Pour nombre d'entre nous, Patrick Mameli est une de ces références sacrées, placées sur les plus hautes marches du panthéon des icônes du Death Metal. Que ceux qui ne connaissent pas PESTILENCE aillent s'acheter une conduite et surtout "Testimony Of The Ancients" et "Spheres", deux albums aussi différents qu'indispensables pour comprendre le génie du Death technique du début 90's et surtout cerner un peu le personnage en question.

Patrick Mameli, guitariste talentueux, et éternel insatisfait, fut clairement ébranlé par l'échec commercial de "Spheres". Pourtant au fond de lui le germe du mélange Death et Jazz ne s'est jamais atrophié. Délaissant sa guitare pendant dix ans, ce n'est qu'il y a quelques années que des rumeurs sur C-187 nous arrivèrent. Et comme derrière une rumeur il y a souvent quelque vérité, l'annonce d'un line-up et d'un album ne tarda pas à se faire jour. Cela pris des années, mais maintenant il est bien là: l'album est dans mes mains, et un rêve d'ado vient de se concrétiser: parler à cette idole lors d'une interview fort sympathique, que je vous propose de découvrir ici.

Mais parlons de ce disque et tout d'abord de son line-up de rêve Mameli - Reinert (DEATH/CYNIC) - Choy (ATHEIST/CYNIC/PESTILENCE) et de Tony Jelencovic (MNEMIC, M.A.N, TRANSPORT LEAGUE) au chant. De l'aisance et de l'amitié des trois premiers ressort un disque très groovy, forcément jazzy aux encoignures, et à la Pestilence’s touch inévitable - le style Mameli, avec ses riffs syncopés, ses glissandos, et sa main droite plombée -, il suffit d'écouter les riffs de "Collision", "Roadblock" ou encore "Cruisin' 4 a bruisin'" pour s'en convaincre. Il y a peu de soli, certainement quelques effets Midi, rares, ici et là; et l'ensemble est très varié (pas deux morceaux pareils). Enfin l'ensemble bénéficie d'une super prod de Jacob Hansen où tous les instruments vivent et prennent leur place.

De la voix "HardCore" variée de Jelencovic ressort un choc. Une ambiance inattendue, limite gangsta rap à la Body Count, se dégage tout au long de l'album. Non, ce n'est pas un faux album de Pestilence; non, ce n'est pas du Death mais pourtant on n'en est pas loin; oui c'est résolument moderne (cette sonorité, ce trip lié aux modulations des voix où tous les registres y passent – sacrée performance au passage -); oui c'est foutrement agressif et dérangeant (n'oublions pas que ça parle d'homicides, de problèmes comme on les voit toutes les heures dans les séries télé américaines), sans pour autant avoir recours à des rythmiques capables de dénuquer n'importe quel barbare nordique. Bref, tout en surprenant son monde Mameli réussit à imposer son style comme unique en son genre.

Alors mon avis perso, de fan de Pestilence? Forcément déçu, car beaucoup d'éléments que j’espérais sont présents dans ce "Collision", mais tout est tellement différent de ce à quoi je m’attendais ; j’en suis surpris à chaque écoute. Maintenant, après "Spheres", Mameli prend un malin plaisir à nous prendre une nouvelle fois à contre pied, tout en affirmant par cet album la justesse de ce retour. Et rien que pour ça, ça vaut le détour!


Rédigé par : BozKiller | 16/20 | Nb de lectures : 12611