Choix 01. Gna gna gna, les Deftones c'est du néo.
Choix 02. Gna gna gna, le chanteur a une voix de merde.
Choix 03. Gna gna gna, Adrenaline c'était mieux, c'est pourri maintenant.
Choix 04. Gna gna gna, c'est commercial, ça pue, c'est pas true.

Si vous avez prononcé une seule fois dans votre vie une de ces phrases, veuillez ne pas lire cette kronik. Si au contraire, vous êtes amateur et/ou ouvert d'esprit vous êtes autorisés à poursuivre votre lecture. Je conçois volontiers que "White Pony" n'a pas été une vraie réussite, le groupe ayant trop cherché à innover en s'éloignant de son poncif de départ. Quand un groupe arrive à pondre un style qui lui est propre et qui le rend reconnaissable entre mille, le changement radical n'est de toute façon pas recommandable. Je vais donc me charger d'apporter mon avis personnel sur les quatre arguments de démolition cités plus haut. A vous de les partager ou de m'apporter votre éclaircissement dans la section réservée aux insul...aux commentaires.
Choix 01. Gna gna gna, les Deftones c'est du néo : Pas d'accord. S'ils ont effectivement été rattachés vaguement au mouvement, c'est en particulier à cause de leur émergence en plein boom des Slipknot, Korn et consorts. Le son des Deftones est globalement plus proche du hardcore, voire du post-hardcore. De plus, aucun élément proche du rap ne vient s'immiscer et les rythmiques sont dans l'ensemble assez linéaires ce qui contraste avec les fréquents changement de tempos entrevus dans le néo qu'on pourrait qualifier de "classique" - quel beau paradoxe, j'en aurais presque une érection -.
Choix 02. Gna gna gna, le chanteur a une voix de merde : Là, chacun son avis. Je comprends qu'on ne puisse pas aimer les vocalises de Chino Moreno qui s'amuse à être en contradiction permanente avec la musique. Sa manière de chanter soit plaintive au possible, soit saturée à l'extrême peut en irriter plus d'un. Personnellement, je trouve ses vocaux originaux, immédiatement reconnaissables et parfaitement adaptés à l'ambiance.
Choix 03. Gna gna gna, Adrenaline c'était mieux, c'est pourri maintenant : S'il est vrai que le fan a toujours une nette préférence pour "Adrenaline", j'avais découvert le groupe avec "Around the fur" qui est le sommet de la créativité des Deftones. Si le groupe a connu une déconvenue avec "White pony", il n'en demeure pas moins que ce dernier demeure une pièce agréable, peut-être pas représentative du véritable esprit du groupe mais qui a permis de montrer un groupe plus aventureux. Bref, on n'en parle plus.
Choix 04. Gna gna gna, c'est commercial, ça pue, c'est pas true : Ouh la. Les Deftones n'ont jamais vraiment sorti de tube aux accents commerciaux à mon humble avis. Leur musique comporte toujours cette petite once d'agressivité latente qui ne la rend pas accessible à tous. Pour en revenir au choix N°02, la manière de chanter de Moreno n'est pas vraiment propice à s'attirer les faveurs des radios-pour-djeuns-branchés ou des télés-poubelle-pour-aller-danser.
Bon, je me rends compte que je n'ai pas encore parlé une seule fois de ce nouvel album éponyme qui avait été annoncé il y a quelques temps sous le nom de "Lover". Et bien, pour synthétiser grossièrement, il est à mi-chemin entre la puissance de "Adrenaline" et les vertus qualitatives et mélodiques de "Around the fur". Et pour ne pas ménager le suspense, il est tout bonnement excellent. Des 10 titres présentés, aucun ne faiblit ou fait figure de vilain canard. Du début à la fin, on place la barre très haut et je me suis surpris à me le mettre en boucle 3 fois de suite sans éprouver la moindre lassitude. Le premier single "Minerva" est superbe, Moreno chante magnifiquement bien, toujours à la limite de la cassure, et la ligne mélodique s'est ancrée dans ma tête pour ne plus en sortir. "Needles and pins", avec son refrain aux vocaux doublés, proche de l'hystérie fait l'effet d'une bombe. "Hexagram" fait ressurgir les racines hardcore avec ses gros riffs et Moreno hurle comme un dératé. "Good morning beautiful" se fait plus linéaire et mélancolique alors que "Deathblow", dans un style ballade insidieuse, a le potentiel pour faire un prochain single. Les vocaux saturés et hurlés font leur retour dans l'ironique "When girls telephone boys" qui est peut-être le seul morceau qui peut s'apparenter à la scène néo. Les lignes de guitares veloutées de "Battle-axe" suivies des expérimentations plus trip-hopiennes et expérimentales de "Lucky you" vous guideront sans faillir vers le tryptique final avec un classique "Bloody cape", un planant "Anniversary of an uninteresting event" et un éblouissant "Moana" chargé d'émotions et de talent.
Bref, je suis le premier heureux de revoir un groupe en pleine forme, qui joue la musique qu'il sait si bien faire. Il est évident qu'ils ne révolutionneront rien du tout. Si on oublie l'épisode "White pony", l'évolution est bien maigre mais ce putain d'album ne quitte pas ma platine. Au bout de trois semaines, il passe quotidiennement 3 ou 4 fois dans mon bureau alors que j'aurais vraiment autre chose à foutre. La musique prodiguée par les Deftones me donne toujours l'impression d'avoir affaire à une sorte de beauté vicieuse, comme si une nymphe sculpturale et dévouée venait à me mordre les couilles après m'avoir fait une fellation royale. C'est ce petit côté malicieux et torturé qui les rend à mon avis si attirants. Voilà, c'était mon coup de coeur du mois qui atterrira sans coup férir dans mon top 10 annuel. Maintenant, j'attends vos réactions...


Rédigé par : Loufi | 18/20 | Nb de lectures : 11440