Cette fin d’année est placée sous le signe du Black Sympho avec les sorties quasi consécutives des nouveaux DIMMU BORGIR et CRADLE OF FILTH, figures de proue du mouvement au milieu des années 90. Une belle occasion, s’il en fallait une, de parler de ce nouveau groupe, DAGOR DAGORATH, et de son album « Yetzer Ha’ Ra ».

Sorti en août 2009 chez More Hate Productions, il a quelques mois plus tard été diffusé plus largement par Twilight Vertrieb et est donc facilement trouvable depuis ce début d’année. Destiné très ostensiblement aux amateurs de Black Sympho/Atmosphérique, il s’inspire grandement des travaux de ses deux aînés sur des albums tels que « Puritanical Euphoric Misanthropia » ou « Cruelty And The Beast », des albums qui marient emphase des claviers et brutalité des compositions. Les Israéliens restent donc dans un cadre plutôt extrême malgré l’omniprésence des mélodies et l’importance des parties sympho. On ne s’écarte jamais trop des sentiers battus chez DAGOR DAGORATH, même si à quelques moments on peut entendre des sonorités électro (« Vicious Circle ») ou « ethniques » avec l’intro de « The Call » qui évoque la musique traditionnelle juive.

Après une première réaction positive (« Hmmm, ça beute !!! ») et une deuxième phase moins enthousiaste, plus circonspecte (« Mouais, yzinventerien »), on passe rapidement à une troisième qui sera, en tous cas en ce qui me concerne, la dernière : pour un premier album, ces gars-là démontrent un savoir-faire indéniable et prouvent qu’ils ont déjà une base solide sur laquelle se reposer pour s’épanouir sereinement. Il n’est pas évident de construire des morceaux longs qui se tiennent et ne tirent pas quelques bâillements, surtout dans ce style où tout peut vite être pompeux, friser le ridicule ou tout simplement être insipide. En sept titres (dont un, « Wind Cry », déjà présent sur une démo) pour une cinquantaine de minutes au total, DAGOR DAGORATH se montre en effet très à l’aise dans tous les registres : brutalité (chaque morceau ou presque comporte son lot de blasts et parties rapides), arrangements (les claviers, par exemple, ont un rôle important, qu’ils viennent en support des riffs/rythmiques ou jouent leurs propres partitions), mélodies (à l’instar de CRADLE, les Israéliens font souvent référence au Heavy Metal et usent également avec justesse du classique trémolo) et même les vocaux.

Même si les leaders du genre semblent courir après leur glorieux passé sans parvenir à le dépasser ou tout au moins l’égaler, il semble que cette scène ne soit pas tout à fait morte. Il faudra à DAGOR DAGORATH affirmer sa personnalité s’il veut perdurer, mais son premier jet est assez réjouissant et, de plus, doté d’une bonne production et d’une belle présentation avec Spiros « Seth » Antoniou à la palette graphique (SEPTIC FLESH, NIGHTFALL, PARADISE LOST, EXODUS…). Quelques éléments, comme ces fameux claviers électro ou encore un riff Göteborg style, toujours dans « Vicious Circle », laissent entrevoir beaucoup de possibilités quant au développement musical du groupe, sans parler de références ethniques qui pourraient être plus marquées, comme leurs compatriotes d’ORPHANED LAND peuvent le faire ou, dans un registre plus proche d’eux musicalement, MELECHESH. A surveiller de près donc, c’est que le début, dagor dagor…


Rédigé par : Dungorpat | 14/20 | Nb de lectures : 13044