Vous en rêviez ? Earache l'a fait ! La réédition du premier LP de Cult of Luna – initialement sorti en 2000 sur le label anglais Rage of Achille – est une excellente nouvelle pour ceux qui, ayant découvert ce groupe avec « The Beyond », peinaient à se le procurer. Pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas encore Cult of Luna je vais tenter une approche descriptive mais cela me semble plutôt futile tant la musique de ce combo suédois se ressent aussi bien physiquement que psychiquement... Demandez à Uriel il ne s'en est toujours pas remis le pauvre (cf. la chronique de « The Beyond » parue il y a quelques mois sur VS).
Commençons par la forte identité sonore de Cult of Luna car s'il ne devait y avoir qu'une seule chose qui rende ce groupe si singulier ce serait bien la prod. Imaginez un son rugueux, rêche, formidablement massif et d'une densité telle qu'il semble palpable ! Une ossature habillée de riffs très lents, abrasifs, longs, lancinants et d'une lourdeur rivalisant sans complexe avec les productions doom mais avec une sorte de côté impitoyable et inéluctable en sus. Ajoutez une basse grasse à souhait et une batterie sobre mais néanmoins oppressante. Enfin saupoudrez le tout d'un chant constamment hurlé, désespéré et torturé, parsemez de nappes bien mélancoliques de violoncelle et vous aurez, je l'espère, une idée de ce que peut donner ce fabuleux « Cult of Luna ».
La première écoute de l'album peut laisser perplexe et il n'est pas facile de rentrer directement dedans tant la musique que distille ces suédois est sans concession : un hard core suédois lent et torturé où les riffs sont longs, répétitifs et ne figurent qu'au nombre de trois ou quatre par morceau, ces même morceaux durent entre huit et quatorze minutes tout en s’enchaînant les uns les autres sans interruption. Ajoutez à cela la durée de l’album – un peu plus de soixante minutes – et je vous laisse imaginer la densité et l’imperméabilité de ce disque. Autant vous dire que si vous n'êtes pas familiarisés avec des groupes comme Neurosis, Isis ou encore Unfold vous risquez de mettre un certain temps avant de plonger véritablement dans l'univers de Cult of Luna. Mais au fil des écoutes les nuances se précisent, de magnifiques passages atmosphériques se dessinent et ce qui, au départ, ressemblait à un immense édifice gris, lisse et impénétrable va petit à petit prendre du relief, se structurer et finalement vous happer littéralement pour vous plonger dans une humeur dont la noirceur n'aura d'égale que son désespoir... Bon j'arrête là pour les métaphores je ne suis pas très doué dans ce domaine. Sachez simplement que Cult of Luna nous délivre ici un opus extrêmement sombre, compact, rageur et dépressif qui peut sembler de prime abord pénible à l'écoute en glissant sur l'attention mais qui finit par s'accrocher au fur et à mesure des écoutes pour nous rendre au final complètement accro ! De l’oppressant « The Revelation Embodied » à l’aérien et fataliste « Sleep » ( morceau que j’apprécie le plus ) en passant par le groovy « Hollow » et son ellipse mélancolico-dépressive où violoncelle et guitares fusionnent en une plainte magistrale, chaque morceau explore à merveille un éventail d’émotion dont on ne sort jamais indemne…
Enfin il est bon de se rappeler que cette version n'est qu'une réédition et d'imaginer que ce groupe il y a trois ans déjà avait posé les bases d'une mouvance de plus en plus riche. Cult of Luna figure désormais au rang des groupes à surveiller de près !


Rédigé par : [eMp] | 16/20 | Nb de lectures : 9012