Un peu comme la vie, vos relations avec votre belle-mère et la coupe de France de football, le metal est un éternel recommencement. Et s’il y a une sous-branche de cette vaste famille qui exploite particulièrement ce phénomène, c’est bien le death old-school, ‘figé’ dans une nostalgie plus ou moins justifiée (suivant à qui on s’adresse) du début des années 90, période dorée où tout était beau, neuf, excitant et facile. Vous ne vous êtes jamais remis des démos de NIHILIST ? AXIS POWER ou EVOCATION vous caressent dans le sens du poil et ont vendu leurs grand-mères sur Ebay pour racheter à prix d’or la fameuse pédale de distorsion Boss qui donnait ce son de guitare/mélasse si caractéristique. SUFFOCATION s’est arrêté selon vous à son premier album ? Heureusement, la moitié de la scène brutal death US vous fourni des photocopies couleurs depuis des années etc. Cahin-cahan, on peut continuer ce petit jeu longtemps. Surtout que le verdict est toujours le même : soit vous faîtes partie des nostalgiques qui acceptent de jouer le jeu car vous en avez marre de réécouter pour la 3,564ème fois les mêmes skeuds, quitte à accepter des ersatz à la réussite toute subjective. Soit vous n’êtes pas fan à la base et pour vous, tous ces couillons ne font que régurgiter ce que faisaient leurs aînés, et souvent en mieux. Bref, à part alimenter des débats stériles sur des forums internet, le schmilblick avance pas beaucoup. Sauf que tel Zorro surgissant sur son cheval noir pour sauver la veuve et l’orphelin, de temps en temps, un petit malin réussit à sauter à pieds joints sur la frontière qui sépare ces deux extrêmes et à contenter tout le monde. Un juste milieu entre hommage appuyé, référencé et assumé et une personnalité propre. Et DEATHEVOKATION fait partie des rares élus.

La réussite de ‘The Chalice Of Ages’ ne tient pas vraiment à ces attributs, qui ont tous été de toutes façons ouvertement piqués à untel ou untel, mais à la façon dont ils ont été tous agencés ensemble. Si ASPHYX période Martin Van Drunen est la première référence qui vient à l’esprit à l’écoute de ces titres au tempo parfois lent et aux mélodies morbides n’hésitant pas à dépasser les huit minutes, la mise en place ‘pâteuse’ (Cobra Commander et ses sbires me comprendront) des riffs et surtout la voix bien gutturale et pourtant compréhensible évoquent, elles, la scène Finlandaise (CONVULSE, DEMIGOD etc.). En fait, DEATHEVOKATION réussi à se ménager un petit coin à lui tout seul en réussissant ses mélanges : entre death old-school et doom graveleux, entre brutalité rampante et mélodie (le break de ‘The Monument’ allant même jusqu’à ressembler à du KATATONIA vintage !) ou entre brutalité et mélancolie sournoise. Il y a toujours le juste dosage, ni trop ni pas assez. Et puis il y a cette foi quasi-mystique qui anime le leader du groupe Götz Vogelsang et qui transpire par tous les pores de ‘The Chalice Of Ages’, disque où chaque détail (argh, cette pochette !!!) a été pesé et soupesé pour rendre gloire au death-metal avec un grand D.

En fait, vu que nous adorons chipoter, on pourrait au final émettre deux regrets : une durée générale (61 minutes) qui en découragera certains et un mixage parfois un peu stérile qui manque de ces grumeaux qui auraient donner au son général une patte plus cru et donc plus adapté à l’atmosphère de caverne que ce skeud cherche à susciter. Mais n’en déplaise à certains, comme le black-metal, une bonne partie de la réussite d’un disque de vrai death-metal vient de l’ambiance qu’il dégage et de la pureté de l’attention qui l’anime. Et à ce petit jeu là, DEATHEVOKATION défonce tout aussi facilement qu’un tank le crâne d’un petit moineau, même si le disciple S/M amateur de bastonnage intensif préfèrera sûrement se faire ratatiner par le dernier DEEDS OF FLESH que par ce premier album à l’effet avant tout insidieux…


Rédigé par : Zozo | 17/20 | Nb de lectures : 11005