Métalliquement, si l’Irlande s’est surtout fait connaître par PRIMORDIAL (et aussi par le fameux groupe de grindcore expérimental, THE CORRS), elle semble depuis quelque temps se mettre au Heavy/Thrash. Après ARMY RISING chroniqué en ces pages par Velvet Kevorkian, voici que débarque chez le même label (Rising Records) DEAD LABEL, trio formé à Cellbridge en 2008 et ayant la particularité d’avoir dans ses rangs une batteuse. Le groupe s’est déjà fait remarquer dans son pays natal, en reportant le « Crypt Trials Battle of the Bands » avant même d’avoir sorti quoi que ce soit. Après les récompenses obscures obtenues par les groupes danois de chez Mighty Music, voilà que les Irlandais s’y mettent aussi. Alors voyons ce que vaut le premier album de ces champions…

Après une intro mélodique et un poil mélancolique (qui peut évoquer… PRIMORDIAL tiens), Sense Of Slaughter aligne 11 titres de Thrash moderne lorgnant vers un Metalcore couillu, avec pour influences revendiquées MACHINE HEAD, LAMB OF GOD, PANTERA, METALLICA et SLIPKNOT. Les riffs sont acérés et oscillent entre assauts rythmiques groovy et lignes mélodiques entraînantes, et les morceaux vont à l’essentiel sans partir dans des délires progressifs. Il n’y a pas beaucoup plus à dire si ce n’est que les compos sont de qualité et suffisamment variées pour que le groupe présente un minimum d’intérêt dans un style vu et revu, avec certains passages de premier choix comme "Reign" ou "Assume Nothing" ou encore "Raising the Veil", bien que l’album soit un peu longuet (45 minutes). En revanche, pour son premier album DEAD LABEL montre quelques défauts qui sont à gommer au plus vite. Le chant est horripilant, un unique chant hurlé tout du long qui devient vite énervant, plus core que Thrash, parfois accompagné de quelques backings growlés. Le son bénéficie de l’apport du producteur Mark Daghorn qui a bossé avec CRADLE OF FILTH, ORANGE GOBLIN et TRIGGER THE BLOODSHED (entre autres), mais on est bien loin du son décapant de Degenerate de ces derniers. Seules les grattes rythmiques arrachent bien, le reste est assez faible (pour quelque chose présenté comme étant moderne) et surtout, SURTOUT, le problème vient du son de caisse claire. Le son « poc poc ping ping » que je m’amuse toujours à essayer de reproduire en tapant du coin du poing sur mon bureau. Bref du pur St.Anger (en un peu moins surmixé quand même) et je me demande toujours comment les groupes font pour laisser passer ça au mix final en se disant probablement « putain, le son de batterie il DECHIRE ! Méga-puissant ! ». Bref…

Dans l’ensemble, ce premier album de DEAD LABEL est une galette tout à fait correcte de Thrash mi-groovy mi-mélodique, avec ce qu’il faut de riffs incisifs. L’originalité n’est pas de mise bien évidemment et nous avons ici tous les symptômes du « premier album » pas encore tout à fait travaillé pour figurer parmi des groupes avec plus d’envergure. Mais le trio irlandais n’en est qu’au début de sa carrière et il est difficile de lui en tenir rigueur, malgré des défauts qui rendent l’écoute de Sense Of Slaughter ardue. Il faudra donc attendre la suite des évènements pour leur donner une véritable chance. Néanmoins, je tiens à souligner l’honnêteté du label (Rising, pas le label mort) qui ne présente pas ce disque comme « le chef-d’œuvre du grand groupe du moment qui va retourner toute l’Europe » mais plus simplement en disant que « le groupe espère se faire remarquer avec la sortie de leur premier album et ainsi jouer quelques concerts en support ». Respect…


Rédigé par : ZeSnake | 13/20 | Nb de lectures : 11531