Chaque album de Deftones c'est comme un grand vin, ça se bonifie avec le temps, et une nouvelle fois c'est ce qu'il se passe avec le groupe de Sacramento.

7ème album des Californiens, dans une discographie quasi sans-faute, celui-ci est à mon goût leur meilleure réalisation depuis le mythique "White Pony" sorti il y a déjà 12 ans.

L'album conjugue à merveille la puissance maîtrisée des riffs de Stephen Carpenter et la tessiture de la voix d'un Chino Moreno qui a rarement aussi bien chanté, ajouté à cela un Franck Delgado dont les samples sont parmi les plus beaux jamais composés par le groupe, et vous obtenez un des albums les plus attendus et les plus réussis de cette année 2012.

Le nom de l'album signifie "coup de foudre" en japonais, et le moins que l'on puisse dire c'est que vous allez l'avoir pour celui-ci, pas forcément de suite, mais à la longue forcément.

C'est le projet le plus ambitieux et abouti du groupe, tout ici semble avoir été travaillé, répété et mixé avec le plus grand soin, et il va vous marquer et vous envoûter pour un bon moment. A noter un accordage très bas des guitares, qui donnent encore plus que sur leurs précédents disques une atmosphère vraiment particulière.

Les morceaux eux ont chacun leur personnalité :

"Swerve city" ouvre les débats avec un morceau classique pour le groupe, mais dès le début on se rend compte que tout le disque sera un mélange entre riff accérés, samples légers et superbes et surtout un Chino qui chante comme jamais il ne l'a fait (j'y reviendrai par la suite). Autre surprise ce son très new-wave (et très Joy Division période "Unknown pleasures", j'y reviendrai aussi) de la guitare pour un soli au milieu de la chanson. Titre court et efficace, idéal pour une mise en bouche.

"Romantic dreams" comme son nom l'indique nous plonge dans un ambiance triste, planant et limite électronique avec ses samples synthétiques derrière et sa batterie répétitive et redondante. Un petit côté "Feiticeira" pour les riffs plus puissants.

"Leathers" nous replonge 15 ans en arrière, en effet le riff est très largement inspiré du mythique "Around the fur", j'ai l'impression d'entendre des morceaux comme "Lhabia" ou "Around the fur", même si là Chino ne force pas sur la voix, il monte en tonalité mais cela correspond parfaitement à l'ambiance que le groupe veut donner. Grosse période nostalgie du coup, mais parfaitement réussie.

"Poltergeist" on démarre avec un gros riff très néo et très classique de la période "Around the fur", titre relativement court mais qui sert de tremplin à la suite à venir.

"Entombed" avec ses parties électro, et le chant de Chino juste sublime est un des grands moments de l'album, un son de synthé surprenant mais qui va très bien avec l'ambiance générale du morceau.

"Tempest" est un titre très "deftonien", on reconnaît tout de suite les riffs caractéristiques et la ligne de basse de Sergio Vega est impeccable (d'ailleurs celui-ci comme sur "Diamond Eyes" fait un super boulot, gardant le style reconnaissable de Chi Cheng), impeccable et très classique.

"Rosemary" est un des meilleurs titres de l'album, entre son intro planante et calme à souhait, la montée progressive et le riff mélodique sont sublimes, et que dire du chant ? sublime également. Une fin qui s'achève avec un riff bien metal et deftonien, qui se conclut pour des petits arpèges planants. 6min50s fabuleuses.

"Gauze", là aussi morceau typique du groupe, un mélange réussi entre "Minerva" et "Lhabia". Simple et efficace.

"Graphic nature", première impression le jeu de batterie et la charley me fait étrangement penser à "Digital bath", l'ambiance générale est la même que ce chef-d'oeuvre. Riff profond, ambiance mélancolique, et toujours ce chant au top. Un des meilleurs morceaux de l'album !

"Goon squad" autre titre typique au groupe où le chant mélodique et les gros riffs se marient à merveille sur un refrain tout en mélodie et en puissance. Là encore le petit solo central à un arrière goût de Joy Division. Un des morceaux les plus longs de l'album (5min30s).

"What happened to you", dernière chanson encore largement inspirée à nouveau par Joy Division période "Unknown pleasures" pour le son de guitare très froid et la batterie très sèche et tout en nuance. Je croirais entendre "Day of the lords" ou "Candidate" et Chino remplacerait le regretté Ian Curtis. Je ne sais pas si c'est voulu, en tout cas cela a été ma première impression et je n'en démords pas, Stephen Carpenter se prend pour Bernard Sumner.
Pour moi le summum de cet album, pas très puissant mais un mélange entre mélodie, émotion et tristesse infinie.

Pour conclure : une production comme d'habitude impeccable, le chant clair de Chino absolument superbe et le sens du groove d'Abe Cunningham qui a rarement eu des parties aussi techniques, une maturité des compositions notamment sur les singles phares, et une vraie cohérence entre les morceaux.

Certainement l'album du groupe qui demandera le plus d'écoutes attentives pour bien saisir chaque note, chaque subtilité et chaque passage des 11 morceaux, un disque qui est certes moins metal que les précédents, mais qui n'en reste pas moins puissant, mélodique et terriblement jouissif ! Un mix intelligent entre la puissance d'"Around the fur", et les mélodies de "White Pony" et "Saturday night wrist", et un peu de "Team Sleep" également.

C'est l'album qui divisera, mais qui au final mettra tout le monde d'accord et qui prouvera aux derniers qui en doutent encore que Deftones est bien plus qu'un groupe de néo-metal, mais un groupe totalement atypique qui trace sa route envers et contre tous.

Un des disques du top 5 de 2012.


Rédigé par : GabinEastwood | 18/20 | Nb de lectures : 18067