Le meilleur moyen de couper court à toute critique relative au manque de créativité d’un groupe et au fait qu’il tape sans vergogne dans l’héritage de ses ancêtres est, pour le groupe en question, de déclarer ouvertement sa soumission totale et inconditionnelle aux parrains du genre/style dans lequel il évolue et sa volonté de leur rendre hommage. C’est ce qu’a fait DEKAPITATOR, et plus encore, ce pourquoi il existe et a été monté à la fin des années 90 par deux membres des cultes EXHUMED. Souvent mis en hibernation au début de son existence à cause de l’emploi du temps chargé d’EXHUMED, DEKAPITATOR a enfin pu commencer à se développer quand Andy Maniac a laissé tomber les fûts des exhumés en 2003, et huit ans après un premier album « We Will Destroy... You Will Obey » les Californiens de retour avec ce deuxième effort au titre tonitruant.

Le premier grondement de tonnerre à se faire entendre renvoie directement aux deux morceaux d’ouverture du « The New Order » de TESTAMENT : une batterie qui claque comme des coups de semonce annonçant la charge à venir, des allers-retours rageurs à la guitare qui ne laissent aucun doute sur les intentions des assaillants ; en vingt secondes le ton est donné, le tempo bloqué sur le mode annihilation et les têtes commencent à voler. A l’image du guerrier-bourreau musculeux qui illustre les pochettes des Américains, leur thrash est brutal, rude, rapide et à l’ancienne. Les sulfateuses rutilantes et tous les outils issus des dernières innovations technologiques couramment utilisés dans le thrash moderne ont certes un potentiel de destruction plus grand que cette bonne vieille hache double, mais dans ce monde post-apocalyptique que décrit DEKAPITATOR, rien ne vaut une grosse lame bien solide. Jamais elle ne s’enrayera, et quand bien même son tranchant serait émoussé, elle continuera à causer des dégâts irréparables parmi les malheureux qui tomberont sous ses coups.

Voilà ce que sont ces rejetons de la Bay Area, une bande de sauvages thrasheurs ne jurant que par TESTAMENT, METALLICA, DESTRUCTION et consorts, abusant délibérément du gimmick métal avec ce logo énorme et chargé, ce visuel barbare aux traits grossiers et ces morceaux furieux à la production rugueuse. « The Storm Before The Calm » ne laisse guère entrevoir, contrairement à ce qu’il annonce, une quelconque accalmie. Tout au plus aurons-nous droit à une trêve de courte durée avec « The Call To Combat », qui dévoile par la même occasion la capacité du groupe à écrire des morceaux mélodiques, une demi-surprise pour qui connaît également EXHUMED dont le dernier album studio en date, « Anatomy Is Destiny », est un proche parent du fabuleux « Heartwork » de CARCASS.

DEKAPITATOR n’aura probablement jamais la notoriété des légendaires formations dont il se réclame, mais ce deuxième album a de fortes chances de connaître un beau succès dans l’underground en raison de l’authenticité qui s’en dégage, de sa vitesse infernale évoquant la scène thrash allemande et tout simplement de sa force de frappe. Ils ont promis de tout détruire il y a huit ans, l’offensive est lancée depuis le 24 juillet !


Rédigé par : Dungorpat | 15/20 | Nb de lectures : 11458