Il parait que le père Noel vient de Finlande. Les 4 membres de Demonic Death Judge (projet des membres de Total Devastation) ont surement dû le rencontrer. La requête du chanteur a assurément dû être de recevoir l’intégrale des meilleurs groupes de sludge, lorsque les musiciens, solistes ou rythmiques, ont dû voir sous le sapin les classiques stoner. Chacun a dû écouter, décortiquer, digérer les albums reçus pour le jam suivant et nous offrir ce sludge/stoner du tout meilleur effet.

La musique de Demonic Death Judge est riche et propose le juste milieu entre complexité et facilité, ou plutôt une grande maitrise technique et émotionnelle qui sans frime, la rends simple. Ceci est dûe en grande partie aux ambiances minutieusement élaborées et l’envie d’offrir plus que le simple riffing terre-à-terre arboré dans les sorties sludge. Ici, on ne vomit pas son bourbon à 4 pattes dans le caniveau. Non, on le fait délicatement dans le sac réservé à cet effet, sans en mettre une goutte à coté. La voix est légèrement lointaine avec quelques brèves réverb du meilleur effet. La combinaison chant sludge/musique stoner étonne dans un premier temps, mais ne peut être autrement une fois l’univers percé.

La première partie de l’album est d’une grande qualité -l’excellent riffing stoner y est pour quelque chose- mais somme toute assez conventionnelle. La seconde montre une facette davantage intéressante, avec des titres résolument tournés vers le psychédélique, qui même s’il elle a déjà été entendue auparavant, se révèle intelligemment menée et envoutante. Beaucoup de passages atypiques rendent le voyage excitant, avec samplers, incorporation d’autres instruments, touches progressives, ralentissement du tempo, du calme, de l’abrasif, de l’acoustique, aidés par quelques orientations doom, ou d’autres interventions presque funky, voir bluesy, qui offrent une lourdeur inhabituelle. Les 3 derniers morceaux de Skygods sont psyché donc, heavy et vraiment jouissifs, qui à eux seuls méritent que l’on s’y attarde. La pochette évoque un Dieu Aztèque invoquant les âmes à le rejoindre, et décrit parfaitement l’orientation sombre et chamanique qui se dégage de cet opus. Car oui, les derniers morceaux sont aventureux et glorifient les dieux au grès de choix d’ambiances astrales et planantes.

La musique de ces finlandais est mature et n’a rien de frontale ni d’haineuse. J’y vois plus une galette peu immédiate à laisser mariner en bouche un certain temps avant d’y percevoir toutes ses saveurs. Elle peut paraitre un peu opaque de prime abord, mais se révèle profonde et intense une fois cette carapace percée. Ca ne tient pourtant pas à grand-chose : une écriture impeccable, une recette aventureuse assumée, du riffing lourd couplé à un groove du meilleur effet, et un savoir-faire pour nous embarquer lors de cette traversée étoilée.

Aucun titre ne sort du lot, Skygods est à prendre comme un bloc. Jamais pédants, ces 8 hymnes se révèlent d'une profondeur insoupçonnée. On sent les musiciens de Demonic Death Judge curieux et connaisseurs de Metal, aux grès des saveurs qu’ils distillent à tour de rôle dans cette quête musicale. Très bon album aux sonorités intéressantes et inattendues, pour du sludge qui communie avec les éléments.


Rédigé par : Bras Cassé | 16/20 | Nb de lectures : 11940