Pas facile d’innover dans un genre aussi balisé que le metalcore/deathcore où, grosso modo, tout a déjà été dit et bien dit depuis une petite dizaine d’années. Pourtant de nombreuses formations continuent de battre la brèche et de mélanger hardcore et metal dans une joyeuse sarabande de notes, de breakdowns, d’accordage bas, d’intermèdes plus mélodiques, de riffs chugga-chugga et de tout ce qui définit le style en fait. DAWN OF JUSTICE fait partie de ceux-là. Les natifs de Pau pratiquent un metalcore viril AOC de tradition. Tradition récente mais tradition tout de même.

Tout de suite on pense à August Burns Red pour la teneur globale de l’artwork, de la pochette, de la police d’écriture… Puis on écoute et dans la musique on retrouve aussi le style des Ricains en tongs dans les enchaînements riffs mélodiques sur grosses rythmiques lourdes et breakdowns efficaces. Le son des guitares y fait furieusement penser aussi. Ca tombe plutôt bien, il s’agit de l’un des fleurons du genre. La voix, dans DAWN OF JUSTICE est plus colérique, plus criée, un poil arrachée ce qui amène une petite touche un peu plus tough guy. On note aussi un beau travail de production sur les vocaux qui sont parfois doublés, accompagnés de choeurs pour plus de profondeurs et de variations. Globalement le prod est de qualité mais avec une petite saveur « fait à la maison » qui n’est pas déplaisante. Ca donne du charme, du cachet. Les morceaux s’enchaînent avec plus ou moins de bonheur. Parfois vraiment très bon comme « Superhero » avec un gros travail de composition et d’écriture qui fait sortir le titre du lot. Parfois, c’est moins bon. « As Breathe Of Life » par exemple avec ses riffs patauds et ses relents d’Emmure et d’Oceano plus très frais.

« Seeds », dans un style très formaté, est un album qui souffle le chaud et le froid. Le chaud vient de la qualité technique évidente des musiciens. Ca joue, ça tient la route et c’est carré de partout. Le froid vient d’un manque d’originalité parfois flagrant et pénalisant. Certains morceaux font penser à tout un tas de groupes de metalcore/deathcore ricains, pas la peine de les citer vous les connaissez aussi bien que moi. Toutefois, comme je l’ai signalé, quelques morceaux sortent du lot et font montre de beaucoup de qualité. « Superhero » donc ou encore un « Warzone » direct et sans fioritures qui bénéficie en outre de la participation d’Eric de Black Knives. Un morceau lourd, plus groovy que la moyenne et porté par des moshparts efficaces. Une belle manière de terminer l’album sur une bonne note. Maintenant il va falloir gommer tous les tics deathcore un peu lourdingues et attendus au niveau de la voix ou de certains breaks gratuits et plus que recuits. En éliminant le gras superflus, en travaillant les compositions et en cherchant sa propre voie, DAWN OF JUSTICE peut parvenir à se faire une place dans le circuit metalcore velu européen car des qualités, les Sudistes en ont mais le plus dur reste à faire : se démarquer dans une scène plus encombrée que le périph parisien un jour de départ en vacances. Il leur faudra donc de la patience, une attention de tous les instants et du boulot.




Rédigé par : Seb On Fire | 13/20 | Nb de lectures : 12168