J'entends d'ici les rires gras et moqueurs. C'est vrai qu'entre les Sodomy Torture, Goat Semen ou autres Anal Vomit de mon compère à la langue de vipère et les noms bariolés que se trimbalent certains groupes traités par votre serviteur, l'heure est plutôt au festif. Et il est certain que beaucoup qui lisent cette chronique ne connaissent même pas de nom les joyeux lurons de Darkened Nocturn Slaughtercult. Quelques-uns se souviennent de leur passage dans l'émission Tracks sur Arte. Mais il n'était pas facile de retenir un tel nom à rallonge écrit vite fait au bas de l'écran. Et en plus, jusque récemment, il fallait du flair pour dégoter les albums de DNS.

Depuis "Hora Nocturna", le groupe est maintenant de plus en plus présent dans les bonnes distros. Mais son attitude n'a pas toujours été aussi "ouverte". Fervents défenseurs de l'autoproduction, nos cousins germains privilégiaient la vente de leurs albums via leur site web (qui est très bien foutu, au passage). Cette autarcie n'a probablement pas aidé à diffuser leur musique, mais l'attitude est respectable. Et cette fois encore, il s'agit d'une autoproduction malgré une bien meilleure distribution.

"Hora Nocturna" est donc le troisième opus du groupe (désormais trio, depuis le départ du bassiste en octobre dernier). Peu de surprises si vous connaissiez déjà "Nocturnal March" : on reste dans un black germanique, mélodique et rapide. DNS ne se positionne au-dessus de la mêlée musicalement, donc ne vous attendez pas à l'intervention d'un biniou électrique ou d'un concombre satanique. Le black est allemand, classique, mais sait se montrer efficace. Pendant 40 minutes, ça bastonne correctement, avec à peine l'interlude-titre pour se reposer au milieu. Les plus bourrins trouveront peut-être l'objet mollasson, bien plus pêchu existant de nos jours. Ils n'ont pas tort, mais je prends globalement du plaisir (bande de polissons) à l'écoute d'un album bien fait, avec son lot de passages acoustiques et de leads mélodiques dans la tradition boche. Du travail de pro, en somme.

Niveau son, les fréquences basses sont bien mises en valeur et donnent un sentiment agréable de pression constante. Tous les instruments sont bien identifiables dans un mix confortable qui met en avant la voix criarde de Onielar. Et la gente dame (qui est également un des guitaristes) n'a pas à rougir de la concurrence masculine dans ses parties vocales endiablées. Voilà, on a vite fait le tour du propriétaire, ce qui est le principal défaut de "Hora Nocturna".

Au bilan, voilà un album qui déboule à cent à l'heure, qui passe très vite... et dont on ne retient rien de vraiment essentiel. S'il est très plaisant à écouter, il manque probablement un ou deux brûlots à DNS pour espérer tutoyer la première division. C'est comme le foot ou les outils de jardinage allemands : le résultat est propre et rien ne dépasse, mais ça manque souvent de fun.

Des extraits de tous les titres sont disponibles sur le site du groupe


Rédigé par : Prince de Lu | 14/20 | Nb de lectures : 11009