Dälek, c’est du Rap (une bonne introduction, je trouve pour me faire lyncher sans plus attendre…). Certains ne comprennent sûrement toujours pas pourquoi un tel engouement et pourquoi les réactions, que suscite ce groupe, sont aussi motivées… Parce que même si Dälek, c’est du Rap, c’est du bon Rap (pas le Rap du pauvre en provenance de certaines cités françaises…).

Pour preuve, le combo intéresse de nombreux acteurs de la scène musicale extrême et pas n’importe lesquels. Tout d’abord, Ipecac et Mike Patton ont tous deux flashé sur le trio composé de Dälek (au micro et à la prod), Oktopus (à la prod) et Still (aux platines). Et entre Ipecac et Dälek, il semble que l’histoire est faite pour durer, puisque c’est le deuxième album qui sort sur le label (le prédécesseur de «Absence», au nom à rallonge de «From Filthy Tongue of Gods and Griots», étant sorti en 2002). Oui, Dälek a sa place largement méritée aux côtés de formations maîtresses telles que Tomahawk, The Melvins, Isis, Fantômas, Guapo et Skeleton Key, puisque Dälek, c’est du Rap barré et expérimental. Pas étonnant non plus à partir de ce premier constat, qu’il ait été donné la possibilité au sieur Oktopus de remixer un titre de l’album d’Isis «Oceanic» (faisant partie d’une compilation de remixes sorti sous la forme de quatre vynils EP en édition limitée et au format double CD), aux côtés d’autres bidouilleurs de sons tels que Mike Patton (encore lui…), James Plotkin ou encore Justin Broadrick. D’ailleurs, il est à noter que ce dernier avait convié le personnage de Dälek pour une collaboration de bon ton, lors de la réalisation d’une composition se trouvant sur le dernier de Techno Animal («The Brotherhood Of The Bomb», sorti en 2001), alors qu’en 2000 un split Techno Animal/Dälek avait vu le jour… En connaissant l’ensemble des faits, il devient donc aisément compréhensible que nos trois mélomanes en viennent à assurer la première partie - pour de nombreuses dates européennes - d’Isis, aux côtés de Jesu. Concerts atypiques, me direz-vous. Mais Dälek a l’habitude, puisqu’il a également ouvert pour Tomahawk, The Melvins, The Thrones…

Dälek, c’est avant tout (du Rap, oui. Mais, je l’ai dit et redit plusieurs fois jusqu’ici…) du bidouillage sonore, un enchevêtrement de sons électroniques se combinant et se recombinant au point que l’on finit par s’oublier en plein milieu de certains morceaux… Outre cette composante forte à tendance expérimentale, la musique, comme le chant, présente un caractère lancinant au possible. Et les sonorités dans leur globalité sont glauques, aussi… Car ces couches, nappes et mesures bruitistes ne font que renforcer, tout le long des presque un heure de zique, le malaise sonore. Mêlant le côté sombre des tous premiers Massive Attack, la hargne et l’aspect provocateur de Public Enemy, les plages présentent tour à tour des compositions surprenantes à l’effet à la fois narcotique et maléfique… «Culture for Dollars», «A Beast Caged» ou encore «Eyes to Form Shadows» nous ensorcèlent sans que l’on sache vraiment pourquoi… Sont-ce ces beats Hip Hop, cette voix matraquant sans relâche ou encore ces sons synthétiques parfaitement en osmose avec l’ensemble ? Pour vous convaincre que Dälek vaut son pesant de mots débités à la minute, je vais reprendre les termes d’un confrère chroniqueur et prédicateur à l’autre bout de la Manche (Vuk Valcic d’Artrocker.com) : «Dälek, c’est un savant mélange, jamais tenté auparavant, entre esprits Rock, Noïse et Hip Hop…». Cette remarque est loin d’être fausse… Dälek, c’est différent de tout ce que vous avez pu entendre jusqu’ici.



Rédigé par : DeadStar | 16/20 | Nb de lectures : 11645