La décennie du désespoir, on est en plein dedans, quand on voit ce qui a été fait de l'héritage d'At The Gates. Des The Black Dahlia Murder et autres Darkest Hour depuis le début des années 2000, auront engendré des rejetons désireux de leur embrayer le pas en durcissant le ton à grandes lampées de breaks écrasants avec l'arrivée de Job For A Cowboy, puis de Suicide Silence, manifestes qui auront créé des vocations pour le meilleur et très souvent pour le pire. Cette prolifération de nuisibles auront malheureusement quadrillé le terrain à l'extrême, et dur pour tout nouvel arrivant de faire valoir ses atouts.

Avec "Throes Of The Wretched", Decades Of Despair se pose comme un disciple bien plus appliqué que la moyenne, et plus inspiré que nombre blagues sonores qui sont venues polluer nos oreilles ces derniers temps, pas besoin de les citer vous les reconnaitrez. Est-ce grâce à ces pelletées d'imbuvables combos deathcore qui m'ont forcé à souder un incinérateur à ma boîte aux lettres que ces gars font forte impression malgré le fait qu'il ne sortent pas bien loin des clous, je ne sais pas. Parce que la formule du groupe est facilement résumable, du The Black Dahlia Murder sauce br00tal, avec tout l'attirail de mise (gruiks/sweeping/gravity blasts). Mais, les voies de la tambouille étant impénétrables, ici la sauce prend bien mieux que chez les autres.

Puisque les gaziers ont trouvé la solution pour ne pas lasser : matraquer tout du long, t'abrutir à grands coups de plans démultipliés et de pluies de notes. Y'a rien qui dépasse, la fluidité et la vitesse d'exécution des titres sautent à la gueule. C'est qu'hormis les breaks bien grassouillets, ça débande jamais d'un pouce, les tempos étant coincés entre accélérations thrash, blasts et gravity blasts, jamais le temps de souffler. Vu qu'il y a pas de secrets, si les lascars réussissent si bien, c'est grâce à un gros gros niveau technique (rien que le chant, tapant majoritairement dans le suraigu, parvient, chose rare, à devenir un atout de par son élasticité), leur permettant d'offrir des compos très denses et fouillées. Et ce sans jamais perdre de vue une dimension assez mélodique façon Darkest Hour.

Et pour un premier effort, Decades Of Despair se pose là en matière de professionnalisme, livrant cinq titres propres et soignés, à la production irréprochable masterisée par Sylvain Biguet de Parween (Comity, Klone...) Comme souvent dans le genre, le format EP aide le groupe à maximiser sa puissance d'impact, gageure plus difficile à réaliser à l'échelle d'un album. Le potentiel est là, ne restera au groupe qu'à peaufiner sa personnalité que ce soit au niveau des influences ou de l'enrobage (artwork, titres...) histoire de prouver qu'ils méritent mieux que de croupir dans la grande mélasse du deathcore.


Rédigé par : Crown_Me | 07/10 | Nb de lectures : 11380