Oui, je sais, encore un groupe de Suède et qui fait du death metal. On va trouver ça lassant à la fin. En plus, c’est du old school. Comme par hasard, encore un groupe qui surfe sur le tsunami de la « new way of old school swedish death metal »… Et si ? Et si DEGIAL sortait du lot ? Et si ce n’était pas le 674 359 025ème clone de "Left Hand Path" de vous-savez-qui ? C’est un peu le fol espoir que j’avais en insérant avec délicatesse mais conviction, et sans trembler, la galette dans la fente de mon lecteur.

Et les ténèbres furent… Première réaction : oh putain. Seconde réaction : oh putain ! oh putain ! Je vous passe les réactions suivantes (un multiple de 666), mais à force d’écouter ce premier album de DEGIAL, je me suis dit qu’il fallait quand même que je pense à poser par écrit ce qu’il se passe sur la galette, même si c’est compliqué.

Pour faire court et rapide, si vous aimez le death metal necro que Sepulchral Voice à l’habitude de proposer, tel que CHARON, EXCORIATE, GRAVE MIASMA, si vous aimez les deux premiers MORBID ANGEL, si vous aimez WATAIN (les derniers), alors ce premier album de DEGIAL, "Death’s Striking Wings" est pour vous. Les autres peuvent aller jouer à la marelle (et tomber et se faire une fracture ouverte de la jambe qui s’infectera et… oups pardon).

Mais il faut argumenter, sinon, ça va gueuler. On va commencer par le son. Malgré un enregistrement par Fred Estby de DISMEMBER, le son est crade et semble sorti d’un cimetière délabré. Les guitares écorchent les tympans, les solos vrillent les cages à miel. Les cuivres tintent à en devenir par moments désagréables et les basses, que ce soient de la basse, des toms ou de la double de la batterie, ajoutent une lourdeur pachydermique à l’ensemble. Un vrai son nécro, sorti de la fin des années 80/début 90. Un peu comme si le Doc avait un corbillard à la place d’une DeLorean en fait.

Niveau musique, je vous ai déjà donné les influences. Le rejeton de cette orgie s’appelle DEGIAL, et il défouraille sec. Les morceaux sont rentre-dedans, et malgré la durée rachitique (35 minutes et des poussières d’os), on s’en prend plein la gueule tout du long. Il faut dire qu’en matière de riffs diaboliques qui t’écorchent la gueule, les Suédois savent y faire. Puisant chez les grands maîtres du genre (MORBID ANGEL en tête, mais on peut citer POSSESSED ou REPUGNANT en plus récent), le groupe crache alternativement des mélodies impies et des solos possédés. Ces derniers sont dignes d’un vieux SLAYER, à la fois n’importe comment, dissonants, mais dérangeants et totalement à propos. DEGIAL respire le Malin dans sa musique. Les guitares y sont clairement responsables. Tantôt groovy (le thème de "Black Grave"), tantôt rapide et prédateur (le thème de "Eye of Burial Tempest"), les titres de "Death’s Striking Wings" sont dans tous les cas ultra efficaces. Même le titre le plus long de l’album avec ses 7 grosses minutes, "Death’s Striking Wings", passe comme papa dans maman. Et ce grâce à des patterns imparables, obligeant au headbang, mais également à des solos décérébrés et totalement Satan de Set Teitan (Watain-live). C’est d’ailleurs le titre le plus proche du trio suédois. D’ailleurs des élements black metal parsèment cet album, de certains riffs soit tremolos soit vraiment tranchants aux vocaux écorchés à mi-chemin entre le death et le black. Mais plutôt que de parler de différentes influences, le black metal assaisonne le death old school du groupe pour relever le résultat. L’assimilation est parfaite, et c’est ce qui donne ce ton si necro à la musique.

Huit putains de brûlots, qui ne sont pas franchement originaux, mais qui ratatinent la gueule et quand on aime le Death Metal, on ne que s’incliner. Alors que le groupe n’a que 6 ans d’existence (si on occulte les débuts sous un nom légèrement différent), ce ne sont pas des débutants qui occupent les instruments. Ayant sévi ou sévissant toujours au sein de (entre autres) : WATAIN (live), REPUGNANT, DIE HARD, SHINING, PROCESSION (live), UNDERGANG, les quatre qui composent DEGIAL ont de la bouteille et le font savoir avec ce premier album abouti, complet, saignant et qui pour moi est une des sorties majeures de l’année 2012. Rien que ça. D’ailleurs, pour terminer cette chronique, seules les formules old-school sont de mises :
SUPPORT OR DIE !
DEATH METAL AT ITS BEST !
HELL IS HERE, DEGIAL IS JUST THE MESSENGER !
HAIL !


Rédigé par : Skay | 18/20 | Nb de lectures : 14827