Je me souviens du jour où j’ai été confronté à DANKO JONES pour la première fois, en première partie des BACKYARD BABIES, à Paris…je me souviens être venu pour me prendre une bonne dose de rock vitaminé dans la face de la part de mes Suédois préférés, sans même savoir si un amuse-bouche allait nous être proposé. Là n’était pas l’essentiel… Puis, en entrant dans la minuscule Boule Noire, j’aperçois 3 gars qui montent sur scène et qui ont la prétention d’annoncer qu’ils vont nous donner un concert de rock…mouais… « Vous emballez pas les mecs, on s’y connaît en rock, et c’est pas à vous trois que vous allez révolutionner le genre ! » me suis-je alors dit. Et d’ajouter : « Alors, jouez vos deux ou trois accords, et rendez la place à vos copains suédois qui risquent de vous montrer un truc ou deux ».
Je crois que j’avais dû penser trop fort…Le lutin canadien tout excité qui a commencé à s’agiter devant moi avait dû m’entendre, et s’était juré de me le faire payer à coups de riffs assassins, de rock brut comme je n’en avais pas entendu depuis mes premiers émois Acédéciens. Et le bougre avait passé le mot à ses comparses, une section rythmique qui m’a fait comprendre le véritable sens de l’expression tant usitée "power-trio" ! Dès les premiers accords, mon corps ne répondait plus, la tête s’agitant de haut en bas, le pied droit tapant le sol à intervalles réguliers, et ce sourire béât figé sur mon visage…un coup d’œil autour de moi pour me rendre compte que le public dans son ensemble semblait avoir été atteint par le même virus. Bref, le pied instantané ! Une énergie communiquée par un groupe sûr de son (mé)fait, une leçon de rock couillu, et une découverte de premier choix !

D’emblée, je me suis procuré l’album que le groupe était venu défendre live, le bien nommé "I’m alive and on fire". Et là, même constat, cette énergie débordante, encore mal servie par une production toutefois plaisante pour son côté brut, mais pas assez puissante pour faire honneur à la puissance que DANKO JONES peut dégager sur scène.
Les albums suivants ont permis au groupe de combler en partie cet élément qui lui faisait défaut, d’affiner son style, et également de tutoyer les charts à grand renfort de titres mieux calibrés pour le grand public.

5 ans et 3 albums plus tard, les canadiens nous reviennent avec un "Sleep is the enemy" qui s’inscrit dans la droite lignée des précédentes œuvres. D’un son très dépouillé, live et brut, DANKO JONES est passé à une production certes plus travaillée, mais également plus aseptisée. Les arrangements se font désormais plus nombreux, les chœurs plus présents, et les mélodies plus évidentes, de celles qu’on peut entendre sur les ondes rock, et qui font plaisir avec la perspective des jours ensoleillés qui arrivent. L’impact ces dernières années d’un groupe comme THE DARKNESS pourrait avoir eu une influence sur la tournure plus "commerciale" des Canadiens…

Quoi qu’il en soit, la musique reste de qualité et c’est bien tout ce qui importe. Les singles potentiels se comptent en nombre sur ce nouvel album ("Sticky Situation", "Baby Hates Me", "When Will I See You"…), et tant mieux si le groupe parvient à en glisser un ou deux dans les charts, ce sera entièrement mérité. Car au-delà de l’aspect lissé du son DANKO JONES, certains éléments constitutifs de la musique du combo canadien perdurent : des riffs ultra efficaces, des mélodies immédiatement mémorisables, un feeling rock incontestable…bref, du tout bon, du qui-fait-secouer-la-tête-et-qui-fait-taper-du-pied…

L’essentiel du rock, quoi !


Rédigé par : Sentenced | 15/20 | Nb de lectures : 13353