Pour qui veut bien parcourir les news et les commentaires de VS régulièrement, Darkness Dynamite est un patronyme bien connu. Haï par les uns, détesté par les autres, le groupe parisien n'est pas en odeur de sainteté auprès d'un lectorat qui peine pourtant à motiver une telle rancœur. Tout juste a-t-on pu comprendre que les gars avaient déçu en live, mais c'est arrivé à d'autres avant eux, que l'on n'a pas accusés de tous les maux de notre pauvre planète malade pour autant.

Et sinon, quoi ? Une session photo toutes mèches dehors ? Des dégaines de poseurs ? Un membre dissident parti former Betraying The Martyrs (l'autre groupe à abattre) ? La belle affaire !

La vérité, c'est que tout poseurs qu'ils soient, les DD ont plutôt bien joué leur coup. Passer de l'anonymat complet à l'écurie Metal Blade en un an n'est pas à la portée de toutes les formations (même beaucoup mieux peignées). Et si l'on conviendra d'emblée que Darkness Dynamite ne réinvente pas la roue avec « The Astonishing Fury Of Mankind » (un titre en réaction aux commentaires de VS ?), il a le bonheur de la faire rouler droit.

Pourtant, une fois le CD engagé dans la platine, les choses commencent en demi-teinte. Tout sature, comme si le mix et/ou le mastering avaient été réalisés avec les vu-mètre bloqués dans le rouge. L'effet « Death Magnetic », en pire. Est-ce un problème propre au CD promo que l'on ne retrouvera pas sur la version du commerce ? C'est à souhaiter. Et puis ce « Supernatural », qui ouvre les hostilités n'emballe pas. Curieux choix pour un titre d'attaque que ce morceau convenu, pataud, et aux riffs éculés. L'espace d'un instant, on se dit que finalement, le gang des langues de pute avait peut-être vu juste. Mais non, en fait. Le punchy et catchy « Hell Eve Hate » recentre le débat pour de bon, et les choses sérieuses peuvent enfin commencer. Le style du groupe se dessine un peu mieux : reprenant à son compte la formule magique (commercialement, s'entend) du metalcore, DD y ajoute une touche non négligeable de mélodie et des gros refrains décuplés qui s'immiscent durablement dans le cortex. Rien de véritablement inédit, nous sommes bien d'accord, mais l'efficacité est bel et bien là. A l'instar d'un One-Way Mirror ou d'un Dagoba, les cinq Parisiens s'inscrivent dans l'air du temps avec un savoir-faire plutôt convaincant pour un coup d'essai. Reste que les pistes de progression ne manquent pas : ainsi, la voix de Junior Rodriguez par trop monocorde peut lasser sur la longueur, et certains riffs ont un air de déjà entendu. Mais rien de véritablement dommageable qui viendrait gâcher la découverte de titres aussi réussis que « Immersion Inner-Nation », « Vice » ou encore « Dare I Say ».

L'avenir dira si Darkness Dynamite est un feu de paille et si ce premier album restera un one-shot. A vrai dire, on ne le leur souhaite pas, car il est évident que le combo part sur de bonnes bases et peut mieux faire encore. N'en déplaise à la cohorte beuglante de ses détracteurs les plus endurcis, qui devront, maintenant l'album sorti, trouver des arguments un peu plus convaincants que « c'est des pédés » pour occulter le véritable intérêt du groupe.


Rédigé par : Rahahaaz | 14/20 | Nb de lectures : 14617