features members of Dodheimsgard, 1349, Gehenna and Shining
It's not only the prestigious careers of their members that make Den Saakaldte a special band... but rather their unmatchable sound, forged on old-style Norwegian black metal roots and adorned with the luxury of amazing orchestrations and macabre piano parts which make them unique!

"Den Saakaldte" est un titre de Ved Buens Ende qui apparaît sur leur unique album Written in Waters (non, ça ne veut pas dire "Ecrit au Chiottes"). C'est également le nom du projet solo monté en 2006 par Mikael Sykelig (ex-guitariste live pour Gorgoroth et ex-Naer Mataron). Après quelques enregistrements, le bonhomme décide de s'entourer de l'équipe-type de mercenaires en Norvège, à savoir Seidemann (1349, Pantheon I, Nidingr, Tyrann, ex-Slavia, ex-Kolbrann, etc.) à la basse, Niklas Kvarforth (Suédois garanti un nouveau projet par mois) aux hurlements, auxquels s'ajoutent Jormungand (DHG) aux claviers et S. Winter (ex-Aeternus, ex-Gehenna). Bref, vous comprenez désormais le pedigree dont bénéficie le groupe. Depuis 2008, S. Winter a cédé son siège à Jarle Byberg (ex-Shining, ex-Urgehal, Vulture Lord, etc).

Comme pour la démo Øl, Mørke og Depresjon (dont trois titres sont revisités ici), je vous avoue que ce premier album me laisse un goût d'inachevé. On nage en plein dans le black dépressif vu par Shining, accompagné d'éléments piochés dans les vieux pots norvégiens. Les références mélodiques aux vieux Ulver ou les expérimentations à la Arcturus se ressentent à des kilomètres. Normalement, je devrais être enthousiasmé de voir surgir un tel mélange revigorant à notre époque, ravivant des souvenirs de titres glorieux. Mais la seule envie que me donne cet album, c'est de me retaper les albums d'Ulver et les deux premiers Arcturus. Je sais, je suis chiant.

Pourtant, All Hail Pessimism a tout pour plaire. Des tremolos passionnés servis sur leur lit de double, des grognements (forcément) proches de Shining, des élans de claviers aériens, des interludes tout zarbis pour poser une ambiance morbide, une production ronflante pour s'immerger comme dans du coton. Mais la sauce ne prend pas. Les riffs ne font que suivre le train lancé par les deux derniers Shining, alternant entre les morceaux plus ou moins lourds, plus ou moins déjantés comme ceux du patron. A la longue, la trompette me gonfle, malgré le fait que ce soit une vraie trompette. Le clavier style "dandy désabusé" à la Arcturus a déjà été employé à maintes reprises et n'a plus rien de surprenant. Et les influences sautent tellement à l'oreille que c'en est ennuyeux. Mais bon, après tout, les plus jeunes n'auront peut-être pas l'impression d'un parfait ersatz de Sarah Jezebel pendant le chant féminin de "Samma Skrot...". Ils ne penseront pas à La Masquerade Infernale dans les passages trafiqués du piano ou n'attendront pas sottement une intervention de Garm sur le passage central de "La Vinteren Vare Evig".

Malgré l'absence totale de fautes d'exécution dans cette production suédo-norvégeo-grecque (nan, le grec, tu restes devant), la personnalité de Den Saakaldte ne ressort finalement pas de sa compilation de références. Si j'osais, je parlerai d'un bien beau suiveur qui a la bonne idée de choisir ses inspirations, mais d'un suiveur quand même. Et je ne suis finalement pas intéressé par l'éclosion de clones de Shining. Certains hurleront certainement au scandale à la lecture en diagonale de cette chronique, en me jetant des insultes dans les comms (pensez à défendre l'album, les clous). Den Saakaldte me semble faire partie de ces groupes qui demandent un plus grand détachement pour se laisser prendre à son piège. En oubliant toutes les influences que brasse Mikael Sykelig, il est possible de se laisser emporter par un univers décalé et décadent. Pour ma part, je n'y arrive pas malgré les multiples écoutes. Bah, tant pis. C'est pas la dernière fois.


Rédigé par : Prince de Lu | 13/20 | Nb de lectures : 11730