S'il y'a bien un groupe au sein de la scène death metal américaine qui fait débat c'est incontestablement Deicide. Entre les déclarations tapageuses de Glen Benton, le départ des frères Hoffmann dont on leur parle encore 10 ans après (comme le bus de Knysna des bleus), des albums capables du meilleur comme du pire, l'éviction du boulet Ralph Santolla et j’en passe, du coup les américains ont plus fait parler ces dernières années pour l'extra-musical que pour leurs albums, du coup ils ont un peu perdu de leur aura maléfique et de leur légende.

Il faut dire qu'hormis l'énorme "The stench of redemption" et le très bon "To hell with god" le quatuor n'a pas vraiment enthousiasmé les foules depuis le cultissime "Once upon the cross" en 1995 (et avec lequel j'ai découvert les floridiens), pas aidés à cela par des performances en concert allant du bon, du mode en roue libre et venu pour le cachet, et jusqu’au très foireux (Ralph Santolla prenant l'habitude d'accélérer le tempo de plus en plus souvent, et ce qui a en partie provoqué son renvoi).

Dans les interviews de ces derniers mois le batteur historique Steve Asheim annonçait en plus de l'intronisation de Kevin Quirion (Order of Ennead) un retour à des compositions plus courtes et plus directes, qui ont fait leur marque de fabrique.

Alors qu'en est-il ?

Pour mettre fin au mystère je dois dire que ce nouvel opus est le meilleur depuis "The stench of redemption" voire même depuis "Serpents of the light" et qu'il est inspiré, brutal et le tout magnifié par une production qui correspond totalement au groupe, à noter également que de gros efforts ont été fournis pour la voix de Glen Benton, pour la première fois celle-ci est audible et compréhensible, et même si cela reste guttural on doit reconnaître que le barbu a fait un sacré boulot.

Il faut dire que le groupe a fait appel à Jason Suecof (All that Remains, The Black Dahlia Murder, Job for a cowboy, Trivium) pour la production, pourtant celui-ci n'est pas un habitué du bon gros death metal, mais il avait l'avantage d'être un très grand fan du groupe et cela s'entend car il a réussi a donner une production moderne avec néanmoins un côté old-school apparent, et l'impression de revenir 15 ans en arrière est surprenante mais agréable. Elle est parfaite, hyper puissante tout en évitant le trop-plein de modernité et de la perte d'identité propre au quatuor.

Au niveau de la musique ce 11ème opus est à la hauteur des attentes et le sang-neuf a fait le plus grand bien, Steve Asheim continue de déléguer de plus en plus la composition musicale car là tous les membres s'y sont mis et cela s'entend car dès les premiers accords du morceau-titre on est bluffés ! Il est imparable et n'est pas sans rappeler les parties rapides de "Dead by dawn" et "Dead but dreaming" où la double est à fond et où les solos et riffs sont particulièrement mis en valeur, un des morceaux les plus longs d'entrée et qui promet pour les futurs concerts.

Même impression pour "Thou Begone" pour moi le morceau ultime de ce disque, inspiré de "They are the children of the underworld" pour le riff et la vitesse, à la fois technique et puissant il va cartonner sur scène.

C'est d'ailleurs l'impression que l'on ressent tout au long des écoutes successives, le groupe a semblé vouloir composer des morceaux taillés pour la scène et visiblement les dernières prestations en concert du quatuor vont dans ce sens, le roi déchu veut retrouver son trône. On remarque aussi qu'il y'a moins de blast que d'habitude mais ils sont utilisés de manière plus subtile et juste, visiblement le cogneur en chef a décidé d'aérer son jeu tout en le rendant plus puissant et technique et c'est une réussite car il n'est pas linéaire du tout.

Autre moment marquant avec l'énorme "Godkill" d'une violence et d’une haine à toute épreuve, il est lui aussi old-school et a de fortes chances de devenir un futur classique de leur discographie qui pourtant en regorge.

La suite si elle est moins marquante reste d'un excellent niveau et d'une puissance maintenue. Entre "Beyond salvation" aux relents de l'album "Serpents of the light". "Misery of one", "Banished by evil", "Kill the light of Christ" et "End the wrath of god" sont du Deicide ultra-classique, carré et efficace et "Even the gods can bleed" avec là aussi des relents du mythique "Once upon the cross" finit de nous convaincre que la bande à Glen Benton nous a envoyé une nouvelle livraison qui fera date.

Un groupe qui a retrouvé la pêche, l'inspiration et une nouvelle jeunesse, et qui nous sort tout simplement un de ses meilleurs albums. Il ne sera sûrement pas aussi culte que la quadrilogie des années 90, mais s'il était sorti à cette époque nul doute qu'il serait sans doute en très bonne place parmi les classiques du quatuor.


Rédigé par : GabinEastwood | 16/20 | Nb de lectures : 16709