Issu d’une scène U.S. où la majeure partie des groupes passe son temps à se copier jusqu’à l’autoparodie, DECONFORMITY annonce d’emblée sortir de la conformité. Sortez les pipes, les pantalons en velours côtelé et les montures double foyer, l’heure est venue de débattre: “Faut-il à tout prix être original?”

L’évolution, qu’elle soit biologique ou musicale, à toujours privilégié l’innovation, le renouvellement. Mais le chemin du “mieux” passe aussi par de nombreuses errances: les ratés, les culs-de-sac évolutifs qui n’aboutissent à rien de viable. A mon (humble) avis, “From the End to Inseminate” fait partie de ces ébauches aux gènes létaux que leur patrimoine génétique surexposé aux agents mutagènes destine à mourir dans de douloureuses convulsions.
Bref, l’esprit malade de DECONFORMITY a accouché d’un bon gros mutant. Un hybride qui n’est pourtant pas dépourvu de qualités. En se démarquant des SUFFOCATION-like qui sentent fort la consanguinité et en puisant son originalité du côté du black-indus européen, “From the End to Inseminate” aurait même pu créer la surprise: réussir pour le Death Brutal ce que DODHEIMSGARD ou ABORYM ont réussi pour le Black.
DECONFORMITY introduit dans son Death aux riffs classiques mais bien écrits des claviers futuristes, des vocaux “digitalisés” et des rythmiques martiales. A titre d’exemple, les nappes de synthé, glauques, servent de support judicieux à des soli hystériques qui semblent hurler dans le vide. Le morceau instrumental et éponyme de l’album plaque une ambiance tout à fait convaincante et très MORBID ANGEL. La musique de DECONFORMITY est à l’image de sa pochette: la bande son d’un monde futuriste chaotique et rongé. Une anticipation rouillée et décomposée.
Hélas, car la note atttribuée à “From the End to Inseminate” sous-entend un hélas, la production de cet album est loin d’être à la hauteur. Si certains des groupes précités ont parfaitement réussi à rendre audible l’aspect froid et stérile de leur black apocalyptique et mécanisé, DECONFORMITY ne concrétise pas du tout cette ambition. L’apprenti ingé-son qui a commis cette production a bien compris l’idée de décaler les fréquences vers les médiums et de distordre le son, le résultat sonnant très cybernétique. Mais il a dû s’endormir sur sa console pendant que le “peak level” faisait exploser ses leds rouges, synonyme d’un foirage complet de la prise de son. Tout est odieusement distordu et inaudible. Le moindre accord de clavier est insupportable de grésillements. Une production qui fait grincer des dents, où la batterie sonne comme un baril de lessive plein de clous, les guitares comme un essaim de frelons fou furieux. J’espère juste que la tumeur au cerveau que j’ai récolté le temps de faire cette chronique affligera aussi l’incapable qui a bidouillé les manettes.

Comment transformer une idée prometteuse en torture abominable? DECONFORMITY l’a découvert à ses dépends. Qu’ils plaident la légitime défense lors de leur procès pour voies de fait, c’est le minimum, contre les Dinitwit Productions (retenez ce nom), et qu’ils reviennent vite avec un album encore plus abouti et surtout bien mieux produit.


Rédigé par : La Myxine | 08/20 | Nb de lectures : 10473