DARK FORTRESS – Profane Genocidal Creations (Red Stream/Adipocere) - 05/04/2003 @ 15h50
Suite à un passage à vide de quelques années, le dark metal classique bouillonne de nouveau presque comme au bon vieux temps. A la consécration d’un groupe comme Mörk Gryning viennent s’ajouter les retours programmés de Dawn et surtout Dissection, qui annoncent pour les tenants des guitares fuselées et des mélodies éclair une logorrhée de plaisirs en récompense de leur abstinence prolongée. Mais le soleil noir qui se lève lentement sur la Suède ne manque pas de projeter quelques rayons meurtriers alentours, et en l’occurrence c’est d’Allemagne que nous parvient leur plus étincelante réflexion.
Crédibilisés par un premier album (« Tales of Eternal Dusk ») ovationné au niveau national, Dark Fortress n’ont guère végété avant d’élargir leur champ de conquêtes sous la bannière du label américain Red Stream Records. Le style est reconnaissable entre mille et ne demande pas des trésors d’adaptation, pourtant il dissémine une classe telle qu’on se demande pourquoi si peu de groupes s’en sont fait les chantres à ce jour. La réponse est évidemment toute simple : jouer du dark metal digne de l’étiquette requiert une certaine maestria technique et de la suite dans les idées, car il n’est nullement question de confiner l’écriture à un enfilage cyclique de riffs et de refrains façon collier de perles. Niveau compétences, Dark Fortress n’ont de leçons à recevoir de personne. A travers une quantité appréciable de morceaux étirés en longueur et en richesse, ils prennent le temps de faire étalage de dispositions affûtées dans les domaines de la brutalité et de la musicalité dynamique, un cocktail qui fait bon ménage sur « Profane Genocidal Creations ».. Les guitares bien replètes chassent en meute compacte, relevées d’une pointe d’acidité caractéristique qui leur permet de bien perforer aux avant-postes lors des leads et de conférer aux riffs marquants ce mordant à la Dissection qui se marie tellement bien aux cavalcades binaires de la batterie.
Contrairement à Dawn, qui aiment à tricoter de longs raids hypnotiques autour d’une poignée de thèmes pivots, Dark Fortress n’hésitent pas à charpenter leurs morceaux en chapitres individuels pouvant héberger des scénarios instinctifs et des tempos fortement éclectiques, ce qui les rend assez difficiles à mémoriser, mais d’autant plus captivants par leur imprévisibilité renouvelée au fil des visites. Le groupe étonne également par son ouverture substantielle à une multitude de plans puisés dans des courants connexes que l’on n’associe pourtant pas toujours directement au dark metal (musique de guitares par excellence), et par un usage très consensuel de ces derniers pour l’élaboration d’un jeu exclusif qui ne résonne pas comme un patchwork opportuniste ou claudiquant – qui a dit Abyssos ? C’est ainsi que le synthé tient par exemple le haut du pavé en plus d’une occasion, donnant à certains passages une touche orchestrale très nette débordant sur le gothique lorsqu’elle est couplée à des déclamations austères qui ne sont pas sans rappeler Cradle of Filth lors de leurs oraisons cryptiques. A ce sujet l’intro est très intéressante, qui enroule intelligemment une grandiloquence symphonique bourgeonnante autour d’un marais de simili-vacance sonore qui donne un premier aperçu de la patience de composition du groupe et de son goût pour les mystères. Ailleurs, comme sur le brillant « Passage to Extinction », une chanteuse se fend d’une contribution largement plus qu’anecdotique dans un registre proche de celui de la demoiselle qui prêta son talent au fameux titre « Insanity’s Crescendo » de Dark Tranquillity. Malgré tout, Dark Fortress restent un ensemble où les guitares sont en position dominante avec une apparence qui, dans le souci de promouvoir une authentique conscience obscure, limite les populaires emprunts au thrash et au heavy à leur strict minimum – une larme de groove par-ci par-là pour relancer la machine ou fixer l’armature.
Les reproches que l’on pourrait faire à l’album ne sont en aucune façon infamants, toutefois ils posent une bride, souple mais coriace, sur l’enthousiasme que l’on peut ressentir à son écoute. Il y a d’abord les affres d’une production à l’étouffé qui, conjuguées avec la complexité de la musique, obligent à écouter l’album à fond les grelots pour le préserver des distractions extérieures, le revers de la médaille étant la perte de clarté dans l’amplitude entre basses et aigus, puisque le syndrome « marmelade » fait son apparition à partir d’un certain volume – sans que cela devienne jamais catastrophique, soyons justes. De plus le chant black souffre d’anonymat et n’insuffle pas l’élan attendu pour véritablement propulser les passages les plus rudes dans une sphère de haine absolue. Quelques menus ajustements donc, ça et – peut-être – une meilleure mise en valeur des sommets emblématiques, qui devraient assurer à Dark Fortress un passe-droit vers une reconnaissance globale parmi les amateurs de metal extrême éclairé.


Rédigé par : Uriel | 14.5/20 | Nb de lectures : 8215




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Proti
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Invité
Posté le: 20/06/2007 à 14h30 - (43552)
Putin d'album de black teuton excellent !!! Ca déchire tout !

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