Imagine toi : ta chaîne hi-fi, c’est le Styx et cette galette, c’est Charon.

*Sursaut*

« Enfer-Pandémonium, 40 minutes d’arrêt avant la Transylvanie! ».
Ca grouille.
« Allez y, approchez! Vacarme, brutalité, n’hésitez pas Madame, on brade ». Et là, pépère, tu croises ce cerbère de Dawn of Azazel qui est sacrem…, euh pardon, diaboliquement agressif : il t’attrape, pourfend ta chair, te broie les os mais il te lâche pas la canaille, il s’acharne! Petit diable va!
Car il va te retourner et te mettre une bonne correction cet album. Je ne te parle pas du p’tit coup de fourche dans les fesses, je te parle d’une véritable descente aux enfers où tu sentiras sur ta nuque le souffle putride et brûlant du seul, du vrai, de l’inégalable… Belzébuth! Ca picote diablement.

L’enfer sur une rondelle de plastique, tu n’y crois pas? Je sais, « y’en a qu’ont essayé, ils ont eu des problèmes… ».
Mais tu fais le Malin? Môôôsieur a lu Milton, il est culturé et il cite, l’air de rien, des passages de la bible qui commencent par « Thou Shalt ».
Je te vois venir petit : groupe de la Nouvelle Zélande dit mouton, dit bouc (Horns up). Nouvelle Zélande dit ultimate rugby, dit défonce le crâne de ses adversaires, dit le peu de dents qu’il te reste, je les loge dans ta cervelle en passant par la cloison nasale (sccruiiitch)… Tu as sûrement raison.

Revenons à notre histoire : atmosphère oppressante, odeur âcre, cris de damnés déchirant cet air vicié par la haine. Enfin, nous y sommes! Des années d’errance et d’égarement mais nous l’avons enfin notre châtiment. Délicieuse torture.
On se laisse happer, on s’abandonne au plus profond, au malsain, à l’instinct primaire, viscéral. On aime se sentir écrasé. Ce n’est pas un enfer de pacotille pavé de ‘Hail Satan’ ou frappé de corpse paints : on le sent, on le vit, il se loge en nous pour mieux nous consumer et jouer avec les tripes, arracher le cœur, tordre le corps, un cri…

Dawn of Azazel, un rejeton teigneux et infâme à la musique infernale, démoniaque tant elle sent la viscère, le soufre et la débauche. La lourdeur caverneuse du death copule avec le malsain du black et le core arrive, chargé de son énergie suintante, pour que débute une belle mais douloureuse partie à trois. Cette entité tricéphale mais trépanée est vicieuse, elle ne vous découpe pas avec un scalpel désinfecté. Non, non, elle préfère vous lacérer avec un couteau à entrecôte chauffé à blanc. Les guitares charcutent et envoient du boyau pendant que de petites notes aigus tailladent et transpercent. Le cri blesse, une voix de dépecé, tranchante. Et le tambour de l’apocalypse achève le carnage, sans pitié, dispersant les lambeaux et piétinant les restes. Le son est très brut, ‘raw’, juste équilibre entre la moiteur chaude d’une tripe et le tranchant froid d’une scie. L’artwork de l’album est à l’image de l’album: saignant, douloureux, déchirant…

Engoncé dans ma douleur, j’aimais me laisser aller à mon supplice. Mais je me suis senti danser, le gros intestin en boa autour de mon cou, le grêle autour de mes hanches, houla hoop, la danse n’est que plus facile quand on est démembré. Car en plus d’être raffiné dans l’art de la torture, ce molosse est puissamment groove, il se déhanche le bougre, il fait le beau pour pouvoir ensuite broyer son gros nonosse. La moelle giclera alors et glissera dans son joli gosier. La bête se plait à faire souffrir.

On revient de ce voyage vidé et sale, que dis-je!, ratatiné, marqué au fer rouge, les yeux en sang, injectés de furie rédemptrice, les bras m’en tombent. Car cette débauche de violence fait du bien, la sauvagerie m’a sauver. Gloire à toi Azazel, bannis soit ton nom, viens à nous et apporte la parole du tréfonds dans nos contrées asap steuplait.


Rédigé par : jvice | 18/20 | Nb de lectures : 13348