Je pourrais jouer les pauvres kronikeurs malheureux et vous bassiner avec la nouvelle mode des promos sur lesquels on vous rajoute des messages, histoire de couper l'herbe sous les pieds à ceux qui balancent honteusement les albums en MP3 sur les réseaux P2P. Oui, je pourrais, ça ferait un peu de remplissage et ça pourrait cacher l'éventuel fait que je ne connaisse strictement rien à DARK FUNERAL et que je ne sais donc pas quoi dire de cet album mais que cependant je dois quand même remplir le quota syndical de lignes en vigueur dans mon webzine. Je pense cependant qu'entendre les lamentations d'un kronikeur ne vous intéresse pas et puis il se trouve que je connais parfaitement ce groupe norvégien.
"Diabolus interium", le précédent album du groupe, qui date tout de même de 2001, ne m'avait pas vraiment enthousiasmé. La longue période de silence qui l'avait suivi n'augurait selon moi rien de vraiment bon. Le groupe semblait plus que jamais en panne d'inspiration. L'an dernier, l'espoir était quand même revenu avec "De Profundis Clamavi ad te Domine", un album certes live donc dépourvu de la moindre nouveauté mais qui, nous montrait un groupe au meilleur de sa forme et qui avait bouleversé mon échelle de valeurs des albums live de musique extrême. C'est donc plein d'espoir que nous avons attendu la cuvée 2005 de DARK FU et il faut bien le dire, nous n'avons pas été déçu. Dès les premières écoutes, cet album s'est révélé réjouissant. Il n'apporte pourtant rien de nouveau, le groupe a conservé la même formule qu'il applique sur ses albums depuis maintenant plus d'une décennie, à savoir un black métal rapide et sans concession, basé sur des riffs simples mais néanmoins redoutablement efficaces qu'il n'hésite pas à réutiliser à outrance tout au long du morceau. On ajoute par dessus la batterie ravageuse de Matt Modin et le chant écorché de Emperor Magus Caligula et on obtient DARK FUNERAL, un groupe dont on reconnait instantanément le style (chose assez rare pour être soulignée ici) brut et dénué de la moindre fioriture. La seule petite nouveauté que l'on peut porter au crédit du groupe est l'utilisation un peu plus grande de breaks, vous savez ce genre de petits breaks à l'efficacité dévastatrice qui permettent de souffler un peu et surtout de repartir de plus belle. Ce genre de variations apporte selon moi énormément à l'album et font passer les 8 titres et 42 minutes comme papa hamster dans maman hippopotame. Deux précautions valant tout de même mieux qu'une, le groupe s'est quand même fendu, comme à son habitude d'un titre "lent", placé stratégiquement au début de la seconde moitié de l'album, titre d'ailleurs très bon qui permet d'entendre un peu la basse.
Côté production, le groupe a delaissé les frères Tagtgrën et les studios avec qui ils avaient travaillé sur leurs dernières réalisations pour tenter l'aventure avec Daniel Bergstrand et le résultat est vraiment excellent. Tout en étant très puissant et compact le son de cet album est assez clair pour que l'on puisse en distinguer tous les instruments (sauf peut-être la basse, mais ça c'est habituel...). C'est cependant au niveau du chant que le travail du producteur suédois se révèle le plus impressionnant. Ce dernier a été mis en avant et nous rappelle si besoin était que Emperor Dominion Caligula, n'est pas le premier venu et que côté hurlement strident, il sait y faire et qu'il n'a pas besoin d'utiliser d'effet pour se montrer très convaincant.
Mine de rien DARK FU vient de nous pondre un des meilleurs albums de black brutal de l'année. Doit on exiger ça de DARK FUNERAL en 2005 ? Définitivement oui.
PS: oui je sais, ils sont suédois, c'est juste pour piéger les éventuelles truffes qui ne lisent pas les kroniks jusqu'au bout et cherchent la moindre occasion de nous tomber dessus à bras raccourcis et qui se sont donc précipités pour poster un commentaire incendiaire qui fera passer leur bêtise à la postérité.


Rédigé par : Sheb | 17/20 | Nb de lectures : 17432