CULT OF LUNA - Vertikal (Indie/Season Of Mist) - 29/04/2013 @ 08h21
Je ne vais pas perdre mon temps, et le vôtre, à présenter ou décrire CULT OF LUNA, tout le monde les connaît et tout le monde sait ce qu’ils font. Les Suédois auront pris leur temps et traversés quelques remous avant de donner un successeur au fameux « Eternal Kingdom ». Le successeur se nomme « Vertikal », est inspiré par le film « Metropolis » et est aussi glacial que la société dépeinte par le film de Fritz Lang. Ce disque est le plus glacial, le plus robotique, le moins humain enregistré par le groupe à ce jour. Lors de son écoute on s’imagine les membres mater en boucle les grandes œuvres de l’anticipation et de la S-F paranoïaque afin de s’imprégner de l’ambiance, des vibrations, de l’esprit du style. On pense beaucoup à Metropolis bien sûr mais aussi à THX138, à Farenheit 451, à Stalker et à l'indéboulonnable œuvre de George Orwell. CULT OF LUNA se fait plus martial que jamais, dans les sonorités, les rythmiques, le chant. Dès la premier morceau « The One », qui fait office d’intro, on est plongé dans un univers d’oppression, d’injustice, d’aseptisation. Pas une tête ne doit dépasser, pas un cheveu ne doit rester sur les crânes, pas un grain de sable ne doit venir enrayer la machine.
Le disque s’articule autour d’une longue pièce de près de 20 minutes appelée « Vicarious Redemption » qui sert de pilier au disque. Un morceau en forme de longue montée qui démarre par quatre minutes de sonorités ambiantes et froides avant de partir sur des bases post-rock mélancoliques couplées à des notes bruitistes, électroniques et ambiantes. On y trouve même une phase utilisant du « wooble » (vous savez ces gros « woob woob woob » utilisé à tort et à travers dans le monde du dubstep) et tout un tas de choses différentes mais toujours assemblées avec cohérence et vision même si tout n’est pas réussi, on comprend à chaque instant où le groupe veut aller. La grande nouveauté de ce disque est l’ajout d’éléments électroniques et de parties instrumentales évoquant de nombreux compositeur des années 80 comme Vangelis (période Blade Runner), Giorgio Moroder, Brad Friedel voire John Carpenter. Ce sont tous ces sons qui, couplés aux habituels gimmick postcore des Suédois, offre de la densité au disque. Sur le titre « The Sweep » notamment, dépourvu de tout instrument habituel ou « Synchronicity » qui sonne purement SF. Pendant ce temps-là « Vicarious Redemption » se termine dans un déluge de guitares lourdes typiques d’Umeå et nous en sommes déjà pratiquement à la moitié de l’album.
Même si chaque morceau peut se détacher de l’album et exister par lui-même, on l’a vu et entendu lors de la dernière grosse prestation parisienne du groupe en janvier dernier, « Vertikal » est un album concept qui s’écoute d’une traite et s’appréhende comme la grosse pièce musicale de plus d’une heure qu’il est. Le parcours, proposé par le groupe est essentiel à la compréhension et à l’adhésion au concept proposé. D’ailleurs, le groupe a adapté sa façon de jouer et de composer à « Vertikal ». Leur musique a été délestée des envolées de guitares aériennes faisant la base du post-rock et de toute arme « légères » au profit d’une musique beaucoup plus martiale et froide. Tout ce qui donnait un semblant d’humanité à la musique du groupe a été évacué sans ménagement pour renforcer la sensation d’oppression totalitaire qui émane de ce disque. La production est, elle aussi, glaciale, grise, dure comme l’acier, presque stalinienne. Très peu organique et beaucoup plus axée sur des sonorités électroniques, elle participe énormément à l’atmosphère pour ce disque vraiment à part dans la discographie des Suédois. Malgré tout ça on retrouve la patte CULT OF LUNA tout au long de l’album. Enfin comme pour compenser et renverser tout ça, la délivrance, le happy end de l’histoire est assuré par le titre « Passing Through » tout en finesse, en humanité porté par la voix claire, fluette de Fredrik. Une respiration, une fleur qui pousse au milieu du béton. On trouve aussi un morceau bonus pas indispensable qui vient briser un peu l’effet de « Passing Through ». On peut prendre ce morceau comme un générique de fin d’album avec son riffing un peu plus épique rappelant parfois le travail de John Murphy sur les films de Danny Boyle. Mais pour la cohérence générale de l’album, le vrai dernier morceau est « Passing Through ».
