Il nous arrive près d’un an après sa sortie dans le réseau de distribution hexagonal mais cela serait bien dommage que de faire l’impasse sur le troisième album de DEATHBOUND, formation finlandaise à la délicatesse agricole sevrant d’exutoire à quelques membres de …AND OCEANS (rebaptisé depuis 2006 HAVOC UNIT probablement pour ne plus avoir à subir de harcèlement relatif aux horaires des marées) également présents dans ROTTEN SOUND adjoint du chanteur de DEATHCHAIN.

Je ne me tromperais probablement pas en remémorant à certains que nous avions été quelques-uns à porter sur la face, la marque de cinq séries de phalanges que nous avait laissée le groupe avec « To Cure the insane with insanity », son premier album sorti courant 2003. On se souviendra de leur brutal death bouillonnant, énervé et puissant. Deux ans plus tard, « Doomsday Comfort » tristement célèbre pour être la dernière production de Mieszko Talarczyk à peine quelques semaines avant sa tragique disparition dans un tsunami de merde et nous voici aujourd’hui avec le troisième volet des aventure de DEATHBOUND.

5 ans après les premiers balbutiements du groupe, la consanguinité existante entre HAVOC UNIT, ROTTEN SOUND et DEATHBOUND est toujours d’actualité malgré un très léger changement de line-up d’apparence sans conséquence. Signalons au passage que depuis la sortie de ce disque, le batteur de DEATHBOUND est désormais celui-ci de ROTTEN SOUND. Bref, c’est plus une gestion de formations, c’est une véritable partouze de zicos.

Toutefois, après avoir écouté plusieurs fois ce « We deserve much worse » j’en arrive à me dire que, si j’avais mis la main (et les oreilles tant qu’à faire) dessus plus tôt, mon article concernant le dernier ROTTEN SOUND aurait sans doute été quelque peu différent. Difficile, en effet de ne pas faire un certain rapprochement avec « Cycles » sorti en ce début d’année car ce n’est plus exactement au même DEATHBOUND que nous avons affaire aujourd’hui. Le death metal énervé taillé façon « ‘tain, j’vais t’la mettre ta volée !!! » visiblement victime d’un réchauffement climatique, s’est évaporé pour laisser du terrain à de bonnes grosses influences punk avec de vrais bouts de grind. Bon, c’était déjà un peu le cas pour « Doomsday Comfort » mais là, ça atteint des proportions plus significatives. Grand coup de freins à main également sur les rythmiques. Si le vrombissement de la basse décolle toujours aussi bien de le papier-peint récalcitrant (faudra que je les invite à ma crémaillère pour les remercier), la batterie n’officie plus systématiquement dans le rôle de sulfateuse qui lui était jusqu’alors réservé. Terminé la distribution de mandales (d’aucuns parlerons de multiplication des pains en ces périodes pascales), désormais DEATHBOUND groove, varie les plaisirs et lève le pied pour nous plaquer des plans plus lourds, plus rock’n’roll et surtout plus entraînants qui collent assez bien avec les accélérations débridées ou les relents keupons simplistes mais toujours agréables. On ajoute là-dessus un chant mi-gueulé, mi-growlé et on obtient une recette qui fonctionne plutôt bien qu’on pourrait qualifié de ROTTEN SOUND modéré et un chouia plus punk.

Hélas, aussi plaisant à écouter, aussi habile à nous faire taper du pied que puisse être « We Deserve… », cet album souffre d’un léger défaut de répétitivité. Si l’écoute d’un morceau provoque une certaine félicité, la succession des 18 titres à la chaîne laisse une impression un peu moins favorable tout simplement parce qu’on a l’impression de se farcir encore et toujours la même chanson pendant une grosse demi-heure. Même si cela ne perturbe pas véritablement l’écoute et ne remet pas en cause l’efficacité globale du disque c’est tout de même un peu ennuyeux et on se dit que DEATHBOUND s’est peut-être un peu trop reposé sur son feeling punk.
Disque sympa au demeurant mais dont on se lassera peut-être un peu trop vite. Dommage !


Rédigé par : Tonton | 14,5/20 | Nb de lectures : 10553