Depuis les premiers émois causés par la première vague de death mélodique venant du Nord de l’Europe (DISMEMBER, EDGE OF SANITY et leurs amis) et le deuxième effet Kiss Cool au milieu des années 90 avec le raz-de-marée en provenance de Göteborg (AT THE GATES, DARK TRANQUILLITY, IN FLAMES), la scène death/thrash mélodique a pas mal évolué ou, plus justement, a su intelligemment s’adapter aux inévitables évolutions que le mélange d’influences en vogue depuis quelques années a provoqué. Elle s’est notamment élargie sur toute l’Europe continentale et ses meilleurs représentants ne sont plus les seuls groupes suédois, comme le démontre DEADLOCK à chacune de ses sorties.

« Manifesto » est le quatrième album des Allemands, le deuxième avec la p'tite Sabine qui a officiellement intégré le groupe en 2006 après plusieurs années de collaboration. Entre tradition et modernité, DEADLOCK mixe le death mélodique des anciens, avec des éléments électro, joue sur le convenu mais plutôt efficace duo chant death/black-chant féminin et se lance même sur « Deathrace » dans une fusion metal/hip hop réussie qui laisse entrevoir de nombreuses possibilités d’évolution. Peut-être plus encore que ses prédécesseurs, cet album semble vouloir s’épanouir au-delà des frontières très cloisonnées du métal sans pourtant y parvenir. Pour preuve, l’intro « The Moribound Choir vs The Trumpet Of Armageddon » et son beat techno sur lequel on attend de voir arriver de grosses guitares à la PAIN époque « Rebirth » mais qui en reste là. « Martyr To Science » prend bien la suite avec le même riff, mais il n’est plus ici question d’hybridation, les styles se suivent et ne se confondent pas. Même chose avec « Deathrace » et son final Hip Hop, qui offre d’un côté un très bon titre dynamique et accrocheur et de l’autre une belle outro mélancolique totalement Hip Hop mais quelque peu déconnectée du morceau. A ce compte-là, autant en faire un titre à part comme TRC l’a fait sur son premier album, le rendu est tout aussi percutant mais on a moins l’impression de cassure.

Pour le reste, on ne peut guère reprocher autre chose à DEADLOCK que de faire partie de ces groupes qui proposent toujours des produits bien faits mais dont aucun n’est destiné à devenir un classique. Cette fois encore, on a droit à de bons morceaux servis par une très bonne prod (sub-drop pawa !), de bons arrangements, un chant clair féminin soigné avec quelques intonations à la Anneke Van Giersbergen (AGUA DE ANNIQUE, ex-THE GATHERING), 2-3 blasts et ces éléments non métal qui enrichissent la musique du groupe. On notera également la jolie pochette, déclinée en deux versions à cause de l’édition limitée, assez peu commune dans le style que ce soit au niveau des couleurs ou du choix de l’illustration. En fin d’album, la reprise du « Temple Of Love » des SISTERS OF MERCY sonne comme du CREMATORY en plus pop, conclusion très sympathique pour un disque qui aurait mérité une meilleure intégration de tous les styles abordés.


Rédigé par : Dungorpat | 15/20 | Nb de lectures : 13929