Maintenant ce disque ne plaira certainement pas à tout le monde, difficile de rentrer dans l’univers dépeint ici, d’adhérer au concept et à la musique qui va avec. Puis le disque n’est pas exempt de défauts. Une creux en début de deuxième partie d’album symbolisé par le titre « Disharmonia » qui se révèle plat et sans envergure comparé à « In Awe Of » par exemple. La production est très froide, peut-être trop même, mais ça va de paire avec le concept. La voix de Klas manque elle aussi. Johannes fait du bon boulot mais passe parfois un peu trop en puissance. « Vertikal » est un disque original, aventureux, différent de tout ce qu’ils ont pu faire par le passé, marqué par des influences électroniques martiales et presque krautrock. Une belle quenelle balancée à la face de tous ces jeunes groupes qui les pompent sans aucune vergogne. Mais continuez à pomper car CULT OF LUNA est déjà parti ailleurs. « Follow The Leader » qu’ils disaient…
Album de l'année, un paysage froid, émotionnellement touchant (comme toujours).
Madrigal Membre enregistré
Posté le: 29/04/2013 à 09h05 - (107172)
album absolument génial, leur meilleur. Neurosis essaye (je ne parle que du dernier album), Cult Of Luna domine...
Gloom IP:193.57.67.241 Invité
Posté le: 29/04/2013 à 09h44 - (107174)
moi il m'a pas bouleversé au point c't'album, bon mais pas monstrueux, Somewhere along the highway reste ma référence...
Moulinexxx Membre enregistré
Posté le: 29/04/2013 à 09h58 - (107175)
Excellent album, à écouter d'une traite en fermant les yeux le sons à fond.
Seldon Membre enregistré
Posté le: 29/04/2013 à 11h17 - (107176)
Clairement un des albums de l'année.
Grosse tuerie du début à la fin et pourtant je ne suis pas un gros amateur du genre, laissez une chance à ce disque vous ne le regretterez pas !
Vay IP:92.149.23.224 Invité
Posté le: 29/04/2013 à 12h47 - (107177)
En attendant mieux, si ça arrive, c'est la tuerie de l'année pour moi.
pask43 IP:212.99.25.2 Invité
Posté le: 29/04/2013 à 13h15 - (107178)
Effectivement putain d'album a classer pour ma part entre salvation and somewhere along ...
BigBen X Membre enregistré
Posté le: 29/04/2013 à 14h27 - (107179)
Une des tuerie de l'année pour moi aussi!
Bernard Membre enregistré
Posté le: 29/04/2013 à 14h44 - (107180)
Bof! La remarque sur Neurosis est tellement à côté de la plaque. Ca fait dix ans que leurs parcours divergent de plus en plus (et que les albums de Cult of Luna sont de moins en moins bons...).
AnusFraicheur Membre enregistré
Posté le: 29/04/2013 à 16h17 - (107182)
j'ai atteint les sommets de l'ennui avec ce disques. Et les passages au vocoder, au secours...
nightswan Membre enregistré
Posté le: 29/04/2013 à 20h06 - (107185)
Excellent disque pour ma part.
Ne détrône pas Somewhere along the Highway mais je le préfère à Eternal Kingdom.
Mention spéciale à I: The Weapon qui avait fait office d'amuse bouche bien appétissant et au sublime In awe of qui fout bien la chair de poule.
Slumber IP:2.14.251.56 Invité
Posté le: 29/04/2013 à 22h18 - (107188)
Moins bon que somewhere et que eternal. C'est quand même un disque osé par les temps qui courent avec tout ces disques sans âmes.
Sagal Membre enregistré
Posté le: 30/04/2013 à 19h44 - (107201)
Wow... Je n'avais entendu que "Passing through" avec sa vidéo bien angoissante et, de lire que c'est le happy end de l'album, m'a rendu curieux. Du coup je suis en train d'écouter le reste et... Bah... Je crois que ça va se finir en achat un jour prochain.
Par contre, d'écouter ça par une soirée froide, grise et pluvieuse comme ce soir, ça fout vraiment un coup au moral ! :-(
pound Membre enregistré
Posté le: 01/05/2013 à 19h08 - (107204)
"évoquant Vangelis... et Carpenter", c'est formulé avec tact, parce qu'on est souvent à la limite du plagiat (à ceci près qu'un Voyager, ça sonnera jamais comme un prophet 5 et encore moins comme un CS80 - LOL, nice try).
A cette réserve près, l'album n'est pas mal du tout. Une bonne surprise.
ankhou Membre enregistré
Posté le: 02/05/2013 à 20h33 - (107216)
Vu en concert... Putain ça dépote.
Un des meilleurs concerts auquel j'ai pu assister.
AegoroN Membre enregistré
Posté le: 05/05/2013 à 21h41 - (107245)
Quatre ans et demi depuis le précédent album ; ça sentait le sapin, et ça n'a pas raté : l'inspiration est tarie.
"Eternal Kingdom" présentait déjà de gros temps morts (et je ne parle même pas des interludes), mais les monstres "Owlwood", "Ghost Trail" et "Curse" lui permettaient de se tenir fièrement dans la discographie des Suédois.
Ici, il n'y a plus rien. Plus rien du tout. Recyclage indigne des gimmicks d'anciens albums qui, pour le coup, deviennent insupportablement redondants (les gimmicks) ; aucune puissance, aucune densité, conviction zéro, ambiance absente.
