Redondant…
Cet adjectif peu reluisant donne une idée de la musique sludgienne des Lyonnais. Que ce soit au niveau du chant, de chaque instrument ou de l’ambiance générale, on a affaire à un hippopotame un peu pataud, sorti du ventre de sa mère il y a peu. Oui, un gros mammifère plein de bonnes intentions mais encore maladroit dans ses choix, dans sa manière de faire évoluer un titre, dans son inaptitude à atteindre son objectif, c’est-à-dire labourer le cervelet de celui qui se collera ce Cult of Occult entre les 2 oreilles. Leur sludge/doom rampant et fuzzy arbore des sonorités assez similaires d’un titre à l’autre, et pour le coup offre un rendu très (trop) homogène. Ces 5 titres issus du même moule ne se distinguent pas les uns des autres et offre un premier EP indigeste.

…et relativement inefficace…
La pochette, issue de la collection automne-hiver 2011, vue, revue et re-revue ces 2 dernières années, est géométrique, comme les productions black en vogue en délivrent ces derniers temps. Bêtement, c’est peu en phase avec la musique monogame, bourrue et simpliste de nos Français. La prod’ est propre mais plombée, cependant trop compressée où pas grand-chose ne ressort. Y a-t-il un bassiste ? Sûrement, dirons-nous. Cult of Occult aimerait être un champ de bataille, mais est à l’heure actuelle sans réelle bataille. Le tireur n’atteint pas sa cible, la faute à un riffing indolore, éculé et finalement quelconque. Du bateau, manquant de conviction et surtout déjà entendu chez bien d’autres formations sludge à tendance étouffante du même acabit. Rares sont les envolées et prises de risques, ce qui est dommage car celles existantes sont plutôt réussies. Malheureusement trop peu nombreuses pour percuter, elles laissent au premier plan des riffs soporifiques. La voix ne rehausse malheureusement pas le niveau, trop monocorde, trop peu de personnalité, trop polie. Le chanteur s’époumone comme il peut mais le manque de variation procure le même ressenti que pour la musique et renforce l’inefficacité de cette galette. Passez un coup de fil à d’autres Gones tels Celeste qui, même dans un registre diffèrent, ont tout compris à l’aspect pain-dans-la-gueule et noirceur.

…mais partant d’une bonne idée
Je trouve cette musique plus brune que noire. Je ne sais pas où je pourrais m’imaginer à l’écoute de cet EP de 40 minutes, mais pas défoncé en pleine rue insécurisée en banlieue de mégapole, comme de nombreuses sonorités sludge ou doom peuvent m’y amener. Tout n’est pas mauvais, cela serait injuste et erroné de ne voir que des mauvais côtés à leur première sortie. « Walking in the desert » passe relativement bien, et « I hate you », second titre, est intéressant, avec cette fausse danse mortuaire et cette gratte heavy qui s’autorise quelques petits écarts (...faussé malheureusement par ce finish insupportable). Et ce sont ces tentatives de développer d’autres idées qui sont intéressantes. Le marasme ambiant de ces 5 titres est épuisant et rébarbatif, mais les envolées de sa guitare soliste ou les changements de rythme sont réussis dans l’ensemble... lorsqu’il y en a. Peut-être que le groupe devrait s’investir sur ces points-là et apporter de la variation/variété car cela fait cruellement défaut, même pour le style pratiqué.


Vouloir assommer son auditeur est une bonne chose lorsque l’on joue ce type de Metal. Vouloir offrir un bloc monolithique oppressant reprenant les poncifs du genre est louable. Mais le manque d’impact et de variation rendent cette musique presque muette et l’objectif n’est pas atteint. Cette expérience mouline dans le vide et me fait penser à une Mustang qui n’aurait que 2 vitesses. Pour un EP aussi long, on aurait aimé un peu plus voyager. Nos amis lyonnais doivent se retrousser les manches pour trouver personnalité, efficacité et la lourdeur tant espérée.


Rédigé par : Bras cassé | 09.5/20 | Nb de lectures : 18047