Je n’ai jamais aimé DEICIDE.
Voilà, jetez-moi des cailloux si vous voulez, mais il faut bien que je commence par cet aveu. Je n’ai jamais accroché à la scène death floridienne de toute façon : OBITUARY, CANNIBAL CORPSE, MALEVOLENT CREATION et consorts ne sont pas du tout ma tasse de chocolat chaud (seul MORBID ANGEL trouve grâce à mes oreilles). Concernant DEICIDE, le tarif est le même : la voix de Glen Benton me gonfle et le son pâteux m’irrite l’oreille, impossible pour moi d’écouter un album en entier.

Or là, tout a changé.

J’avais écouté par curiosité le premier extrait qui avait filtré de To Hell With God, "Hang in Agony Until You’re Dead", parce que la plupart des fans chiaient allégrement dessus et que les commentaires genre « DEICIDE fait du Thrash » m’avaient intrigué. Et ô surprise, j’ai accroché tout de suite au « nouveau » style des Américains, et l’écoute de l’album entier m’a mis une grosse baffe.

Déjà, et tant que je suis dessus, je tiens à dire que les deux extraits qui avaient filtré ("Hang in Agony Until You’re Dead" et "Into the Darkness You Go") ont été carrément mal choisis : ce sont les deux moins bons titres de l’album ! Il aurait été plus judicieux de balancer uniquement le morceau-titre, quitte à compléter par "Witness of Death" voire "Conviction" pour avoir toutes les facettes du disque. Car To Hell With God s’avère être un album bien plus incisif, rentre-dedans et diabolique que ces deux extraits ne le laissaient paraître.

Au niveau des changements du style DEICIDE, deux nouveautés sont à noter : le chant de Benton est plus compréhensible, moins « beugneugneugleu » et du coup nettement plus accrocheur (comment ne pas essayer de chanter aussi vite que lui le début de "To Hell With God", d’accompagner son ton rauque et écrasant de "Conviction" ?). La musique, quant à elle, prend effectivement un virage Thrash assez prononcé, avec un son moins tassé et plus percutant, plus « moderne ». Certes, cela ne ressemble plus vraiment à du DEICIDE « traditionnel » et même celui plus récent de The Stench Of Redemption et Till Death Do Us Part. Ici on dirait plus un mix entre du SLAYER récent et un groupe de gros death polak à la VADER/BEHEMOTH/LOST SOUL (le début de "Empowered by Blasphemy" fait même penser à du DECAPITATED). Les fans hurleront, les mecs peu concernés par le passé et par la « réputation » de DEICIDE auront une bonne chance d’apprécier.

Sur To Hell With God, DEICIDE pratique donc un Thrash/Death survitaminé, boosté comme il se doit par un Steve Asheim en excellente forme et par une paire de guitaristes qui envoie, entre riffs qui déboîtent les cervicales et solos parfaitement placés. Et le tout est porté par Glen Benton qui nous délivre ses paroles toujours aussi 666 de manière très entraînante. On passe donc d’un hymne à la "To Hell With God", à des morceaux aux riffs tranchants et efficaces comme jamais ("Save Your", "Empowered by Blasphemy", "Servant of the Enemy"), à des passages rapides furieux ("Witness of Death", "Angels of Hell" carrément jouissif) et à quelques ralentissements lourds et blasphématoires ("Conviction" avec un Benton carrément sombre, "Into the Darkness You Go"). To Hell With God est un album très varié dans ses structures et tout le monde pourra y trouver son compte, même si quelques redondances apparaissent en 35 minutes (le début plus lent de "Angels of Hell" quasi-identique à "Conviction", les « Die ! Die ! Die ! » de Benton que l’on retrouve dans "Witness of Death" et "Servant of the Enemy"). Et la prod, quant à elle, défonce carrément (même la basse de Benton est en bonne place).

Les fans détesteront parce que ce n’est plus vraiment du DEICIDE, parce que Benton il chante bien et que c’est trop moderne, stérile ou chais-pas-quoi. Mais pour moi, cet album est une tuerie. Rien à carrer des précédents albums, To Hell With God poutre et c’est pour moi le principal. Un album-défouloir comme avait pu l’être le dernier IMPALED NAZARENE, que je me passe très souvent pour nettoyer les oreilles, mais aussi pour profiter des quelques passages plus subtils, et pour me prendre pour une deathstar en scandant les paroles de Benton enfin compréhensibles (Your God is deaaaaad ! Sataaaan arise ! Bleed for me, bleed for your sooooul !). Tout n’est pas parfait dans la globalité du disque, mais certains morceaux sont tout simplement énormes. Un album à part tout aussi génial pour les uns que scandaleux pour les autres, à prendre ou à laisser.


Rédigé par : ZeSnake | 16.5/20 | Nb de lectures : 15612