Non, Metal Mind n'a pas que des mauvais côtés. Bon d'accord, le label se permet de sortir de bien piètres DVD, voire des bootlegs non autorisés par les groupes. Mais VS a déjà un chroniqueur tout énervé et tout chauve avec une crête pour vous parler de cette facette peu reluisante des Polonais. Aujourd'hui, je vous propose de voir Metal Mind avec un œil plus positif. Je ne vous parlerai pas du DVD de Gorgoroth, le chauve énervé à crête l'ayant déjà traité. Mais abordons plutôt la réédition du dernier album de Demise, à côté duquel vous auriez pu passer sans l'intervention de Metal Mind.

Sorti en 2005, "Torture Garden" est paru chez Empire Records. Si le label polonais (aussi) est réputé pour ses productions, il connaît une distribution plus que difficile dans nos contrées. C'est probablement pour cela que mes versions de "Awakening of the Liar" de Hate et de "Human Error…" de Crionics portent respectivement les logos de Listenable et Candlelight. Et après tout, pourquoi Metal Mind ne se chargerait-il pas des rééditions de son compatriote Empire plutôt que de laisser s'engraisser de vilains occidentaux?

Surtout que pour Demise, le temps s'est effectivement arrêté en 2005. Le groupe sort son troisième album, fruit de dix ans de labeur, puis splitte peu après. On peut encore trouver son guitariste/vocaliste dans Enter Chaos, mais l'histoire s'arrête là pour Demise. Sortant donc cet opus de l'oubli, Metal Mind réédite les 55 minutes de "Torture Garden" sans leur apporter le moindre changement. Les détenteurs de la version originale peuvent déjà oublier l'achat. Avouons qu'un remastering aurait été franchement inutile, alors qu'on n'aurait pas craché sur quelques titres bonus. Mais bon, c'est pas très grave, l'album durant déjà près de 56 minutes.

Bonne nouvelle, la coproduction de James Murphy n'aura pas subi de bidouille. Si vous êtes trop jeunes pour connaitre cet éminent personnage, je vous laisse dans votre crasse, pour vous pousser à faire quelques recherches. Premier point, Demise ne donne pas dans l'hyper-brutalité trop fréquente dans le death moderne. Les Polonais pratiquent ainsi un death mélodique mêlant des riffs thrash bien techniques avec un feeling de dix ans d'âge qui sonne assez américain. Chaque titre présente de nombreux changements et comporte un ou plusieurs solos (dont un de Murphy sur "Unjust" qui se reconnaît en… pfiou… au moins deux notes). Les titres dynamiques se mêlent à d'autres plus mid-tempos, et c'est bien la variété et la mélodie qui priment dans cet album.

Au rayon des griefs, je trouve que certains riffs s'enchaînent parfois au forceps, comme si plusieurs parties sans rapport avaient été rassemblées pour former un seul morceau. Beaucoup de changements de riffs ou de structures sont plutôt bien montés, mais quelques breaks ou passages menant à des solos tombent un peu comme une marmotte dans un bol de soupe. Et si Demise trouve un bon élan pour les parties les plus rapides, le groupe se prend un peu les pieds dans le tapis pour certains passages mid-tempo qui sont assez peu intéressants. La faute à une créativité dans les rythmiques parfois un poil limitée dans un metal qui privilégie clairement les mélodies des leads.

Enregistré en Pologne au Selani Studio, "Torture Garden" a été mixé au SafeHouse Studio de Tampa par Murphy, avant de connaitre le mastering du Hertz Studio polonais. Ce voyage des bandes donne à l'ensemble une production très nette, qui ne sera pas sans rappeler les forfaits solos de Murphy. Peut-être que la batterie claque un poil trop en avant, surtout la caisse claire. Pour le reste, l'exécution est impeccable autant dans le tonique que le mélodique.

Au bilan, "Torture Garden" s'avère agréable à écouter. Mais dans sa quête de mélodies, Demise n'atteint pas l'agressivité de ses compatriotes, ni de productions américaines comme les derniers Testament (p'tain, "Low" date tout de même de 1994!!). Cet ultime album risque donc un oubli très rapide, perdu dans l'immensité du nombre de sorties actuelles. Peut-être que des fans de vieux tromblons mélodiques de la seconde moitié des années 90 auront le bon goût d'y jeter une oreille. C'est du death comme on en fait plus tellement et c'est bien ce point qui le rendra attrayant.


Rédigé par : Prince de Lu | Réédition/ | Nb de lectures : 10379