15 ans, putain 15 ans! Il y a 15 ans “Focus” sortait, et une partie de l’auditoire Métal international se prenait cet osni dans les dents, et certains n’en sont toujours pas revenus, à juste titre. Il y a de quoi, tant ce groupe proposait une sorte de Death Metal à part, avant-gardiste pour le moins, avec des influences jazz prononcées. S’écouter “Focus“ aujourd’hui, bien sûr c’est se retrouver 15 ans en arrière, mais c’est surtout retrouver un album unique jamais égalé.

Alors 15 ans c’est très long, et il ne faut pas chercher à trouver dans “Traced In Air“ la suite immédiate à “Focus“. De même, le groupe ne cherche pas ici à refaire le coup “improbable“ du 2ème album culte - celui-ci ne le sera pas je pense -. En revanche, restera son incroyable et unique chemin mélodique, qui en ferra craquer plus d’un, maintenant, et à mon avis pour longtemps !
Si l’on retrouve CYNIC immédiatement, de par ces riffs spécifiques, et cette utilisation raffinée d’accord jazz du meilleur effet, on sent que les protagonistes de cette histoire ont grandi, changé, évolué, vers une sérénité qu’ils n’avaient peut-être pas à l’époque. Si « Focus » avait ses airs de disque de Death Metal floridien, “Traced In Air“ n’en n’a quasiment pas. Les vocaux Death sont quasiment passés aux oubliettes. Ils se rappellent à nous à quelques moments, généralement les chorus. En revanche Paul Masvidal assure le chant, et sa voix est toujours vocodée – marque de fabrique ou timidité maladive du bonhomme qui n’ose encore affronter sa propre voix claire, tant elle semble “gentille“ !
Impossible de ne pas parler de CYNIC sans mentionner la philosophie de vie orientée Zen de son géniteur. Car tout ici appelle au calme, malgré la force purement “metal“ de l’œuvre. Oui ! Ecouter cet album ne vous forcera pas à headbanguer, casser la gueule de votre voisin fan de rap, ou pire encore brûler des églises (désolé pour le vilain cliché ;)). C’est bien tout le contraire. On aurait presque envie de crier au monde entier que la vie est belle, mais mélancolique.

Alors pour rentrer plus dans le disque, sachez que son gros point noir, c’est sa durée !!! 15 ans d’attente pour 34 petites minutes qui passent trop vite. D’autant plus que l’on commence avec une intro, “Nunc Fluens“, qui même si elle fait une jonction habile avec “Focus“ en finissant sur un riff rappelant “How Could I“, et nous met dans une ambiance groovy à souhait, elle ne nous laisse que sept titres chantés. Ajoutez à cela que le dernier titre, “Nunc Stains“, plus soft que les autres, est quasi tout acoustique. Alors même si ce titre est magnifique, au final il ne nous reste que six titres purement CYNIC.
Mais ces six titres, c’est un bonheur immense ! Bonheur d’écouter une musique parfaitement composée, tout simplement belle. Bonheur de déchiffrer les lignes complexes et tarabiscotées composées par Paul et son nouveau comparse - Jason Gobel n’étant pas de la partie - l’excellent Tymon Kruidenier (EXIVIOUS), qui assure growls et guitares de manière impressionnante (quelle claque en live !). Bonheur de retrouver un Sean Reinert en top forme. Quel jeu de batterie, quelle majesté dans cette utilisation tout simplement parfaite et imparable! Il ajoute groove, punch, assise à l’ensemble, et c’est un vrai régal à vous donner envie de jouer de la sorte! Enfin, on retrouve sur l’enregistrement Sean Malone à la basse, même si en live c’est Robin Zielhorst qui assure (de très belle manière d’ailleurs) à ce poste. Je suis un peu déçu de la prestation de Malone, simplement car dans le mix on n’entend pas toutes les nuances de la basse pourtant bien présente et complexe à son tour.
Je parlais de six titres intenses. On en connaissait déjà quatre du fait de la démo que comme tout fan acharné je m’étais procuré. “Evolutionnary Sleeper“, “Integral Birth“ sont magnifiques ; “Adam’s Murmur“ est tout simplement grandiose, un des meilleurs titres de l’année, si pas le meilleur. Ce mélange des genres, cette force dans le refrain, et ce calme divin, c’est vraiment du grand Art ! On avait aussi pu découvrir “The Unknown Guest“. Me restait donc deux belles surprises avec “King of Those Who Know“, encore un titre complexe et alambiqué mélangeant toutes les caractéristiques du groupe, et qui sonne presque comme la fin de l’album, (on finit sur les accords d’ouverture de l’album). Enfin, “The Space for This“, le titre d’ouverture justement, qui suit l’intro, tout aussi imparable. Il n’y a aucune faute dans cet enchaînement, que du plaisir !

Pour justement répondre à la question posée dans ce titre, Oh oui ! qu’il y a de la place pour ceci ! Un univers entier de place vierge qui n’attend que vous le remplissiez ! Messieurs n’attendez pas quinze ans pour remplir le vide que ces 34 trop courtes minutes n’ont pas su combler entièrement ! Allez, vous me le jurez, hein ?


Rédigé par : BozKiller | 17/20 (parceque trop court!) | Nb de lectures : 17621