Il y a quelques mois de cela, l’annonce de la signature de DEICIDE avec Earache avait fait couler pas mal d’encre et tout autant de salive. Il est vrai que l’association d’un groupe de légende en perte de vitesse depuis plusieurs albums et d’un label non moins légendaire, dont l’age d’or était loin derrière lui, laissait présager de médiocres résultats. Ce ne sont pas les tournées récentes du groupe, où Benton et sa bande se contentaient de nous ressortir les vieux classiques, qui allaient me mettre en confiance quant à l’avenir de DEICIDE. Si le groupe bénéficie d’un statut culte, il avait désormais tout à prouver pour espérer reconquérir les fans déçus. Pour couronner le tout, les retards successifs de la sortie du disque laissaient flotter un parfum de défaite.
Pourtant, l’excellent album de VITAL REMAINS, groupe auquel participe Benton, sorti l’été dernier m’avait laissé l’espoir d’une inspiration résurgente.
Plus de deux ans après le décevant « In torment in hell », me voilà donc avec son successeur dans le viseur et la sentence est sur le point de tomber. Autant vous dire que je l’ai pas mal écouté ce « Scars of the crucifix » et je suis maintenant en mesure de vous dire que ce premier album chez Earache est d’un excellent cru. Je crois pouvoir affirmer que Benton, adjoint de ses trois infatigables compères, ne nous avait pas proposé un album de cette trempe depuis « Serpents of light » . « Scars of the crucifix » annonce sans doute la fin des albums creux, sans feeling, d’un groupe asservi à un label par un contrat. On retrouve un Benton au meilleur de sa forme, son fameux chant doublé growl/hurlement n’a jamais été aussi rageur. La qualité des compos n’est pas en reste puisque « Scars of the crucifix » dispose de quelques morceaux de bravoures d’une ferveur jusqu’ici inespérée.
Le death métal old school de DEICIDE fait fi des exercices de style et se borne à aller directement à l’essentiel au travers d’une musique qui prend aux tripes, ponctuée de solos hargneux.
Soyons bien clairs toutefois, « Scars of the Crucifix » reste un album de DEICIDE avec tout ce que cela sous-entend de positif et de négatif. La musique du groupe a cessé d’être originale depuis près de quinze ans et leur baisse de régime depuis six ou sept ans n’a pas arrangé les choses. Si j’ai été séduit par ce nouvel album, c’est surtout parce qu’il s’en dégage une farouche passion. Les membres de DEICIDE ont à nouveau envie de plaire au public mais par-dessus tout, ils ont à nouveau la foi. Je serai probablement le dernier des crétins blasés si je ne saluais favorablement le retour de l’un des groupes qui inventa le death métal satanique. Le titre même de l’album renvoie à la cicatrice qui orne le front de Benton et qu’il s’infligea lors de l’émergence de DEICIDE, alors qu’il croyait en sa musique plus qu’en toute autre chose. Pour ce qui est des éternelles rengaines sataniques qui prêtent désormais plus aux rires qu’à l’engouement, elles font depuis longtemps partie d’un folklore qu’on ne peut amputer ; alors pourquoi y renoncer ?
« Scars of the Crucifix » dispose également d’une production massive signée Neil Kernon et d’un superbe art work signé par le tatoueur new yorkais Paul Booth (Last Rites tattoo). DEICIDE est ENFIN de retour, tant pis si tout le monde ne partage pas cet avis.
A signaler que l’album sera également disponible dans une édition limitée, accompagnée d’un DVD.




Rédigé par : Tonton | 16/20 | Nb de lectures : 11241