Chacun sera libre d’apprécier à sa façon les dernières (hélas de plus en plus rares) productions d’Holy Records mais nom de Zeus, sa seigneurie de l’Argillière avait quand même le chic de dégotter à la fin des années 90 et au tournant des années 2000 des groupes qui ne ressemblaient à aucun autre. Et en grand fanatique de doom que j’ai toujours été, pour moi en plus de GODSEND (aaaaaaah, ‘As The Shadows Fall’ !) l’une des plus belles étoiles de sa galaxie, hélas apparemment aujourd’hui éteinte, restera à jamais TRISTITIA, incroyable projet de l’exilé Luis Galvez aux sonorités uniques mélangeant lourdeur pachydermiques à la CANDLEMASS et de véritables trésors guitaristiques inépuisables, que cela soit dans ses solos mirifiques ou dans ses (trop ?) nombreux interludes acoustiques plein de subtilité.

Oyez donc nostalgiques de ‘One With Darkness’ (1995) et autres ‘Crucidiction’ (1997), réjouissez-vous donc car son successeur le plus crédible vient enfin de pousser ses premiers vagissements. Enfin presque… Pour schématiser, DARK COVENANT et TRISTITIA sont demi-frères et partage pas mal de gènes venu du même père. Mais ils ont des caractères similaires et pourtant différents : sans véritable guitar hero dans l’arsenal et avec un chanteur qui pratique le même style opératique mais avec une consonance plus heavy-metal (on croirait parfois Mark Shelton de MANILLA ROAD sous hélium !), DARK COVENANT marche plus droit et ne se perd pas dans des digressions instrumentales.

Mais on retrouve malgré tout le même sens du dramatique et ce même sens de la posture tragique seul face à la tempête en haut de la falaise les cheveux dans le vent (tintintiiiiin!). Il faut avouer que c’est aussi la limite de ce premier album, parfait petit illustré du doom traditionnel à consonance épique aux thématiques ultra-codifiées (la damnation, la fin du monde, tout ça) surtout pas ‘gâché’ par une quelconque accélération inopportune ou emprunt à quelconque autre style. C’est clair, ces Québécois ont une idée fixe et se sont concentrés à fond dessus pour l’appliquer, quitte à manquer d’ouverture et de diversité, même si une petite concession a été faite sous la forme d’une intro et d’une outro symphoniques qui, paradoxalement, sonnent très 90’s avec leurs effets sonores et leurs synthés fait maison. De là à donner un orgasme aux fans hardcore du genre tout en emmerdant avec force et vigueur tous les autres ?! Sûrement.

PS : Ce qui est marrant, c’est que ses protagonistes viennent bizarrement tous de la scène black-metal (FJÖRD, SOMBRE CHEMIN, etc.). Ce qui est par contre moins ‘Rires & Chansons’ c’est qu’un certain nombre de ses obscurs groupuscules glougloutent justement plus ou moins dans la sphère NS. Mais bon, on va leur donner le bénéfice du doute aux cousins, hein dites ?!


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 13/20 | Nb de lectures : 12454