Première écoute : « Waoh ... »
Seconde écoute : « WAOH !! »
Et ainsi de suite, jusqu’au moment fatidique où je dus rédiger cette chronique. Comment réussir à retranscrire mes émotions, sans paraitre trop excessif...?
Decimation, formé en 1999, originaire d’Ankara, Turquie, vient de sortir, en ce milieu d’année 2010, une putain de tuerie. Voilà, je suis excessif, désolé. Mais tellement réaliste...

Il existe un genre musical décapant, se situant à la frontière entre le Death Metal 'Technique', et le Brutal Death velu. Qu’on pourrait appeler Death Metal Technique à connotation Brutale, si on voulait. Mais qu’importe l’étiquette.
Decimation évolue clairement dans ce style, mais le travaille, l’enrichit, le sublime.

Entre HATE ETERNAL, DISGORGE(US), IMMOLATION, NILE et DEEDS OF FLESH, le quintet turc opère dans un numéro d’équilibriste permanent, associant technicité, brutalité, mélodies et accroche imparable, le tout dans une cohésion sans faille.
La force de 'Anthems of an Empyreal Dominion' réside avant tout dans son duo de guitaristes, qui structure cet album en alignant des riffs puissants, assez techniques, mais facilement mémorisable. En découle une efficacité indéniable, tempérée pourtant par une brutalité réelle et une certaine complexité musicale. De nombreuses écoutes sont en effet nécessaires pour bien appréhender et assimiler cet album. Mais à l’instar de certains grands crus, une fois la palette aromatique identifiée et assimilée, le plaisir et l’extase surgissent et s’affirment à chaque écoute, pour ensuite ne plus vous lâcher.
La marque des grands ? Peut-être.
La preuve d’une efficacité et d’un savoir-faire redoutables, sans aucun doute.

Les riffs assénés par Emre et Erkin sont variés, travaillés, techniques, mélodiques, et parfois syncopés ; et ces harmonies participent à instaurer une atmosphère particulière, rendant en parallèle les titres tous uniques mais unis entre eux.
La richesse rythmique fait le reste. Les régulières variations de rythmes enrichissent et complexifient les morceaux, tout en les rendant paradoxalement plus facilement mémorisables. Pas vraiment de refrains, mais quelques structures redondantes au sein d’un morceau suffisent à renforcer ce côté accrocheur.
L’arrivée de Goremaster, ex-batteur de Cenotaph, n’est peut-être pas étrangère à ce regain de groove. Qui se manifeste en outre par une palette de tempos assez large, Decimation utilisant autant les blast-beats furieux, les passages rapides et les ralentissements lourds et lancinants, le tout orné de quelques assemblages déstructurés.

Cette diversité rythmique, associée à la richesse des arpèges, est mise en valeur par une basse bien présente, tant dans la construction des morceaux que dans le mix. Cela renforce par moment l’aspect groovy et accrocheur.
Par-dessus ce quatuor de fins techniciens se greffent les beuglements graves et profonds de Volkan. Légèrement growlés par moments, les cris du grand gaillard sont néanmoins assez variés. Majoritairement gutturaux, Volkan use également de hurlements plus rauques, toujours puissants et intelligibles, qui retranscrivent et illustrent parfaitement le concept abordé.
Car en plus d’être redoutables sur le plan musical, le quintet a pris le temps de développer un concept thématique s’articulant autour de la mythologie sumérienne, autour duquel s'accordent à la fois la pochette, les paroles recherchées, et les ambiances de certains passages.

Aux antipodes des trop nombreux groupes de Brutal Death Technique se copiant les uns les autres, Decimation se démarque de ses comparses, avec un album riche et attrayant. Complexe mais réellement accrocheur, 'Anthems of an Empyreal Dominion' propose une approche et un savoir-faire sensiblement personnel, et surtout d’une qualité indéniable, offrant 38 minutes variées et accrocheuses.
Plus qu’une surprise, une réussite ! BUY or DIE !


Rédigé par : ..::Ju::.. | 17/20 | Nb de lectures : 13399