Et si le Salut venait de la Belgique ?
Et si l’Avenir du Death n’était pas la modernité ou la mixité, mais l’authenticité assumée ?
Et si la sacro-sainte efficacité tant recherchée n’était qu’une chimère ?
Et si, finalement, tout avait déjà été dit, dans le Death Metal, et que la réutilisation du meilleur du Death des années 90 suffisait pour créer le meilleur en 2012 ?

Tant de questions, auxquelles DEHUMAN répond avec une cinglante répartie.
1er album, et déjà une maturité réelle. Non exempt de défaut et de temps morts, ‘ Black Throne Of All Creation ’ est cependant un album de Death Metal couillu, varié, et plutôt captivant.

Cela se traduit avant tout par une personnalité affirmée, prenant racine dans le Death Metal américain des années 90. Old-school, c’est-à-dire sans débauche de technicité ni déstructuration quelconque.
Cela se traduit ensuite par des structures de morceaux diversifiées, oubliant souvent les classiques ‘couplets/refrains’. Soutenu par des rythmes eux aussi variés, rapides ou lents selon l’inspiration.
Cela se traduit également par une certaine simplicité apparente. Les riffs cachent néanmoins bien leur jeu, puisque de subtils petits soli, leads ou accords apportent un brin de variété. Suffisant pour personnaliser radicalement chaque morceau.

Il suffit de mettre ses tripes et sa passion dans sa musique, de savoir parfaitement jouer de son instrument, et de laisser l’impulsion créative opérer. Facile à dire, surtout pour un branleur comme moi qui ne fait qu’écouter et disséquer un album. Mais ‘ Black Throne Of All Creation ’ respire l’authenticité et la passion, ses 9 titres sont suffisamment bien structurés et aventureux, pour que toute résistance devienne vaine.

Album puissant, musique viscérale et accrocheuse : le Death Metal proposé par ce jeune quartet belge est tout sauf une blague. Tantôt hargneux et haineux, tantôt mélodieux et aventureux, il joue avec l’agressivité et les variations, comme le chat qui chatouille la souris de ses griffes acérées. L’auditeur se trouve balloté et retourné par 9 morceaux tous différents, dont la structure évolue au gré des envies du groupe.
La violence demeure ligne de conduite durant la petite heure que dure l’album, et cette connotation résolument brutale participe grandement à rendre cette ogive séduisante.
Toute résistance est vaine, à l’instar du petit rongeur poilu, nous savons pertinemment que nous finirons en charpie, écrasée par la puissance de frappe de DEHUMAN.
Sauf que, contrairement à la souris qui essaye de sauver sa peau, nous aimons ça.

Porté par une production sèche et puissante, le talent du groupe s’exprime. A l’instar des excellents AD PATRES, le groupe possède un sens de la composition réel, car indubitablement basique, et pourtant intelligent.
Le style de Death pratiqué est différent, et même si les Bordelais évoluent un cran au-dessus, DEHUMAN dégage une certaine sérénité, n’hésitant pas à étirer ses morceaux, quitte à flirter avec la redondance ou les temps morts. Qu’importe, cet écart leur est pardonné, au regard de l’efficacité des titres. Efficacité relative, ternie par un embourbement sur quelques morceaux. Rien de grave, cependant, pour qui le Death ultra basique est répulsif.

Pour faire simple, un seul mot d’ordre : vous aimez Immolation, Morbid Angel, Obituary, Suffocation, Master ? Alors foncez acheter ‘ Black Throne Of All Creation ’ ! Un disque sans prétention, avec quelques défauts et des longueurs, mais un disque surtout très plaisant.




Rédigé par : ..::Ju::.. | 14/20 | Nb de lectures : 12108