Alors j’ai deux bonnes nouvelles pour les anti-Rogga Johansson, vous savez l’homme qui chie des albums de death suédois comme d’autres font la vaisselle après manger : primo, d’après l’intéressé lui-même, il va arrêter d’inonder le marché à coups de cinq/six disques/projets par an et essayer désormais de faire un peu de tri dans ce qu’il propose au public. Et deuxio, ‘Slakthus Gamleby’ est justement la preuve que malgré son incroyable productivité ces cinq dernières, le plus grand stakhanoviste d’Europe du Nord a encore quelque chose de neuf à proposer en 2010. Enfin disons plutôt que pour une fois il s’est entouré d’un ‘vrai’ groupe et qu’il a surtout laissé ses partenaires d’un jour s’exprimer pleinement. Il faut dire qu’on a pas affaire à des bleubites : à la seconde guitare et aux claviers, Dan Swanö l’homme aux 14,581 projets que l’on ne présente plus. Plus Ed Warby de feu GOREFEST à la batterie, mais également, attention, surprise, au chant clair. Une pratique déjà expérimentée avec succès sur l'album de THE 11th HOUR réalisé par Warby l'année dernière… Avec l’aide de Rogga.

Par contre, vu qu’une moitié du groupe vit en Suède et l’autre en Hollande et tous ne se sont jamais retrouvés dans la même pièce pour répéter, il faut avouer que ce troisième album souffre parfois d’un petit côté copier/coller, chaque partie différente pouvant être clairement attribuable à tel ou tel participant. Après par exemple les sept minutes très doom de « Travellers Of The Vortex », « The Cold Hand Of Path » sonne presque du bon vieux PAGANIZER... Hum... Sauf que justement, grâce à ces parties clavier planquées dans le fond du mix mais qui soulignent bien les riffs principaux et le tempo jamais excessif, ces mini-détours stylistiques se font en harmonie et l’on finit par rentrer dans ce disque comme un couteau chaud dans du beurre. On sent d’ailleurs bien les pattes de Swanö dans les arrangements, discrets mais qui permettent à tous les rouages de glisser sans un bruit et grâce auquel il avait fait tellement de merveilles sur le premier BLOODBATH. Et même si elle a parfois tendance à tomber comme un cheveux sur la soupe, la participation surprenante de la chanteuse d’AUTUMN, Marjan Welman, apporte un petit côté THE GATHERING qui ne fait que rajouter au côté versatile de l’ensemble et qui permet au disque de finir par un passage acoustique sans que cela n'apparaisse choquant. En somme, 'Slakthus Gamleby' est un malin qui sait naviguer sur des eaux familières tout en sortant régulièrement de son chapeau magique le petit truc qu’il faut pour garder l’intérêt intact.

Alors certes, Rogga reste la ‘star’ en quelque sorte et c’est toujours lui qui mène les débats avec ce disque nommé d'après sa ville natale en Suède, Gamleby. Donc si vous étiez allergiques au frère jumeau caché (le syndrome masque de fer ?!) de Mikaël Åkerfelft d’OPETH et de, justement, Dan Swanö époque EDGE OF SANITY (l’autre référence qui revient très souvent à l’esprit à l'écoute de ‘Slakthus Gamleby’), vous êtes de toute façon perdu pour la cause. Mais pour les autres et ceux qui cherchent désespérément depuis la fin définitive d’EoS un autre groupe capable de créer un death-metal de qualité dans un canevas classique avec refrain et couplet, ‘Slakthus Gamleby’ est non seulement l’un des meilleurs disques signés par Rogga Johansson depuis fort longtemps mais surtout l’une des pépites death-metal limite grand public de cet été. Sans parler du son général, dantesque et bien costaud comme il faut. En tous cas, ouvrez vos œillères et oubliez vos préjugés, Mr Johansson est ce que l’on appelle un grand !


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 16/20 | Nb de lectures : 13095