A la différence des autres groupes que j’ai pu chroniquer ici ou là, Darkened Nocturn Slaughtercult affiche une belle longévité et accuse une notoriété relativement importante pour un groupe de black UG. La faute, sans doute, à des albums de bonne facture, pas forcément géniaux mais suffisamment authentiques et rentre-dedans pour que tout fan traditionnel de black puisse y retrouver ses petits.

Groupe teuton fondé en 1997, "Necrovision" est leur cinquième album et, disons-le de suite, il se situe dans la droite ligne des productions précédentes : la marque de fabrique du groupe est parfaitement reconnaissable au travers d’un black furieux, majoritairement rapide, bien exécuté et qui fleure bon le thrash. La production est correcte, les instruments se distinguent sans peine, le batteur assure gentiment, le chant de la demoiselle n’ayant par ailleurs rien à envier à ses homologues mâles. Alors ?

Ben, voilà, tout ça me laisse un peu circonspect. "Necrovision" est un album agréable pour ceux qui découvriraient le black ou le groupe avec ces morceaux. Mais pour les spécialistes, l’ensemble sonne diablement classique.

Il est vrai que cet album ne manque pas de qualités. Le son de la batterie est très chouette ; ça blaste sec mais de façon très organique. L’instrument joue parfaitement son rôle de « propulseur » de la musique, la rythmique ayant toujours eu un aspect important dans DNS. Et même lorsque le tempo ralentit, le batteur tient la cadence, imprime sa patte sur le morceau et guide toujours, en quelque sorte, les autres instruments comme s’ils avaient tous été conçus à partir de la batterie. Les second et troisième titres illustrent bien ce propos. Sur la quatrième titre, la batterie joue encore un rôle à part où, non contente de soutenir la structure même du titre, elle apporte également un élément d’originalité en jouant parfois en décalé. Il faut encore noter, sur ce titre ("In the hue of night") l’effort de construction du morceau avec un foisonnement agréable de mid-tempos, d’accélérations brutales et de mélodies. On sent que le groupe a de la bouteille. On sent également l’influence Tsjuder qui reste, pour ma part, le groupe le plus proche « intellectuellement » de nos Allemands. Puis, sur le cinquième titre ("Coronated spheres of adversity"), le rythme pourtant très soutenu est accompagné fort joliment d’ambiances plus funèbres qui confèrent au titre une aura particulière.

Globalement, vous l’aurez compris, le niveau du batteur est pour beaucoup dans la qualité de cet album (écoutez donc les petits « arrangements » sur le titre 6, "The eviscerator"). L’intensité dégagée par la batterie apporte une sensation de haine et d’étouffement propre à ce type de black ultra racé. Et lorsque le son est à la hauteur, c’est encore mieux, naturellement.

Mais voilà, plusieurs points obscurcissent le tableau. D’abord, l’amateurisme des enchaînements des trois premiers titres : on entend le « clic » de la prod’ à la fin des morceaux… La honte, à ce niveau. C’est un peu comme si un candidat à Top chef ne savait pas faire cuire des pâtes ou comme si Prince de Lu chroniquait les albums de Striborg de sa propre volonté (je sais que vous apprécierez la comparaison). Ensuite, l’impression forte d’entendre sur certains titres la grande influence Tsjuder voire du Satyricon des débuts. Enfin, un côté trop monolithique des morceaux, assez interchangeables.

Hormis ces défauts, l’amateur de black intransigeant, qui veut une jolie production, claire et puissante, pourra se rabattre sans souci sur cette galette de qualité. Le spécialiste écoutera d’une oreille moins attentive, sauf pour les prouesses du batteur.

Un mot, comme toujours, sur l’artwork, très sympa.


Rédigé par : Raziel | 13/20 | Nb de lectures : 13754