CoL est pourtant l'un de mes groupes de chevet, mais cet album est une catastrophe, LA tâche indélébile dans leur oeuvre. En me repassant régulièrement toute la discographie du groupe, dans l'ordre chronologique, je m'émerveille sur chaque album de l'inventivité, la cohérence et la justesse dont il déborde, et/ou des morceaux de bravoure qu'il contient (je suis resté très réceptif au changement de direction amorcé après "The Beyond"), mais lorsque j'en arrive à cette dernière livraison, rien à faire, j'entends un pet foireux.
"Vertikal" est à CoL ce que "Night Is The New Day" est à KATATONIA : le glas.
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Le disque s’articule autour d’une longue pièce de près de 20 minutes appelée « Vicarious Redemption » qui sert de pilier au disque. Un morceau en forme de longue montée qui démarre par quatre minutes de sonorités ambiantes et froides avant de partir sur des bases post-rock mélancoliques couplées à des notes bruitistes, électroniques et ambiantes. On y trouve même une phase utilisant du « wooble » (vous savez ces gros « woob woob woob » utilisé à tort et à travers dans le monde du dubstep) et tout un tas de choses différentes mais toujours assemblées avec cohérence et vision même si tout n’est pas réussi, on comprend à chaque instant où le groupe veut aller. La grande nouveauté de ce disque est l’ajout d’éléments électroniques et de parties instrumentales évoquant de nombreux compositeur des années 80 comme Vangelis (période Blade Runner), Giorgio Moroder, Brad Friedel voire John Carpenter. Ce sont tous ces sons qui, couplés aux habituels gimmick postcore des Suédois, offre de la densité au disque. Sur le titre « The Sweep » notamment, dépourvu de tout instrument habituel ou « Synchronicity » qui sonne purement SF. Pendant ce temps-là « Vicarious Redemption » se termine dans un déluge de guitares lourdes typiques d’Umeå et nous en sommes déjà pratiquement à la moitié de l’album.
Même si chaque morceau peut se détacher de l’album et exister par lui-même, on l’a vu et entendu lors de la dernière grosse prestation parisienne du groupe en janvier dernier, « Vertikal » est un album concept qui s’écoute d’une traite et s’appréhende comme la grosse pièce musicale de plus d’une heure qu’il est. Le parcours, proposé par le groupe est essentiel à la compréhension et à l’adhésion au concept proposé. D’ailleurs, le groupe a adapté sa façon de jouer et de composer à « Vertikal ». Leur musique a été délestée des envolées de guitares aériennes faisant la base du post-rock et de toute arme « légères » au profit d’une musique beaucoup plus martiale et froide. Tout ce qui donnait un semblant d’humanité à la musique du groupe a été évacué sans ménagement pour renforcer la sensation d’oppression totalitaire qui émane de ce disque. La production est, elle aussi, glaciale, grise, dure comme l’acier, presque stalinienne. Très peu organique et beaucoup plus axée sur des sonorités électroniques, elle participe énormément à l’atmosphère pour ce disque vraiment à part dans la discographie des Suédois. Malgré tout ça on retrouve la patte CULT OF LUNA tout au long de l’album. Enfin comme pour compenser et renverser tout ça, la délivrance, le happy end de l’histoire est assuré par le titre « Passing Through » tout en finesse, en humanité porté par la voix claire, fluette de Fredrik. Une respiration, une fleur qui pousse au milieu du béton. On trouve aussi un morceau bonus pas indispensable qui vient briser un peu l’effet de « Passing Through ». On peut prendre ce morceau comme un générique de fin d’album avec son riffing un peu plus épique rappelant parfois le travail de John Murphy sur les films de Danny Boyle. Mais pour la cohérence générale de l’album, le vrai dernier morceau est « Passing Through ».
Maintenant ce disque ne plaira certainement pas à tout le monde, difficile de rentrer dans l’univers dépeint ici, d’adhérer au concept et à la musique qui va avec. Puis le disque n’est pas exempt de défauts. Une creux en début de deuxième partie d’album symbolisé par le titre « Disharmonia » qui se révèle plat et sans envergure comparé à « In Awe Of » par exemple. La production est très froide, peut-être trop même, mais ça va de paire avec le concept. La voix de Klas manque elle aussi. Johannes fait du bon boulot mais passe parfois un peu trop en puissance. « Vertikal » est un disque original, aventureux, différent de tout ce qu’ils ont pu faire par le passé, marqué par des influences électroniques martiales et presque krautrock. Une belle quenelle balancée à la face de tous ces jeunes groupes qui les pompent sans aucune vergogne. Mais continuez à pomper car CULT OF LUNA est déjà parti ailleurs. « Follow The Leader » qu’ils disaient…
Rédigé par : Seb On Fire | 16/20 | Nb de lectures : 14985