Un bon petit album de heavy metal traditionnel sans prétention, voilà ce qu’est "Chained", sixième album du pourtant méconnu groupe suédois, Crystal Eyes. Schémas de chansons vus et revus, voix typique du style (mais pas désagréable pour autant), refrains clichés, le combo affirme lui-même que son objectif est de faire perdurer l’héritage des grands noms de la scène des 80's. Bref, pour l’originalité, on repassera, pour la nouveauté aussi. Mais à l’écoute de ces neufs chansons forgées dans l’acier le plus pur, on se dit finalement que le résultat est plutôt plaisant.

A défaut d’un album majeur, les nouveaux poulains du label allemand Metal Heaven nous ont concocté quelque petit brûlots heavy et furieusement rétros qui rappelleront sans nul doute Iron Maiden (l’influence la plus perceptible dans la musique du groupe), Priest, Helloween ou Blind Guardian : « The Fire Of Hades », « Waves Of War », « Fighting » ou encore « Shadow Rider ». Très complémentaires, les deux guitaristes n’ont de leçons de metal à recevoir de personne. Leurs duels de guitare enflammés et mélodiques évoquent sans peine les grands moments d’Accept ou de Maiden. Le vocaliste, Nico Adamsen, avec un organe qui peut rappeler celui d’Hansi Kursch (Blind Guardian), évite quant à lui de tomber dans le piège des voix suraiguës, dont bon nombre de chanteurs du genre ont du mal à se sortir. Il se distingue particulièrement sur la dernière piste, la ballade acoustique « Guardian », qui malgré des paroles dignes de Manowar, s’avère un beau moment d’émotion. Notons de plus que le mixage, réalisé par Fredrik Nordström au Studio Fredman, colle parfaitement à l’ambiance du disque.

D’une efficacité et d’une sincérité incontestables, "Chained" est un album que l’on écoute en se remémorant affectueusement ses premiers amours heavy métalliques. Toutefois, les nombreux « emprunts » aux groupes précités sont parfois trop flagrants pour s’intéresser en profondeur à ce groupe doté d’un bon potentiel mais manquant cruellement d’originalité. Crystal Eyes a donc enregistré un disque ambivalent, qui risque de partager l’auditeur entre le plaisir immédiat d’une musique familière et le manque de personnalité d’un tel projet, qui révèle d’ailleurs ses limites au bout de quelques écoutes.

Si vous en avez marre de patienter pour un nouvel album de Maiden, que Judas Priest et Manowar vous ont déçus avec leurs dernières livraisons, et qu’Helloween n’existe plus pour vous depuis le départ de Kai Hansen, cette galette pourrait constituer un lot de consolation sympathique. N’en attendez rien de plus cependant.


Rédigé par : up the irons | 12/20 | Nb de lectures : 10195