Deux ans après “The Negation”, les chasseurs de têtes de DECAPITATED nous remettent le couvert pour le quatrième album de leur carrière ayant débuté voilà déjà plus de dix ans. A l’âge où d’autres cherchaient le meilleur moyen d’éradiquer leur acné ou de camoufler des appareils dentaires dignes de centrales nucléaires, nos tendres Polonais branlaient déjà du manche pour finalement arriver à la pointe du brutal death technique quelques années plus tard.

« Organic Hallucionosis » marque les débuts de Covan, le chanteur d’ATROPHIA RED SUN, venu renforcer la formation depuis le départ du puissant Sauron parti hanter d’autres horizons. Et c’est sur ce changement précis que ça « coince » d’emblée. Si Covan déploie une conviction indéniable dans son chant, il ne parvient, à aucun moment à faire oublier son prédécesseur. Alors que Sauron communiquait une certaine malveillance à travers ses growls caverneux, Covan se retranche dans des braillements plus «metalcore» qui dénaturent un peu le style auquel DECAPITATED nous avait habitués.

Du côté des compos, la musique des Polonais s’est également corsée. Il est vrai que DECAPITATED nous avait, jusqu’alors, habitués à de véritables déferlantes brutales enrichies par des riffs bien chiadés qui détonnaient des groupes brutal death de base. Avec « Organic Hallucinosis » DECAPITATED a visiblement voulu pousser légèrement plus loin ses mêmes paramètres avec une réussite assez relative.

Si « A Poem about an old prison man » démarre cet album sous les meilleurs augures, l’illusion est de courte durée. L’évolution était tentante et DECAPITATED y a cédé. Si le groupe reste particulièrement brutal, les titres sont toutefois moins finement ciselés que dans le passé. La recherche de trames un peu plus complexes nous emmène progressivement ce nouveau disque vers des passages plus brouillons qui nous font parfois perdre le fil des morceaux. Même les leads semblent moins bien sentis qu’ils ne l’étaient il y a encore une paire d’années.

Le groupe polonais aurait-il épuisé sa recette au point de la rendre indigeste ? Certes, non. Ce disque, s’il venait d’un autre groupe, présenterait un intérêt certain mais difficile de ne pas ressentir un pointe de déception quand on garde à l’esprit les précédentes déflagrations discographiques. Fort heureusement on retrouve quand même certains ingrédients qui font toujours la force du groupe : des plans rythmiques terribles, un sens du riff monstrueux et un batteur purement dément.

Avant que se déclenche un inévitable débat ou plus probablement une bataille rangée entre détracteurs et fans conquis, je conseillerais à ceux qui ne connaissent pas encore DECAPITATED de jeter, en premier lieu, une oreille attentive à l’imparable « Nihility ».

Alors qu’une tournée européenne se prépare, Covan ne fait déjà plus partie du groupe et l’identité de son remplaçant reste un mystère. Si une expédition se prépare pour kidnapper Sauron et le ligoter sur scène à son micro, je suis partant… Y’a d’autres volontaires ?



Rédigé par : Tonton | 14/20 | Nb de lectures : 20330