La France n’est peut-être pas (et ne sera sans doute jamais) un pays ancré dans la culture "Rock" au sens large, elle n’en demeure pas moins généreux en groupe talentueux et plaisant.

DEMENTED en est un exemple de plus.
Formé en 2008, le groupe bordelais avance tranquillement sans se soucier des modes ou des avis. Et ils ont bien raison. 'Fields of Suffering' est leur 1er album, et la première impression qui s’en dégage est un professionnalisme certain. Ce qui n’est pas négligeable quand on est autoproduit.
Tant musicalement qu’artistiquement, le groupe est bien en place, cohérent, et défend tout au long de l’album et au travers du visuel sa thématique articulée autour de la folie et de la démence.
Enregistré au Bud Record Studio, avec Mathieu Pascal (Gorod), 'Fields of Suffering' bénéficie d’un son puissant et compact, sonnant globalement assez naturel. Le groupe s’est adjoint les services de Mossieur Pig Destroyer (Scott Hull) pour le mastering, mais j’avoue ne pas vraiment reconnaître sa patte. Néanmoins, cela n’est pas péjoratif, car le résultat sonore est très plaisant et pertinent.

Musicalement, le quintet pratique un Death Metal accrocheur et énergique. Pas du pur brutal, pas non plus du Death Moderne, pas franchement du Death 'Old School'. Mais un peu de tout ça à la fois. Et cet équilibre judicieux apporte une réelle saveur à cet album.
Sans être novateur ou exceptionnel, 'Fields of Suffering' est un condensé de Death Metal puissant et savoureux. L’énergie déployée par le quintet est contagieuse, et convaincante. Les 10 titres (et 2 interludes) sont constitués de rythmes plutôt variés, sans être franchement violents. De réguliers blast-beats ou tempos ultra-violent parsèment les morceaux, mais le groupe évolue majoritairement dans des mid-tempos ou des rythmes rapides headbanguants. Les riffs alignés par le duo de guitaristes évoquent tour à tour Kronos, Blood Red Throne ou Cannibal Corpse, selon les morceaux. Sans être, là encore, éblouissant, le travail fourni par Flo et Mika permet néanmoins de parfaitement diversifier les morceaux, et d’apporter ainsi un surplus d’intérêt indéniable, les variations rythmiques achevant de rendre chaque titre unique et plaisant.

Par-dessus viennent se greffer les beuglements graves de Nessim (qui a, depuis, été remplacé par Alex). Le gaillard évolue dans un style assez cloisonné, mais que j’affectionne tout particulièrement : les hurlements gutturaux mais intelligibles. Le timbre de voix du chanteur, concentré essentiellement dans les graves, est, je trouve, parfaitement adapté au Death Metal pratiqué par le groupe, qui se passe très bien de variations vocales.

Ce qui se dégage surtout de 'Fields of Suffering' est un dynamisme et une énergie communicatifs. Chaque titre est différent, mais unis dans cette envie de plaquer l’auditeur au sol, avec une alternance sans concession de lourdeur et de violence. Et sur cet aspect, le pari est réussi. La puissance de l’ogive et le côté « tranchant sans être uniquement brutal » contrebalancent parfaitement l’absence d’innovation. Et en dépit de quelques passages parfois un peu trop mous, et d’interludes auxquels (personnellement) je n’adhère pas trop, Demented offre 3/4 d'heures très plaisants aux amateurs de Death que nous sommes.

Entre HYPOCRISY, BLOOD RED THRONE et VADER, si vous voulez impérativement comparer avec des groupes 'connus', Demented s’affirme et convainc. Un surplus de maturité et une sensible radicalisation musicale pourraient aboutir à un second opus bien supérieur. Mais allez plus loin dans votre démarche de découverte, écoutez-donc les titres dispo sur le site du groupe, car ils valent vraiment le détour.


Rédigé par : ..::Ju::.. | 14/20 | Nb de lectures : 12621