Il fallut quasiment quatre ans pour que débarque ce nouveau Dark Sanctuary que certains d’entre nous n’attendaient plus. Comme c’est assez rare de chroniquer ce genre, j’avoue que j’étais dans mes petits souliers lors de la réception de ce nouvel opus baptisé sobrement "Dark Sanctuary". Difficile de trouver un titre pour exprimer l’idée singulière inscrite dans la conception de l’œuvre. Cette dernière est divisée en trois parties distinctes comportant chacune quatre morceaux.

Le premier segment intitulé "Neiges Eternelles" nous emmène dans les affres de la perte de l’être aimé via le prisme de la rigueur de l’hiver.
L’axe central invite l’auditeur à partager les derniers instants de la vie d’une vieille femme sous l’œil enfantin d’une poupée.
Enfin, le dernier acte nous plonge dans les pensées d’une insurgée sur le chemin de son exécution.

Musicalement, chaque volet se voit de la même manière développé selon les différentes trames dont est composé ce septième album. En effet, même si les orchestrations campent sur les mêmes ingrédients, il apparaît que d’un chapitre à l’autre, les instruments sont plus ou moins mis en valeur afin d’illustrer au mieux les différentes atmosphères abordées durant ce triptyque.

Ainsi, la première partie se montre la plus lyrique. Lors de cette traversée hivernale, nous sommes accompagnés par le piano tout en accords sombres et lourds, de violons tristes et lancinants et quelques arpèges de harpe donnant un léger cachet médiéval. Il s’agit du mouvement où le chant se fait le plus opératique.
En revanche, ce dernier se montrera discret et subtil lors de la scène suivante. Malgré l’évocation des derniers instants d’une vieille femme, l’ambiance se pare des attributs de l’enfance grâce à l’utilisation du clavier qui ne cesse de sonner comme une comptine. Un chapitre tout en contraste où le chant s’absente et où les airs enfantins se voient contredits par les violons aux tonalités graves et poignantes.
Le final arbore un visage plus dramatique et solennel. Le groupe a inséré des bruitages samplés afin de mieux faire vivre cette exécution à l’auditeur. Les morceaux s’apparentent à des marches funèbres et martiales. Alors que jusque-là, la rythmique était quasiment inexistante, cette dernière prend son envol via des roulements militaires et des attaques martiales. Les cordes se montrent à la fois violentes et virevoltantes. On a le droit à une véritable dramaturgie avec des effets de mise en scène lors de cette conclusion.

A l’instar des illustrations réalisées par Victoria Francès qui ornent chaque titre dans le livret, les morceaux prennent l’apparence de miniatures faites de simplicité, de sobriété voire d’un certain minimalisme. Un sentiment de préciosité se dégage de ces compositions plutôt brèves.
C’est un peu ce qui m’ennuie car j’aurais tant aimé mettre une grosse note à ce projet tant décrié.

Certes l’œuvre est de bon goût, pleine de qualités mais il y a une absence de souffle qui s’avère dommageable pour une œuvre romantique. On se trouve finalement assez rarement pris à la gorge. Il y a bien des moments absolument poignants comme sur "L’hiver est fini", "Fin de vie" ou "Le chemin vers la délivrance". Le reste de l’œuvre est indéniablement belle mais s’écoute d’une oreille distraite.

De ce constat découle et ce malgré les trois segments différents, un sentiment de redondance ou plutôt un manque de parti pris tranché. Ainsi, j’aurais aimé une violence martiale plus affirmée lors du final. De même, peut-être que la comptine aurait gagné à plus de variations.
Allez, histoire de faire mon chieur, j’ai beau apprécié les qualités vocales de Dame Pandora lorsqu’il s’agit de jouer sur la subtilité des émotions, je reste malheureusement réfractaire lorsqu’elle va forcer dans les aiguës. Son timbre se dévoile criard et fort peu agréable à mes oreilles. De même, le vibrato mis à toutes les sauces finit par agacer.

Au final, les fameux dessins illustrent parfaitement la musique. C’est joli mais le trait est un peu mou, le rendu un peu lisse et laisse un petit goût de cliché. Attention, cela est indubitablement de la belle ouvrage mais je ne peux m’empêcher de ressentir le manque de cet élan romantique et tragique qui aurait dû tout emporter sur son passage et nous envahir jusqu’aux larmes.


Rédigé par : Dark Rabbit | 13,5/20 | Nb de lectures : 12764