"...et en vérité je vous le dis, DEICIDE a gagné en souplesse ce qu'il a perdu en panache... Pour être plus clair, DEICIDE n'a pas vendu son âme, mais l'a un peu perdu... [...] Aujourd'hui, on s'en prend plein les mirettes mais la magie n'est (presque) plus là... C'est cela qui me laisse un arrière-goût amer..."

Ce fut en ces termes que s'achevait la kronik VS de "The Stench Of Redemption" paru en 2006. Deux années se sont écoulées et ces quelques ombres ont grandi tant et si bien que mon bel enthousiasme de naguère s'est évaporé dans un nuage d'ennui et de lassitude. DEICIDE – ou ce qu'il en reste – revient et si certains jetteront des rameaux sur son passage et le déifieront comme le Messie, j'irai volontiers chercher du petit bois pour l'immoler. Aussi pénible que cela me semble, je préfère rester sincère et exposer mes vues sur cet album de seconde zone dépourvu d'âme. Il n'est pire aveugle que celui qui ne veut voir...

Les prophètes de Earache annonçaient ce "Till Death Do Us Part" comme étant l'album le plus brutal, le plus evil, le plus puissant de la carrière de DEICIDE... On n'est pas dupe de ce genre de blablah mercantile tout juste bon à embobiner les gogos, mais il n'empêche qu'on aime à y croire... Jusqu'au jour où l'on découvre enfin ce pseudo Graal qui s'avère n'être un simple gobelet en plastoc. Bref, ce dixième opus de DEICIDE est un album jetable. A l'instar des tire-jus Kleenex, "Till Death Do Us Part", ne sert qu'une fois, ensuite... mieux vaut éviter de le ressortir de sa poche.

Les premières écoutes présentent un disque extrêmement brutal, puissant et massif où la violence est appuyée par une musique directe et sans fioriture. Du Death Metal grandiose, simplement jouissif! Du DEICIDE des grands jours renouant avec son glorieux passé. A première vue, "Till Death Do Us Part" est le petit frère de "Serpents Of The Light"; on y retrouve les riffs limpides, le matraquage perpétuel et ce petit feeling mélodieux serpentant entre de titanesques nappes alliant une brutalité évidente à une atmosphère démoniaque... "Evil", si vous préférez. Les vocaux sont admirables, monumentaux... je considèrerai toujours le père Benton comme le meilleur chanteur de Death Metal... De plus, les égarements de "The Stench Of Redemption" ont été rectifiés, DEICIDE reprenait les voies célestes qui l'avaient porté aux nues. Les solos qui s'éternisaient dans des guirlandes Heavy démonstratives ont été amputés et réduits pour plus d'efficacité. Santolla a levé le pied et son jeu arrive presque à la cheville des deux parias Hoffman évincés pour des raisons dont je me fous royalement. Bref, tout semblait être paradisiaque. Cet album de DEICIDE était monstrueux, la quintessence du DEATH METAL... Puissant à s'en déchausser les ratiches, evil à mort et bénéficiant d'une aura propre à déniaiser notre ami Benoît n°16...



MAIS!



Mais voilà; un album ça ne s'écoute pas que trois fois... dommage, j'aurais aimé louer le nom de DEICIDE et chanter sa gloire pour les siècles des siècles... Hélas, moi, fan hystérique de DEICIDE, me vois dans l'obligation de renier DEICIDE, non pas après avoir entendu le chant du coq mais simplement après avoir écouté ce "Till Death Do Us Part", cet album faux et prétentieux... J'irai plus loin que Pierre et irai moi-même percer le flanc de cet album à grands coups de lance.

Une fois que la poudre aux yeux se dissipe, l'auréole de gloire de "Till Death Do Us Part" s'effondre et l'on est face à un album portant le masque d'une vertu qui ne bernera que peu de monde, une véritable tartufferie de mauvais goût puisque la platitude règne de A à Z. Tout est caché derrière une production phénoménale qui fait la part belle aux effets pyrotechniques et à des vocaux omniprésents. Comme sur le boiteux "Scars Of The Crucifix", on a droit à des tartines démesurées de voix. C'est inhumain, artificiel, truqué et finalement grotesque... Benton fait son cabot et squatte tout, les rares moments où il la met en veilleuse, on se farcit des monceaux de riffs éculés, plats et pas plus inspirés qu'un dialogue de sitcom AB... A part un ou deux passages plus "groovy", l'album trébuche, s'étale, piétine et stagne dans une linéarité morne et vraiment... soporifique... Et figure-toi, cher lecteur que je souffre d'écrire cela.

"Till Death Do Us Part" multiplie les entourloupes, les grosses ficelles et les recettes mitées d'avoir été trop utilisées auparavant. L'ambiance se révèle, elle aussi, complètement bidon... Ou plutôt, non, ne parlons pas d'ambiance, puisqu'il n'y en a pas. On a beau secouer l'album dans tous les sens, scruter les dix titres, éplucher les moindres replis des riffs, on ne trouvera pas grand-chose à se mettre sous le tympan. L'ennui n'est plus qu'une menace lointaine, il est là, ancré sur l'intégralité d'un album moribond.
Plombé, plombant...

DEICIDE qui, jadis vociférait à tout va et faisait trembler le monde des bien-pensants et des mal-baisés (qui bien souvent sont les mêmes), m'apparaît aujourd'hui comme un gros matou ronronnant sur les genoux d'une mémé acariâtre qui renâcle sans relâche sa gloire passée...
Virer les frangins Hoffman a donné naissance à un nouveau DEICIDE, un DEICIDE hélas mort-né qui nous aura tout de même offert un "The Stench Of Redemption" prodigieux. Désormais, il semble que Benton et ses employés courent après leur légende... Les boules...

Plus les écoutes passent, plus l'album est terne... Je suis grandement amer face à cet album intitulé "Jusqu'à ce que la mort nous sépare", c'est parfait: la mort nous a séparé.

Voyez en ce texte, qui mine de rien commence à s'allonger, la déception d'un fan convaincu qui attendait beaucoup (trop?) et qui ira se chercher d'autres idoles... ailleurs.

En ravalant cette rancœur, chose peu aisée, je dis que malgré tout, "Till Death Do Us Part" est un album de Death Metal correct, écoutable, convenable et qu'il convient pour passer le temps... et cramer les trente deniers de Judas pour trahir un (Anté)Christ qui a sa trogne brodée sur un patch ridicule...
Les boules...

DEICIDE, pourquoi m'as-tu abandonné???




Rédigé par : Cobra Commander | 11/20 | Nb de lectures : 15316