Attention, si les derniers souvenirs que vous gardez de DARK AGE sont les albums The Silent Republic (2002) et Dark Age (2004) qui avaient fait l’objet d’un mini-buzz sur VS, à l’écoute de A Matter Of Trust vous aurez l’impression de vous réveiller d’un long coma ou d’être dans une sorte de « 28 mois plus tard ». Ou plutôt dans un univers de Science-Fiction car DARK AGE est passé dans une dimension alternative. Oui, car il faut désormais parler de Metal alternatif pour étiqueter la musique des Allemands. Acedia n’était finalement qu’un album de transition (le meilleur album de transition de tous les temps ?) pour amener le groupe d’Eike Freese vers son nouveau style, bien éloigné du mélodeath classique pratiqué jusque Minus Exitus (2008).

L’affaire était donc entendue et avec A Matter Of Trust, DARK AGE a plongé dans des eaux alternatives qui risquent de moyennement plaire aux fans de leurs débuts. Une question de confiance ? Si l’on pouvait attendre un album dans la lignée plus « soft » de Acedia, les Allemands sont allés bien plus loin. Le mélodeath a quasi totalement disparu, se résumant à des riffs Metal caractéristiques du groupe ici et là. Le chant death, il n’y en a plus que 3 lignes et demie sur tout l’album et Eike se concentre sur un unique chant clair, tempérant un peu la versatilité impressionnante dont il avait fait preuve sur Acedia. Le Metal de DARK AGE est donc désormais très épuré, parfois épique à grand renfort d’orchestrations, résolument mainstream et alternatif, et usant également de pas mal d’effets électroniques. On pensera au SYBREED de The Pulse Of Awakening en plus poussé encore, et cette fois-ci les collègues de BozKiller vont pouvoir vraiment se moquer de lui, car on retrouve ici du LINKIN PARK (certaines montées de Eike font très Chester, c’est à prendre ou à laisser), enfin il faut bien avouer que LINKIN PARK est très probablement incapable de pondre un album de la trempe de A Matter Of Trust.

Dans le sens d’une évolution Mélodeath -> Metal alternatif, on pensera aussi à IN FLAMES mais DARK AGE a nettement mieux réussi son truc, il faut dire que Acedia était une excellente transition comparée au changement brutal entre Come Clarity et A Sense Of Purpose. Et si le Metal alternatif était aussi bien fait que celui de A Matter Of Trust, nul doute qu’on en écouterait plus souvent. Le départ de l’album n’est pas foncièrement surprenant, on sent bien le Acedia en plus soft avec "Nero" et l’excellent single "Afterlife". Ensuite, des morceaux comme "Fight!" et "Dark Sign" n’hésitent pas à sortir les riffs et le son du groupe demeure reconnaissable. C’est sur le reste que ça pourra coincer. Pour du DARK AGE, c’est quand même pas mal sucré, et quand un morceau comme "Out of Time" démarre en riffing incisif et chant death avant de se laisser emporter par un refrain niais, on ne sait trop quoi en penser. Il faut donc se farcir les très alternatifs "Don’t Let the Devil Get Me", "Glory", "The Great Escape", "The Locked In Syndrome" ou encore "Onwards!" qui n’hésitent pas à mettre la gomme au niveau des claviers et autres effets, le tout dans l’ambiance urbaine nocturne présentée par les visuels de l’album. L’ensemble est tout de même réussi -pour du Metal alternatif- à l’image du très bon "My Saviour", mais DARK AGE a fait des choix artistiques qui peuvent rebuter…

A Matter Of Trust n’en est pas moins inégal, il y a de bonnes choses tout comme d’autres trucs assez ennuyeux, souvent au sein même des morceaux. Plus que la direction prise (est-elle forcément répréhensible ?), c’est le résultat qui peut être cible de critiques. Soyons honnêtes, en considérant le Metal alternatif en tant que tel, A Matter Of Trust est un très bon album pour le style. Le groupe allemand est probablement capable de faire mieux, mais pour une entrée assumée dans le style c’est un départ convaincant. Le genre pratiqué demande quelques morceaux sucrés et il faut faire avec de toute façon. Il est sûr qu’on aurait aimé plus de riffs, plus de voix death et un truc qui reste mélodeath, mais DARK AGE a évolué à sa façon. A Matter Of Trust est forcément décevant après la bombe qu’avait été Acedia, mais à part pester sur ce que le groupe est devenu on ne peut pas faire grand-chose, car il a pris sa décision et a pris un virage musical qui ne plaira pas à tout le monde. Risqué, mais des morceaux forts sont là, l’ensemble se laisse au minimum écouter et apprécier et en résumé A Matter Of Trust est un bon album de Metal alternatif ; maintenant est-ce que c’est un bon album de DARK AGE, c’est une toute autre question…


Rédigé par : ZeSnake | 14/20 | Nb de lectures : 12447