David Pajo est surtout connu pour avoir été le guitariste de SLINT, formation emblématique du rock indépendant des années 90, considérée par certains comme les initiateurs du son post-rock. Après avoir sorti deux albums mythiques avec ce groupe, le monsieur poursuit sa carrière en collaborant avec divers artistes comme Billy Corgan (et son groupe ZWAN), les post-rockeux de TORTOISE ou encore le folkeux Will Oldham (aka BONNY ‘PRINCE’ BILLY), en plus de travailler sur ses projets solos, la plupart du temps dans une veine post-expé-machin comme PAPA M, AERIAL M ou le bien opportunément nommé PAJO.
Compte-tenu de ce CV, il est légitimement surprenant de le retrouver crédité sur ce disque au visuel résolument typé : patronyme et morceaux explicites (à base de « death », « skulls », « devil », etc), titre belliqueux, lettrage à l’avenant et photos de groupe avec pose de circonstance… Un disque doté de tous les atours « métal » donc, ce qui s’explique certainement par la musique qu’il contient, nettement plus métallisée et agressive que tout ce que à quoi Pajo a pu participer jusqu’à présent, même dans les morceaux les plus tendus de SLINT (en outre reformé pour des concerts à guichets fermés il y a quelques années).
On retrouve d’ailleurs dans DEAD CHILD, à part Pajo, d’autres membres de cette (re)formation ayant aussi officié dans d’autres groupes cultes de la scène indé-post-noise-etc, comme entre autres SHIPPING NEWS (toujours en activité) ou CRAIN (groupe noise-rock culte dont l’unique album a été réédité il y a peu par l’excellent label Temporary Residence Limited), ainsi que deux autres musiciens complétant le quintet.
Amateurs de SLINT, ou des groupes précités, ne vous méprenez pas : la doublette de guitaristes-auteurs du vibrant « Good Morning Captain », entre autres hymnes du rock indé, nous dévoile ici une facette bien différente de son talent, épaulée dans son ouvrage par le batteur des teigneux LORDS, un bassiste barbelu et un chanteur digne héritier de Halford, Dickinson, et autres héros de la NWOBHM (mais tout de même affranchi de certains gimmicks, comme les vocalises suraiguës). Dans un hommage avoué aux groupes références du style des années 70 et 80, DEAD CHILD nous laisse à entendre 11 morceaux de métal old-school tenant autant du METALLICA des débuts que de BLACK SABBATH, rappelant ici IRON MAIDEN (la virtuosité en moins) ou là le thrash de la bay-area. Car ici point de growls, de blasts ou de descentes de manche, et l’intelligibilité est nettement privilégiée à l’agression sonore pure et simple.
Une affaire de potes jouant une musique en hommage à leurs jeunes années donc, sans chichi ni esbrouffe, et sans prétention autre que celle de se faire plaisir : la production est sobre, les morceaux simples et directs, finalement plus dans une veine heavy-alt-rock (?!?!?) que purement heavy… mais sans originalité non plus, et définitivement bien loin des standards actuels du genre. Une curiosité plus qu’un futur classique, sauf peut-être pour les fans hardcore de David SLINT Pajo et affiliés.


Rédigé par : NicoSata | / | Nb de lectures : 10331