La scène HC/punk italienne se porte à merveille, à tel point que les plus obscurs groupes locaux commencent à s’exporter aussi. Je vous présente donc Datakill, un groupe de hardcore à l’ancienne basé à Imperia, petite bourgade paumée sur la côte quelque part entre Nice et Gênes. Il va sans dire que je n’avais jamais entendu parler d’eux, mais c’était avec une grande curiosité que je m’attaquais à ce disque, mû par le secret espoir de me prendre une grosse claque comme pour les bombes Values Intact, The Miracle ou The Difference larguées ces dernières années.

Datakill nous sert ici un hardcore mariant allègrement les différentes époques du genre: les années 80 pour le côté résolument old-school, les années 90 pour les vocaux très typés hip-hop (Downset, quelqu'un ?) et les années 2000 pour la production et certains passages empruntés au metal. Ce groupe est particulier à plus d’un titre: il s'agit d'un trio guitare-basse-batterie, assez rare dans ce style finalement, mais surtout le chant est assuré autant par le bassiste que par le guitariste, et ceux-ci s’expriment exclusivement en italien ! Avouez que ça en fait, des originalités...

Pour en venir au contenu de l’album à proprement parler, la première chose qui étonne est la qualité de la production. Le petit label italo-anglais Built To Last a mis les petits plats dans les grands et Datakill en profite d’une manière impressionnante. Les musiciens sont, de plus, parfaits dans le style, on en vient d’ailleurs à oublier qu’ils ne sont que 3 et on ne peut que leur tirer un coup de chapeau pour la maîtrise dont ils font preuve : le guitariste a un jeu très varié, sans pour autant abuser d’effets et artifices, et la section rythmique assure particulièrement, ce qui est une nécessité pour ce style tout en groove. Les deux chanteurs se complètent très bien, l’un possédant une gouaille hardcore plus agressive que l’autre dont le timbre plus mélodique sait se faire magnifique par instants. Non, décidément, ce n’est pas du côté technique que le bât blesse, pour être honnête. Je n’ai tout simplement jamais été un grand fan des groupes de ‘hop-core’, ce crossover entre hip-hop et hardcore que Downset et Dog Eat Dog (puis Nastasee et All Boro Kingz par la suite) ont popularisé au milieu des 90s. Cet album contient certes d’autres richesses, mais cette facette est malheureusement prépondérante. On trouve ainsi des titres intéressants et entraînants comme ‘Qualcuno Arrivera’ ou ‘Aria’, quand les guitares se font plus agressives et le chant vraiment superbe, mais rien de vraiment mémorable au bout du compte. L’ensemble manque en effet cruellement de pêche, d’énergie et de folie, le phrasé hiphop finissant par lasser et les morceaux paraissant bien trop longs au bout du compte. Guilleret, primesautier, insouciant, voilà des adjectifs qu’on verrait bien accolés au mot hardcore sur les stickers descriptifs du CD. Je n’ai absolument rien contre cela, mais ce n’est définitivement pas ma tasse de cappuccino.

Si vous recherchez de l’originalité à tout prix, Datakill pourra sûrement vous en procurer, pour peu que vous appréciez le mélange des genres, le phrasé hiphop et les ambiances ‘sautillantes’. Je conseillerais aux nostalgiques de Downset et Dog Eat Dog, et donc aux adeptes d’All Boro Kingz, de jeter une oreille sur ce disque, ces Italiens méritant sincèrement qu’on leur donne leur chance.


Rédigé par : Candiria-Thon | 12/20 | Nb de lectures : 12340