Mine de rien, même si elle continue de temps à temps à sortir des nouveautés (ayant d’ailleurs souvent un rapport de près ou de loin avec Rogga Johansson de PAGANIZER qui a pratiquement open-bar chez elle), la petite structure batave VIC RECORDS est en train de se spécialiser dans la réhabilitation, non seulement de la scène death du début des années 90 (OBSCENITY, CARBONIZED) mais aussi de la scène batave tout court. Mais attention de la réhabilitation ultra-pointue qui l’a vu exhumer quelques pépites soit plus ou moins connues (PENTACLE, MANGLED, POLLUTED INHERITANCE) soit carrément obscures de chez obscures (MORTHRA, SWAZAFIX), catégorie à laquelle appartient DEAD END…

Pour être sincère, même de mon côté, j’étais complètement passé à côté d’eux il y a vingt ans. Il faut dire que leur héritage sur le papier est assez maigre : en cinq ans d’existence entre 1988 et 1993, ils n’ont sorti que deux démos et un 45 tours avant de splitter. Et sur ces six musiciens, deux seulement feront encore parler vaguement d’eux avec WISH, le groupe de gothic/doom formé par Bart Smits, le premier frontman de THE GATHERING, qui n’a laissé qu’un album derrière lui sorti il y a de plus de vingt ans. Bref, a priori du menu fretin, surtout qu’après avoir commencé dans un style très death-metal, de leur propre aveu DEAD END a progressivement dérivé vers un style de plus en plus gothique (enfin, tel qu’on le définissait au début des années 90), notamment en intégrant un violoniste à plein temps lors de la dernière année de son existence, qui laissait craindre quelque chose ayant affreusement vieilli. Et bien non. Enfin presque pas… Oui, un truc comme l’outro de leur ultime enregistrement « A Dreamer’s Lament » avec ses claviers Bontempi et sa voix murmurant à la lumière des bougies est affreusement daté. Mais lorsque le groupe passe en mode metaaaaaaaal, il ne boxe pas dans la même catégorie.

Bien sûr, on parle là d’enregistrements démos, par définition réalisés avec les moyens du bord en peu de temps. Bien que leur tout premier enregistrement soit le plus rustre et le moins intéressant, ‘Tales…’ (1991) et surtout ‘Purity’ (1992) se révèlent quand même être des beaux exemples de ce que la Hollande pouvait alors proposer, un death très caverneux avec un chant particulièrement guttural et dont les sinueuses guitares commençaient tout juste à se parer de teintes doomesques mais sans pour autant perdre de leur mordant death. Plus le tempo est pachydermique (« Shroud ») et plus on pense bien sûr aux démos de PARADISE LOST et MY DYING BRIDE – déjà deux références très populaires aux Pays-Bas – mais ceux qui, comme moi, sont restés à tout jamais bloqués sur le premier album de CELESTIAL SEASON retrouveront ici ce mélange somme toute de solennité et de colère néandertalienne.

Même si il y a une vraie différence entre leur 45 tours de 1993 – où l’inclusion donc d’un violon et de claviers les emmenaient doucement mais sûrement vers une direction plus soyeuse qu’ils n’atteindront donc jamais – et les deux démos qui l’ont précédé, les douze morceaux que DEAD END laisse derrière lui en guise d’héritage ont une vraie cohérence et ont surtout plutôt bien vieilli. Et bien même si le tout est tiré d’un bon vieux bootleg réalisé par un fan lors d’une prestation en ouverture de PESTILENCE en 1992, l’ajout de trois titres live permet à cette compilation de dépasser les soixante-dix minutes de durée totale. Comme quoi on se fout de la gueule du client…

L’ironie dans l’histoire, c’est que dans les quelques textes contenus dans le livret, leur bassiste Alwin parle de sa fierté d’avoir participé à cette aventure mais aussi de l’impossibilité du groupe de se reformer un jour. Or juste après la sortie de ‘Forever is Not Eternal’, devinez qui vient d’annoncer justement sa reformation et notamment deux dates en France in novembre, einh qui ?




Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | Réédition/ | Nb de lectures : 8532