Formé en 1997 sous le nom "Domination", les Lettons de Dark Domination ont ajouté un "Dark" à leur patronyme après avoir glissé du death au black en 1998. La bande, malmenée par Lord Messir (hu hu), sort sa première démo "Blasphemy" en 2001, concentré de true sur bande magnétique qui sera réédité par la suite. Le line-up du groupe se stabilise en 2004 avec l'arrivée d'un deuxième batteur (oui, ça surprend). Les festivités percussives sont de courte durée puisque le dénommé Frostmourn va aller se faire pendre ailleurs, et plus précisément dans la forêt à l'été 2004, avant l'enregistrement du second opus "Let Satan Speak Through our Lips". Précisons que le groupe a sorti une VHS enregistrée début 2005 lors d'une de ses rares prestations live. "Rebellion 666" a vu le jour en mars 2006, précédé d'une édition limitée à 200 copies en février.

Si la pochette est un dessin crayonné représentant des squelettes courant au combat (que c'est laid), l'intérieur du livret est bien plus original. Outre les jolies photos des membres du groupe, on trouve sur les pages des textes des peintures réalisées par le Français Antonin Delas. Si les couleurs vives et le dessin surprennent de prime abord, il se dégage de ces illustrations quelque chose de pas catholique, comme si un gamin psychopathe avait fantasmé un monde rempli de monstres. Vous pouvez avoir un aperçu de ces peintures sur le site d'Antonin Delas (dans la série comportant Envie/Desire). Il est rare que je décrive un booklet, mais celui-ci tranche tellement avec la qualité du reste...

Hélas oui, Dark Domination nous ressort allègrement des riffs assez peu excitants, fortement influencés par la scène suédoise. Les compos sont très traditionnelles, probablement trop car rien n'en ressort au final. Des leads viennent apporter la caution mélodique sur des rythmiques assez bateau (frôlant la naïveté parfois comme sur "Tormentor of Orthodoxy"). Le groupe enchaîne bien mais voilà, rien. Comme après l'ingestion d'une boîte de raviolis, on se dit qu'on s'est nourri d'un aliment de base et que le souvenir n'en sera pas mémorable. Bref un album relativement plat où l'auditeur est en quête d'une éventuelle ambiance. Seuls l'instrumental "War March against Christianity" (constitué uniquement de percussions et de la cornemuse de Barbals du groupe Auli) et le bonus track "Edasi, Saatana Lapsed!" (avec Lembetu des excellents Loits au chant) apportent un peu de fraîcheur à un ensemble empesé.

Et le pire, ce sont les interludes... Chacun des sept titres de l'opus est suivi d'une intro calibrée à deux minutes trente. Sept longues intro composées d'un extrait soit d'un film ou d'une fausse interview (une sucette à qui me donnera la réponse). Dans ces extraits qui forment une seule et même séquence saucissonnée, une voix fortement ralentie relate des évènements liés au satanisme et en français. Je n'ai pas pris la peine de péniblement tout décortiquer. Les coupures tombent parfois comme des cheveux dans la soupe: je pense à "Af Kold is er mit Hjerte" qui est lancé par l'occulte début de phrase "C'était dans une ville du sud de la France et les gens ont trouvé dans une consigne d'une gare SNCF...". La suite vous attend au prochain intermède... Pour un Francophone, le résultat est assez rigolo. Mais les non-Francophones seront probablement bien lassés aussi de se taper près de dix-huit minutes d'un monologue sur fond de bontempi sci-fi. Même si l'album dure plus d'une heure, on a le sentiment de s'être fait avoir.

L'exécution des titres est par contre impeccable. Dark Domination a pris le chemin du studio Fenikss pour enregistrer fin 2004, début 2005. Le groupe de Riga a opté pour un son avec des guitares dans les mediums et une batterie à la double qui claque. Au final, le résultat est plus qu'agréable et tous les instruments sont parfaitement audibles. Dommage que les compos ne suivent pas...

Au bilan, un album plus que moyen dont les quelques moments intéressants sont entrecoupés d'intermèdes inutiles. Sans ceux-ci, Dark Domination aurait peut-être pu tirer son épingle du jeu, mais hélas "Rebellion 666" incite à presser la touche "Next" toutes les trois minutes. Porteur de trop peu d'espoirs et de gros défauts, cette première sortie du label Evil Distribution est à oublier, sauf pour les mordus du style. Dommage, le livret est joli...


Rédigé par : Prince de Lu | 08/20 | Nb de lectures : 12352