Ca fait un bail que j’ai reçu ce promo, et pourtant je n’ai pas osé faire la kro tout de suite. Trop peur de ne faire qu’effleurer ce chef-d’œuvre, de n’en pas saisir toute l’essence. Et même après un sacré paquet d’écoutes, je pense être encore loin du compte. La question qui se posait était la suivante : comment faire une suite qui puisse égaler voire dépasser l’énorme « The Beyond » ? Hé bien en ne se contentant pas de faire un « The Beyond » bis mais en empruntant de nouvelles voies de traverses, et notamment en explorant le post rock de Sigur Ros, Godspeed You! Black Emperor ou encore Mogwai.
Même si la version que j’ai est un rough mix (pas finalisé), je pense pouvoir dire sans me tromper que le son est bien différent de celui des 2 précédentes réalisations du groupe. Plus aéré, moins compressé, moins distordu, il respire beaucoup plus qu’avant et cela est parfaitement en adéquation avec les ambiances ici proposées.
L’album s’ouvre avec le morceau « Echoes » en une lente mise en tension qui n’éclate que près de 5 mns plus tard et il faut attendre plus de 6 mns avant que la voix ne vienne se placer. Et ça défini bien l’album : la musique prend le temps de poser des fondements, le riff est exploité à fond, répété encore et encore pour qu’il s’imprime profondément en nous, ce qui donne au final de longs morceaux qui alternent tension et relaxation, respectivement avec de gros riffs saturés ou des plages purement atmosphériques / mélodiques. Pris dans sa globalité, on constate que les passages atmosphériques sont plus nombreux que les passages colériques, mais paradoxalement je trouve « Salvation » plus sombre que le reste de la discographie des suédois, alors que la beauté et le calme apparent de « Echoes », « Leave me Here » ou encore « Waiting for you » semblent d’un premier abord apaisants. L’utilisation de machines, plus ou moins discrètes, permet de garder toujours un côté froid et non humain, en opposition au jeu très organique de la batterie, qui sonne vraiment vivante. Cette opposition traduit le tiraillement entre deux points de vues, une dualité dont ne se déparera jamais « Salvation » : l’homme / la machine, le Salut / la perte, la colère / la tristesse…
Les titres de l’album correspondant à un schéma fait d’alternance entre colère et calme, deux opposés gardés en relation par des mises en tension progressives ou abruptes, ça interdit une structure simple des morceaux. Nous sommes très loin du schéma couplet/refrain et de nombreuses écoutes (au casque de préférence) seront nécessaires pour comprendre où les suédois veulent nous emmener. D’autant que le chant se fait presque rare, les plages instrumentales prenant beaucoup de place sur l’album. Ce qui me fait penser qu’ils ont utilisé la voix comme un instrument à part entière, car la voix très égale de Klas (typée HxC) pourrait être assimilée à un instrument propre. Le percussionniste pose quelques voix claires ( « Leave me Here ») pour étoffer encore la palette des émotions traitées par le combo. Le son général est excellent, très clair, notamment dû à une utilisation plus parcimonieuse de la disto pour les guitares. La prise de son de la batterie est un modèle du genre et les machines n’interfèrent pas sur les autres instruments dans le mix général.
« Salvation » permet à COL de passer sans encombres le cap du troisième album, étape décisive dans la vie d’un groupe s’il en est. Je dirais même qu’il va plus loin puisqu’il ouvre de nouvelles perspectives, un terrain à défricher pour les futures offrandes des suédois. Avec cet album d'une richesse insondable, le septet s’impose comme l’un des très grands groupes actuels de post HxC/post Rock. Un coup de maitre, je vous dis !



Rédigé par : Ocean? | 17.5/20 | Nb de lectures : 12196